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Le besoin d'une nouvelle «sacralité»
Perspectives de l'école post-révolutionnaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 07 - 2011

• Selon la directrice du département d'évaluation au Cnipre, 50% des collégiens n'ont pas acquis les compétences minimales requises dans les modules de base, à savoir la langue arabe, la langue française, ainsi que les mathématiques
Les écoliers, collégiens et lycéens, marquent actuellement une pause bien méritée, après une année scolaire placée sous le signe du tumulte et des turbulences. Une pause qui permettrait, espérons-le, aux responsables chargés du système éducatif, ainsi qu'aux enseignants et aux pédagogues, de repenser les approches en matière d'éducation afin de corriger une bonne fois pour toutes des lacunes qui ont, des années durant, fait baisser le niveau de la classe estudiantine et altéré l'image et la mission de l'école.
Il faut dire que le droit à l'éducation, aussi évident qu'il soit, n'a pas été perçu ni respecté en bonne et du forme. Une fois le seuil de l'école franchi, le jeune Tunisien, âgé d'à peine six ans, entre dans une phase nouvelle où il est en devoir d'apprendre, outre l'alphabet et la construction des phrases, les abc de la vie en communauté. C'est dans cette institution éducative et au beau milieu d'un échantillon sociétal géré par des adultes plus ou moins imprégnés de sacralité, représentant le pouvoir et chargés de la noble mission de guider les enfants sur le chemin du savoir et du savoir-vivre, c'est là donc que l'on démarre son parcours initiatique de citoyenneté.
Or, et au grand dam des éducateurs et des pédagogues, ces deux missions — celle de l'apprentissage et celle de l'éducation — ont été faussées sous l'ancien régime, réduisant l'école à un établissement où la passivité de certains instituteurs et enseignants, la nonchalance de certains directeurs et l'esprit désenchanté des élèves sont la règle.
La dégradation qualitative du système éducatif n'est plus, depuis le 14 janvier, un sujet tabou qui pourrait déplaire à tel ministre. Lors d'un colloque international tenu récemment sur la transition démocratique et les stratégies éducatives, Mme Chédia Belaïd Mhirsi, directrice du département d'évaluation au Centre national d'innovation pédagogique et de recherche en éducation (Cnipre) a indiqué que 50% des collégiens n'ont pas acquis les compétences minimales requises dans les modules de base, à savoir la langue arabe, la langue française et les mathématiques. Cet indicateur s'avère fort révélateur du manque de performance des établissements de l'enseignement de base, où les bases même de l'apprentissage ne sont pas garanties. Le passage automatique d'une classe à une autre a été envisagé comme étant une solution pour éviter l'échec scolaire. En réalité, elle n'a fait qu'aggraver la situation en camouflant les défaillances du système et en mettant sur un pied d'égalité les bons élèves et les cancres. Mme Belaïd Mhirsi ne manque pas d'attirer l'attention sur le nombre élevé des élèves en difficulté d'apprentissage. Pis encore: la directrice du département d'évaluation au Cnipre montre du doigt la difficulté qu'endurent les élèves de la 7e année de l'enseignement de base à lire et à comprendre ce qu'ils lisent ; une réalité qui appelle à repenser la stratégie et la pédagogie d'un système fondamental qu'est l'éducation.
Par ailleurs, la démission purement éducative des instituteurs, due d'une part à la banalisation du statut du maître et l'effritement de la « sacralité » de son autorité et à l'aspect « bourrage de crâne » d'un programme trop long et trop chargé pour être terminé à temps et, surtout, pour être compris, cela, prive finalement, l'écolier du droit à l'Education avec un grand «E»... Une démission doublement néfaste pour une génération qui a déjà du mal à être encadrée et orientée, tant moralement que sur le plan affectif par des parents au travail, trop pris par le rythme quotidien pour être des éducateurs présents et performants. Aussi, la mission culturelle, sociétale et psycho-affective de l'instituteur se trouve-t-elle neutralisée. Les conséquences d'une telle défaillance sont plus que palpables : la violence dans les établissements scolaires est devenue un phénomène de société. D'autant plus que la déviance morale des adolescents en dit long sur une école qui ressemble plus à une garderie qu'à un établissement éducatif.
Les parents n'ont, évidemment, pas tardé à constater cette défaillance. Ceux qui ont les moyens et ceux dont le revenu est moyen recourent aux écoles privées, sollicitant pour leurs progénitures une éducation en principe plus performante. Certains vont même jusqu'à s'endetter afin que leurs enfants puissent s'inscrire dans le privé et acquérir les bases requises.
Milieu rural : pour des écoles dignes de leur nom
Dans les régions de l'intérieur, et surtout dans le milieu rural, le droit à l'éducation s'avère souvent être un luxe. L'accès à l'établissement scolaire nécessite, généralement, de parcourir certains kilomètres à pied, sur des pistes impraticables. L'infrastructure est souvent rudimentaire, sans compter les interminables absences des instituteurs. L'initiation à l'informatique et au monde numérique ne figure, souvent, que dans les rapports mensongers de l'ancien régime.
Aujourd'hui, il n'est plus permis à l'école de continuer ce parcours régressif. L'école tunisienne post-révolutionnaire doit faire peau neuve. La réforme du système éducatif s'impose en urgence pour rompre définitivement avec une stratégie qui fait prévaloir le quantitatif sur le qualitatif, qui voue les jeunes générations à un apprentissage formel et les prive du droit à un enseignement de qualité, susceptible de bien les armer pour l'avenir.
Le problème de l'échec scolaire ne peut être résolu à travers le camouflage du faible niveau des élèves, mais plutôt par la mise en place d'une stratégie réformiste : «une approche globale où la dimension cognitive rejoint la dimension culturelle dans toutes ses expressions», selon M. Majid Chaâbane, directeur de la vie scolaire au ministère de l'Education.
La réhabilitation de l'image de l'école, de son rôle social et moral, passe inéluctablement par la réhabilitation de l'instituteur et de son statut sacré. Ce dernier a besoin d'un terrain favorable à son implication effective dans l'éducation sociale des élèves et d'un espace temporel résolvant l'équation programme scolaire/orientation morale et culturelle. Il s'agit d'une véritable formation culturelle, citoyenne et démocratique, dont ont besoin les jeunes générations et les générations futures. La réforme doit également prendre en considération les besoins des écoliers et des lycéens dans les régions défavorisées en une école où l'enseignement est pris au sérieux et où l'établissement soit digne de son nom.


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