C'était pas la joie du côté de la ville de Sousse et de la plupart des villes et des villages du grand Sahel après la seconde désillusion de l'Etoile en finale de la coupe de Tunisie face à son éternel rival espérantiste.Partout où vous passez, les signes de la déception, de l'amertume et de la grogne sont perceptibles. Dans les cafés, les discussions battent leur plein.On ne cesse d'épiloguer sur les différentes péripéties de cette finale, sur l'expulsion de Santos Silva jugée comme étant le tournant de la partie et sur la prestation de l'homme en noir considérée comme non exempte de reproche.Pour mieux faire la part des choses, on est allé sonder les avis d'anciens joueurs étoilés représentant différentes générations sur les raisons qui ont conduit l'équipe sahélienne à passer encore une fois à côté du sujet et à laisser échapper un titre dans la dernière ligne droite. Découvrons ensemble ce que ces ex-Etoilés ont avancé sur tous les ingrédients de cette apothéose de la saison. Amri Melki (joueur des années 70) : "Santos a chambardé tous les plans" " Je n'arrive pas encore à réaliser comment l'Etoile gâche stupidement l'opportunité de récolter au moins un titre avec un effectif pareil.C'est inconcevable ! Sur le papier, nous disposons de la meilleure équipe du pays avec un amalgame de jeunes joueurs et de cadres très expérimentés. Pour en revenir à cette finale, disons que, techniquement, ce fut un match très moyen. De part et d'autre, on a évolué la peur au ventre.Le scénario dramatique pour l'Etoile a été à mon avis la sortie prématurée de Santos Silva.Le coach Mondher Kebaier aurait prévu toutes les séquences sauf celle-ci.Je ne peux pas reprocher aux joueurs beaucoup de choses.Jouer en infériorité numérique pendant une heure et 15 minutes face à l'Espérance dans son fief est très difficile à négocier.Une autre équipe à la place de l'Etoile aurait été balayée en long et en large.Nos joueurs ont tenu bon, ont tout essayé mais c'était peu pour inquiéter un adversaire aussi affûté.Peut-être qu'il aurait fallu opérer des changements plus tôt. A mon avis, un joueur qui entre pour 20 minutes de jeu ne peut rien faire. Physiquement, ce temps là lui servirait pour s'échauffer et pour entrer dans le bain.Bon, le mal est fait! La finale a été stupidement perdue.Lorgnons vers l'avenir. Nous avons les moyens pour repartir." Raouf Ben Amor (joueur des années 60 et du début de 1970): "L'Etoile a vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué " "Je pense que le facteur qui a lourdement handicapé l'Etoile au cours de cette finale était la préparation psychologique défaillante.Dans leur esprit, les joueurs étoilés sont partis avec un excès de confiance.Ils se considéraient supérieurs à leurs adversaires du jour et disposaient de meilleures individualités.Or, un match se gagne sur le rectangle vert et non sur le papier.Ensuite, il faut, reconnaître que certains joueurs expérimentés à l'instar de Santos Silva, qui avait commis une faute d'un débutant et de Adel Chédli, qui était dans un jour sans, ont poignardé l'Etoile dans le dos.Pour ce qui est du coaching, je trouve que le remplacement poste par poste était inapproprié.Il fallait faire sortir un défenseur et ajouter un autre attaquant surtout que la défense espérantiste était prenable et perméable.La preuve, Ahmed Akaichi, quoique esseulé, a réussi à la déborder à maintes reprises.Ses chevauchées solitaires n'ont pas trouvé de joueurs en soutien.L.Chéhoudi, pas au point physiquement, était toujours en retard par rapport au ballon.Danilo Bueno, marqué de très près, était plus préoccupé par des tâches de récupération défensive que d'animation offensive.Avec un seul attaquant en pointe, l'Etoile pourrait jouer toute la nuit sans parvenir à marquer." Moncef Gnaba (joueur des années 60 et du début de 1970) : "Un arbitrage louche‑!" "A mon humble avis et sans chercher de bouc émissaire ni se présenter dans la peau de l'éternelle victime, je pense que l'arbitre, M. Saïd Kordi, a relativement gâché cette fête.Je ne lui reproche pas d'avoir expulsé Santos Silva. C'était une faute anti-sportive et fort condamnable.Ce joueur professionnel mûr est censé donner le bon exemple.Il avait lésé ses partenaires en les laissant en infériorité numérique pendant 75 minutes en une finale de la coupe et de surcroît face à une équipe de la trempe de l'Espérance.Je reviens à l'homme en noir pour dire qu'il aurait dû siffler un penalty en faveur de l'Etoile sur l'action litigieuse de K.Korbi sur L.Chéhoudi et brandir le second carton jaune pour W.Hichiri qui a volontairement dévié la trajectoire du ballon de la main.Je ne sais pas si cet arbitre aura la conscience tranquille en revoyant les images de ce match. Je passe maintenant à l'Etoile pour dire que certains joueurs et en particulier le latéral droit, Hamza Jebnoun, ont failli, à leur mission défensive en matière de couverture. Jabnoun assume une grande responsabilité sur le but encaissé.Le seul reproche que je puisse faire à Mondher Kebaier est qu'il aurait dû remplacer tout juste à la mi-temps L.Chéhoudi.Apparemment, ce joueur n'était pas à 100 % de ses moyens sur le plan physique. Hassen Mehri ( période de 1963 à 1967 ) : "Où était passée l'autorité de l'arbitre en seconde mi-temps ? " " Pour une fois, on s'est félicité d'assister à une finale 100 % tunisienne.Malheureusement, j'estime que la prestation du corps arbitral a été mi-figue mi-raisin.Autant il était autoritaire et équitable en première mi-temps, autant il était trop permissif et calculateur en seconde période.Personne ne peut contester le carton rouge brandi contre Santos Silva.C'était un acte fort blâmable de la part d'un joueur expérimenté, habituellement plus calme sur le terrain.Comme un bleu, il est tombé dans le piège de la provocation.Mais ce qui est regrettable, c'est que cet arbitre a fermé (de bonne ou de mauvaise foi, c'est difficile à déterminer) les yeux sur des fautes flagrantes.La main de Walid Hichri aurait dû mériter un second carton jaune. Bon, c'est une question d'appréciation. Pour ce qui est de la gestion du coach Mondher Kebaier, je pense qu'il avait privilégié la prudence au risque de jouer le tout pour le tout et de sacrifier un défenseur ou un joueur de la ligne médiane pour faire entrer un attaquant de plus.Il craignait sûrement de prendre un second but et les carottes auraient été cuites s'il avait pris cette option. A sa place, j'aurais fait la même chose et j'aurais patienté dans l'espoir d'une égalisation."