• «Le chauffeur n'est pas toujours responsable des accidents qui surviennent et pourtant, il est inculpé à tous les coups», soulignent les conducteurs • Libération du conducteur arrêté pour avoir percuté un piéton Après avoir porté, pendant trois jours, le brassard rouge en signe de contestation, les conducteurs de métro sont entrés dans une grève ouverte pour obtenir la libération de leur collègue qui a percuté récemment, au niveau de la rue de Lyon, un passant traversant la voie du métro . Selon eux, ce dernier ne serait pas fautif dans la mesure où c'est le passant qui se serait engagé sur la voie sans prendre les précautions nécessaires. Selon les conducteurs l'inadéquation du code qui régit la circulation des métros (code de la route), le vieillissement des rames qui n'ont pas été renouvelées alors que leur durée d'exploitation a expiré et qu'elles auraient dû être changées par de nouvelles rames il y a huit ans, le piteux état des voies endommagées et déformées par la chaleur à certains endroits — ce qui peut provoquer à tout moment un déraillement des rames — seraient en grande partie responsables des accidents qui sont survenus ces derniers temps. «Il y a quelque chose d'aberrant. Nous tombons sous le coup du code de la route sous prétexte que les métros sont régis depuis 2007 par la Transtu, alors que c'est le code du transport ferroviaire qui doit servir de référence pour la conduite des métros», souligne Zouhair, conducteur de métro, travaillant depuis six ans au sein de la société. Des chauffeurs en colère ont passé la nuit dans l'une des stations de la ville pour exprimer leur mécontentement, exigeant la libération de leur collègue. Selon Nizar, un autre conducteur de métro, le vieillissement des rames constituerait un risque pour les conducteurs ainsi que les usagers du métro dans la mesure où certains systèmes comme celui du freinage accusent des défaillances. «Certaines rames sont vieilles de plus de vingt ans. Il faut comprendre que le métro a une durée de vie au-delà de laquelle il doit être changé. Nous conducteurs, nous nous chargeons de la maintenance et de la sécurité dans les rames. S'agissant du freinage, il existe un problème. Le système de freinage est lent. Lorsque le conducteur appuie sur le patin du frein , le métro met du temps à s'immobiliser. Il s'agit d'une défaillance présente dans les rames actuelles et qui peut poser un problème pour la sécurité des occupants du métro». «Nous considérons qu'il est aberrant de tomber sous le coup du code de la route car nous ne conduisons pas dans les mêmes conditions que les automobilistes et les chauffeurs de bus. Le métro n'est pas doté d'un volant qui permettrait à son conducteur d'éviter un piéton qui traverse la voie, souligne un autre conducteur de métro. Par ailleurs, les rétroviseurs s'ouvrent et se referment dès que la rame s'engage sur la voie. Ce qui ne permet pas au conducteur de voir ce qui se passe par derrière. Or il y a des usagers qui montent entre les rames, qui montent par derrière au niveau du coupleur ou qui s'accrochent aux portes et qui tombent ensuite sur la voie. Le chauffeur ne peut pas voir tout cela. C'est comme cela que surviennent la plupart des accidents. Dans tous les cas, le chauffeur est inculpé et il doit payer une amende alors qu'il n'est pas responsable. La loi doit absolument changer». Il ne s'agirait pas des seules doléances des conducteurs de métro. Ces derniers se plaignent également du manque d'entretien dont souffrent les voies qui sont déformées par endroits. «Les voies finissent par se déformer sous l'effet de la chaleur, explique un autre conducteur de métro. C'est le cas de la voie qui relie Mefteh-Saâdallah à la Cité Romana. Cette déformation peut provoquer un déraillement du métro». Dans un communiqué publié, hier la société de métro de Tunis (Transtu), annonce que des bus seront mis à la disposition des usagers afin de garantir le transport sur les voies parallèles au réseau ferroviaire du métro de Tunis et de la ligne TGM. «Nous avons œuvré à résoudre avec le syndicat les points de discorde, mais la revendication relative à la libération d'un chauffeur du métro léger arrêté après un accident ayant causé la mort d'un piéton ne peut pas être examinée», précise le communiqué. Et d'ajouter que dans des cas pareils, la société assure à ses agents tout l'encadrement nécessaire en désignant un avocat chargé de présenter une demande de libération conformé ment aux dispositions en vigueur. Reprise du trafic à 16h30 Le trafic a repris sur les lignes du métro de Tunis et du TGM (Tunis - la Goulette-la Marsa) à partir de 16h30, et ce, après un arrêt suite à une grève observée par les conducteurs des métros, annonce la Société des Transports de Tunis (Transtu) dans un communiqué publié hier. Les conducteurs de métro étaient entrés en grève, hier matin, pour revendiquer la libération d'un de leurs collègues arrêté le 21 juillet après un accident ayant causé la mort d'un piéton. Dans une déclaration à la TAP, M. Mohamed Chamli, Directeur de la communication et des relations extérieures par intérim à Transtu, a indiqué que les agents de la société ont repris leur travail d'une manière spontanée après la libération conditionnelle de leur collègue.