Chaque fois que nous nous lançons dans la rédaction d'un article sportif, nous nous faisons rattraper par la politique. Et pas seulement, puisque le social, l'économique et bien d'autres choses viennent nous rappeler que le sport n'est pas un phénomène isolé et qu'il a été «contaminé» au même titre que tous les secteurs de la vie en Tunisie. C'est dire que le contentieux est lourd, très lourd et qu'on ne peut l'effacer d'un revers de la main, quand bien même on le voudrait. D'ailleurs, on n'est pas sûr qu'on le veuille vraiment car, pour passer d'une étape à une autre, il y a un devoir d'histoire. Le devoir d'histoire, c'est celui de la vérité car il ne suffit pas d' organiser des assemblées générales extraordinaires, suivies d'électives, il faut aussi dresser un véritable état des lieux tant sur le plan sportif que financier. Concernant le premier point, il est évident que les anciennes pratiques doivent faire partie d'un passé à enterrer à jamais. Au niveau des jeunes, au niveau des recrutements, au niveau de l'encadrement, au niveau des choix des entraîneurs, au niveau de la mise en place d'une véritable direction technique susceptible d'inscrire le club dans la durée, etc. Or, le vide objectif créé par la révolution, la date-butoir du 15 septembre, le peu d'empressement des uns à passer le témoin et les manœuvres des autres pour «pourrir» la situation ont créé une réalité telle que nos clubs et notre sport, en général, se retrouvent aujourd'hui dans une situation de non-droit, ouverte à toutes les manœuvres et à tous les dépassements. Sportivement, les clubs sont à l'heure des choix stratégiques qui conditionneront, non seulement la prochaine saison, mais aussi celles qui vont suivre et qui interviennent à une période privilégiée de notre histoire : la révolution. En effet, hormis le CA, le CAB et à un degré moindre l'Espérance où Hamdi Meddeb semble tenir les choses en main, nous assistons dans les autres clubs à une véritable pièce de vaudeville où se mêlent anciens et aspirants présidents, anciens et aspirants dirigeants et, évidemment, les incontournables vrais et faux agents, sans parler de ceux qui gravitent autour du club et dont le fonds de commerce prospère à l'intersaison. L'autre volet est financier. Là aussi,nous ne pouvons pas passer d'une étape à une autre sans que les clubs mettent sur la table les comptes réels, les véritables déficits, les véritables bilans susceptibles d'éclairer tout le monde sur la véritable situation financière du club. Ce n'est qu'à partir de là qu'on peut bâtir une nouvelle stratégie financière, et commencer enfin à apurer et à assainir une situation. En parallèle, il faudra se décider à protéger les clubs contre eux-mêmes en mettant en œuvre les lois existantes qui limitent les dégâts et les excès. Car il faudrait bien que les responsables des clubs arrêtent de se cacher derrière le système, le RCD, le ministre, le gouverneur, le délégué ou le omda pour justifier leur mauvaise gestion ! On n'ira pas jusqu'à l'interdiction de recruter, puisque les nouveaux dirigeants hériteront d'une situation passée chaotique, mais il faudrait tout de même qu'ils s'engagent à rompre avec les pratiques du passé et à assainir petit à petit cette situation. Cela ne pourra pas se faire sans l'aide de l'Etat, mais aussi à travers de nouvelles méthodes de gestion financière et sportive. Une chose est sûre: ça ne peut pas continuer comme ça, mais encore faut-il que réussisse la transition. Vous voyez bien que nous sommes rattrapés par la politique…