• Les jours sont désormais comptés pour les spéculateurs… Le ciment a décidément, cet été, la peau, pardon la poudre dure. Contrairement à ses rares pénuries du passé, celle de cette année, faut-il le souligner, la mort dans l'âme, est en train de battre tous les records de longévité. C'est d'autant plus vrai que le ciment est devenu, de nos jours, une denrée rare. Le prix qui a été atteint en juillet poursuit allègrement son ascension en août et, pour ne pas être pessimiste, risquerait même de perdurer jusqu'à la tombée des premières feuilles de l'automne ! Nous le disons sans aucun risque d'exagération, en nous basant essentiellement sur le tollé général qu'a provoqué cette exceptionnelle pénurie auprès des citoyens. «J'ai dû, à mon corps défendant, arrêter les travaux de restauration entrepris dans ma maison à cause justement de l'absence criarde de ciment», se lamente un père de famille. «J'ai beau sillonner tous les points de vente des matériaux de construction basés dans le gouvernorat de l'Ariana. Peine perdue», renchérit un autre. Outre les citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer, cette crise a épinglé à son triste tableau de chasse d'autres parties concernées, en l'occurrence les entrepreneurs, les maçons et les ouvriers des chantiers. Surtout les premiers dont la majorité a subi, en conséquence, des dégâts qu'ils jugent à la fois considérables et désastreuses. «A cause de la pénurie de ciment, s'affole l'un d'eux, j'ai dû fermer le chantier, avec les conséquences catastrophiques qui s'ensuivent‑: pénalités de retard, manque à gagner, ennuis bancaires et, par-dessus tout, perte de crédibilité auprès du propriétaire du projet». Même ton de détresse chez les maçons et ouvriers des chantiers dont certains, ironie du sort, ont dû se rabattre sur d'autres boulots occasionnels «pour au moins arracher notre gagne-pain et nourrir nos familles», s'écrient-ils à l'unisson. Descentes musclées Entre-temps, le terrain était propice à l'émergence d'un cavalier seul, celui des spéculateurs et autres contrebandiers. Ceux-ci, généralement jamais en panne d'idées diaboliques, en ont profité, qui pour stocker d'importantes quantités de ciment, qui pour en exporter illicitement vers un pays voisin. Les rares fois où l'on tombe, par chance, sur ce produit mis en vente, la marchandise est écoulée en quelques…secondes et, SVP, au double, voire au triple de son prix réel ! Mais, comme tout a heureusement une fin, et la grogne grandissante des citoyens aidant, voilà les services de contrôle concernés qui entrent en lice, avec la ferme intention d'en finir avec un casse-tête chinois qui aura longtemps duré. Les descentes musclées qui s'ensuivirent feront mouche. Avec, au compteur, la fermeture de plusieurs points de vente de matériaux de construction et des amendes infligées aux contrevenants. Certaines de ces amendes ont atteint des dizaines de millions de nos millimes ! Mais, au ministère du Commerce, commanditaire de cette campagne d'assainissement de ce secteur névralgique de l'habitat, on n'est pas près de dormir sur ses lauriers, puisque l'on promet de «poursuivre impitoyablement cette lutte afin de torpiller les dernières poches de résistance, et tant qu'on n'a pas tout fait, on n'a rien fait». Voilà les trous de la crise du ciment en passe d'être cimentés. Il était temps!