Par Khalil ZAMITI* Destourien de la première heure, cardiologue, ancien chef de service à l'hôpital Charles-Nicolle, ancien ambassadeur, voisin et ami, Ali Bousnina me confie ceci : «De passage à Hammamet, je surprends une équipe de maçons à l'œuvre sur un terrain qui m'appartient. Je les interroge et ils m'apprennent qu'ils travaillent pour le compte de la propriétaire, madame Sayda Agrebi. Furieux, je téléphone au président Ben Ali, je l'informe, il rit et me dit : “Ne te fais pas de soucis, je m'en occupe”. Moins d'une demi-heure après, Sayda Agrebi m'appelle et me dit: “Pardon, Si Ali, je ne savais pas que le propriétaire était toi. Reprends ton bien et restons bons amis, comme avant. Mais pourquoi as-tu averti le président. Tu aurais dû me parler directement !”». Et maintenant, dame-courage aux manières sauvages est partie, avec armes et bagages, à la barbe du pays. A lui le choix ; ou bien le gouvernement gouverne, ou alors il ne gouverne pas. La tentative de spoliation, à elle seule, ne spécifie-t-elle pas un chef d'accusation ? Mais, bien sûr, d'ici j'entends le ronron du nul n'était au courant, avant la dénonciation de l'immonde marécage par mille et un témoignages. Parmi les piliers de l'ancien régime, les artisans, immédiats, du coup d'Etat, confrontent le pouvoir provisoire à la quadrature du cercle. Incarcérés, ils nuisent par la mise du pays à feu et à sang, via leurs partisans, libérés, ils exhibent, face à tous, les défaillances du gouvernement ; sans croiser les bras, pour autant. C'est pourquoi Mandela préconisa la peu banale «réconciliation nationale». A quoi sert la dissolution du RCD, ce «plus froid des monstres froids» avec une frontière aussi dérisoire qu'une passoire ? Pourquoi ce genre d'information paraît après le 14 janvier ? Certes, nous ne sommes pas encore chez l'Oncle Sam où le Premier Amendement de 1791 stipule ceci : «Le Congrès ne fera aucune loi restreignant la liberté de parole ou de la presse». Il faut abolir le délit de presse. Constitutionnalistes, à vos plumes ; le temps presse !