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Oroubba-Oou'rouba, un face-à-face fascinant
L'encre et la mer Et Dieu créa la Méditerranée (VI)
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 08 - 2011

Comment ne pas rester fasciné par cette ressemblance troublante entre les deux noms. Le premier reflète une entité géographique, l'Europe (ouroubba en arabe), l'autre se réfère à une entité culturelle, l'arabité (oou'rouba en arabe). Une ressemblance frappante quand on les prononce en arabe alors que ces deux entités coupent la Méditerranée en deux dans le sens des parallèles?
Ouroubba et Oou'rouba un face-à-face à mille facettes et depuis des millénaires. Avec ses meilleurs et pires moments, ses rapprochements et ses distances, son élan vers l'harmonie et ses reculs à cause des conflits.
Une relation des plus complexes et des plus passionnelles et passionnantes. Au commencement étaient la péninsule arabique et l'Europe. La première, zone tampon entre l'Afrique et l'Asie, la seconde, un continent qui fait face à l'Afrique et qui jouxte l'Asie.
Rien de nouveau dans tout cela diriez-vous? Tout à fait. Sauf que le rappel pourrait être utile. Nous allons, en effet, nous rendre compte qu'il est même très utile.
Le vieil européen plie bagage
Au commencement, l'apparition de Homo Sapiens, notre ancêtre, en Afrique et à la péninsule arabique. Cet événement décisif dans l'histoire de l'humanité ayant eu lieu il y a environ 200.000 ans ne va pas se limiter à la région d'origine.
Des hordes d'homo sapiens vont se diriger dans toutes les directions et coloniser, il y a de cela quelque 40.000 ans, l'Europe. Continent habité à l'époque par l'homme de Néanderthal et sans discontinuité depuis près de 400.000 ans. Une colonisation qui va s'avérer fatale à ce dernier puisqu'il a disparu à jamais il y a de cela près de 28.000 ans laissant la place à Homo Sapiens, aujourd'hui ancêtre de l'ensemble de l'humanité.
Plusieurs thèses ont essayé d'expliquer les raisons qui ont été derrière la disparition de l'homme de Néanderthal, un être bien bâti, poilu, s'adaptant très bien au froid, maîtrisant le feu, vivant de chasse et de cueillette et offrant à ses morts des rites funéraires.
La dernière se basant sur les lois démographiques en ce sens que les homos sapiens avaient fini par provoquer l'extinction de l'homme de Néanderthal l'Européen à cause de leur croissance demographique galopante (9 à 10 fois plus importante que celle du premier).
Toute ressemblance ici avec les thèses de l'extrême droite européenne sur la «prolifération inquiétante des populations, d'origine… disons du Sud de la Méditerranée» est donc un pur hasard. Thèse réfutée par plusieurs chercheurs en raison de son caractère théorique basé sur des calculs mettant de côté la réalité qui était très différente de celle d'aujourd'hui. Car les densités humaines étaient à l'époque très faibles.
Fermons cette parenthèse d'une époque à jamais révolue qui était en fait le premier face-à-face Nord-Sud ou Europe-«Arabes» et allons fouiner du côté du néolithique au cours duquel est apparue, il y a entre 12.000 et 10.000 ans, l'agriculture au nord de la Syrie, puis la naissance, il y a un peu moins de 10.000 ans, de Ariha en Palestine, la première bourgade de l'histoire de l'humanité. «Arabes» veut dire ici habitant originaire de la péninsule arabique actuelle y compris la Syrie et l'Irak.
La civilisation humaine naissante dans ce coin de la terre se développera ainsi sans arrêt avec un va-et- vient incessant entre le Sud et le Nord c'est-à-dire entre l'Europe et la région arabe d'abord ethnique puis culturelle.
Un fantastique brassage humain
Berceau de la civilisation méditerranéenne, la Mésopotamie a connu plusieurs peuples qui s'y sont succédé. L'Europe est sans doute parvenue malgré son lamentable retard à «exporter» certains groupes humains du côté de Gibraltar vers l'Afrique du Nord. Groupes qui se seraient mélangés aux autochtones eux-mêmes ayant reçu plusieurs vagues de migrants venus du Sahara, d'Egypte et même de la péninsule arabique y compris du Croissant fertile, pays de Canaan, où naquirent les Phéniciens.
En parvenant par la mer sur les côtes de la partie septentrionale de l'Afrique du Nord, vers 1200 avant J.-C. les Phéniciens ont commencé à y créer des comptoirs et à penser à s'y installer, encouragés ainsi par l'hospitalité des maîtres de ces territoires que sont les Amazighs (appelés communément berbères), peuple formé comme déjà dit au fil des siècles par ce mélange subtil d'autres peuples du Nord, du Sud et de l'Est (pays de Canaan).
Nous sommes déjà et depuis des siècles dans l'histoire, et les Phéniciens inventeurs de l'alphabet, ayant fait évoluer les techniques de navigation et de négoce, vont faire entrer la Méditerranée dans l'histoire proprement dite. C'est-à-dire provoquer une dynamique continue entre ses deux rives. Depuis, rien ne sera comme avant et la région verra une série d'événements qui vont lui conférer sa personnalité propre.
Une lutte tantôt sourde tantôt déclarée et féroce secouera ses rivages.
L'Islam, cette religion qui dérange
Avec la fondation de Carthage en 814 av. J.C. une nouvelle civilisation méditerranéenne verra le jour, la civilisation punique, synthèse de celle apportée par les Phéniciens et de celle ayant toujours existé grâce au génie des Amazighs (hommes libres).
Avec Carthage comme capitale et le bassin occidental de la Méditerranée comme zone sous influence et parfois sous son autorité, il y aura une guerre des Puniques contre les Grecs, trois autres contre les Romains et voilà cette civilisation rejoindre à partir de 146 av. J.C., celles qui l'ont précédées sur le ban de l'histoire.
Devenue lac romain, la Méditérannée sera entièrement conquise moins de quatre siècles plus tard par le christianisme, nouvelle religion venue de la péninsule arabique et précisément du pays de Canaan.
Il a fallu près de 80 ans à l'Islam naissant (610 ap.J.C.) pour que cette nouvelle religion s'impose sur la rive sud de la Méditérranée et sur la péninsule ibérique. Un siècle plus tard, elle sera présente pour un peu plus de 300 ans en Sicile. Elle caressera la Gaule, envahira Rome pendant deux mois puis ira s'étendre petit à petit jusqu'en Albanie, grâce aux expéditions ottomanes.
Ces derniers parviendront, en 1453, à prendre Constantinople, la capitale symbole de l'empire byzantin.
Entre-temps et à partir de 1095 et jusqu'en 1291, les guerriers du Pape de l'Eglise romaine vont essayer de rendre les territoires du Sud à la chrétienté. Ils s'y casseront les dents mais réussiront à provoquer certains changements dans ces contrées restées dans leur écrasante majorité musulmanes.
Primo : la haine des croisés chez les musulmans témoins du caractère sauvage, sanguinaire et dévastateur de ces guerriers du Nord, lourdement armés et croulant sous les armures.
Secundo : Une militarisation à outrance de l'Etat, une tare que la région traîne encore à quelques exceptions près.
La péninsule ibérique, totalement débarrassée des musulmans en 1492, devient quelques années plus tard, et grâce entre autres aux conquêtes du nouveau monde, une puissance colonialiste (Espagne et Portugal). L'Afrique du Nord en souffrira près de 40 ans, jusqu'à ce que les Ottomans y viennent faire le ménage.
Une colonisation qui tarde à se terminer
Cet élan brisé net reprendra à partir de 1798 (campagne française en Egypte sous Bonaparte) et se poursuivra avec le début de l'occupation de l'Algérie par la France en 1830 puis de toute l'Afrique du Nord (France, Italie, Grande-Bretagne).
Naîtront alors les mouvements nationaux qui mèneront une lutte sans merci contre l'occupation qui se terminera totalement en 1962, sauf pour Ceuta et Mellila au Maroc qui jusqu'à aujourd'hui sont sous domination espagnole.
Entre-temps et à partir de la fin du XIXe siècle et suite à la naissance du mouvement sioniste mondial, des Européens surtout de l'Est, de confession israélite, sont venus par vagues successives coloniser la Palestine pour parvenir en 1948 à y créer un Etat auquel ils ont donné le nom d'Israël. Depuis, l'ensemble de la région méditerranéenne sud souffre de ce corps étranger arrogant et au-dessus de toutes les lois y compris celles émanant de l'instance internationale qui pourtant lui a donné une existence juridique. Un corps étranger implanté par l'Europe grâce au soutien des Etats-Unis et devenu comme il est, à cause de la faiblesse, l'éparpillement et la soumission de la partie sud de la Méditérranée aux grandes puissances occidentales.
Aujourd'hui, alors que la Turquie attend d'un moment à l'autre le feu vert pour intégrer l'Europe, alors que l'Islam continue de se développer en France et que le projet d'Union pour la Méditérranée fait des progrès, il ne reste pour l'Etat d'Israël que de se plier aux lois et résolutions internationales, sinon l'Histoire elle-même se chargera de le faire disparaître. Là, l'Europe (ouroubba) doit jouer le rôle qui lui sied afin de réparer cette injustice dont elle est à plusieurs titres, à l'origine.


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