Par Sofiane Ben Farhat Israël a des obsessions pour ainsi dire fondatrices. Parmi elles, bien évidemment, il y a le transfert des populations civiles palestiniennes. Par milliers et avec toute la cruauté qui sied à une posture si infâme. Dans la "logique" israélienne –si tant est qu'il puisse s'agir d'une logique- c'est le corollaire de la spoliation intégrale du peuple palestinien. De ses terres, de ses biens, de ses maisons, de ses oliviers centenaires, de sa culture, de son patrimoine, de son passé et de son avenir. L'énoncé de l'évidence est en soi accablant. Ainsi le monde assiste-t-il depuis des décennies à l'épuration ethnique en bonne et due forme du peuple palestinien. Cela a commencé en 1947. Ça n'en finit pas, soixante-trois ans après. Dernière séquence de l'horreur en date, la décision israélienne d'expulser des milliers de Palestiniens de Cisjordanie. Le peuple palestinien, lui, pâtit d'un triste record. C'est le dernier peuple occupé de la planète. Qui plus est dans un incessant va-et-vient entre l'injustice caractérisée et le passage au fil de l'épée en règle. Ne nous y trompons guère. Israël exécute sa besogne avec la précision d'un métronome et le doigté d'un sinistre orfèvre. Une année, c'est la guerre totale, les tueries à tout bout de champ, les centaines de milliers de bombes déversées sur les populations civiles dans la bande de Gaza et ailleurs. L'année d'après, c'est le cycle des spoliations, expropriations et expulsions de masse. Ce faisant, il bénéficie de l'inertie complaisante d'une certaine communauté internationale. Celle-là même qui, en Occident aseptisé, démocratique et libéral, plus qu'ailleurs, est si prompte à dénicher la paille dans le maigre dispositif institutionnel palestinien et d'une insoutenable surdité face aux crimes israéliens. Des crimes si manifestes qu'ils sautent aux yeux des aveugles. Autre obsession fondatrice israélienne, le peu de cas que font ses dirigeants tant des résolutions que des instruments pertinents de la légalité internationale. Pourtant, Israël a vu le jour en vertu d'une résolution onusienne. N'empêche, il n'a de cesse de piétiner le contenu de cette même résolution qui consent aux Palestiniens un territoire, un Etat et une souveraineté dûment établie. Là aussi, Israël se comporte en acteur élu. Ce qu'il exige des autres — la paix, la coexistence pacifique — il refuse volontiers de s'y conformer. Finalement Israël en arrive à cultiver une autre obsession (elle aussi fondatrice), celle — paradoxalement — du danger de paix. Israël s'est érigé au fil des décennies en tant qu'attentat permanent à la paix dans la région. Les peuples en pâtissent. La coopération internationale s'en ressent. Les pactes d'intégration régionaux en souffrent. N'empêche, Israël s'en moque comme d'une guigne. Les Palestiniens en font les frais. Ainsi que la paix et la sécurité mondiales. Il faut que cela cesse. La communauté internationale est interpellée. La dernière initiative de la Ligue des Etats arabes, en appelant à une réunion d'urgence de l'AG de l'ONU, s'inscrit dans cette optique. Encore une fois, face au maximalisme belliciste israélien, les Arabes privilégient la légalité, la solution politique et le compromis. Et Dieu sait que le compromis, en politique, est autrement plus difficile, honorable et courageux que l'extrémisme. A bon entendeur, suffit !