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L'histoire est une résurrection
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 08 - 2011


Par Abderrazak BEN AMAR*
Cette phrase écrite sur le monument funéraire de Michelet en 1882 est aujourd'hui d'une actualité étonnante. En réalité, Jules Michelet, né le 21 août 1798 à Paris, est mort le 9 février 1874 à Hyères dans le Var. Mais ce grand historien qui a inventé l'histoire de France n'a pas eu droit à une inhumation à Paris. Ce n'est qu'en 1882 que ses vœux ont été exaucés et qu'il s'est réconcilié avec l'histoire, à titre posthume, après de longues démarches harassantes endurées par sa femme Athénaïs qui a pu finalement tranférer le corps de son époux au Père-Lachaise. Donc Michelet ressuscité, car l'histoire ne l'a pas lâché et a eu finalement droit à une inhumation digne de ses mérites. La phrase «L'histoire est une résurrection» demeure bouleversante et me rappelle aujourd'hui, après la révolution du 14 janvier 2011, les acteurs de notre histoire : ceux qui sont oubliés et ceux dont on célèbre la disparition, protocole oblige, sans qu'il y ait une véritable politique pour élaborer de sérieuses et profondes études de leur magnifique parcours historique; lesquelles études seront léguées aux générations futures. Il y a également ceux dont la disparition demeure un mystère qui mérite bien d'être élucidé. L'emprise du pouvour politique a toujours freiné la recherche historique. Il est aujourd'hui du devoir du futur gouvernement de dépoussiérer les dossiers et de faire ressurgir la vérité sur les nébuleuses affaires qui ont jalonné le règne de Bourguiba et celui du dictateur déchu et de montrer au peuple les coupables morts ou vivants, qui mériteraient d'être jugés, sans esprit de vengeance mais avec le devoir de rendre justice à leurs victimes. L'histoire de ces deux gouvernements est vraiment entachée de crimes, d'injustices : la révolution est une opportunité pour que ces crimes soient dénoncés. Et que l'on sache que la profondeur des temps ne pourra, en aucun cas, faire taire à jamais ces méfaits. Le temps, on ne peut le remonter que par une stratégie qui consiste à faire parler les archives. Il va falloir ressortir tous les documents, dénicher tous les éléments susceptibles de clarifier certaines affaires encore floues, de procéder à une relecture de nombreux événements. Je peux citer quelques dossiers : les événements relatifs à la révolte du pain en 1984, et ceux du 26 janvier 1978, les procès de la gauche tunisienne par le tribunal de la sûreté de l'Etat; puis le coup d'Etat du 7 novembre 1987, le rôle de la gauche tunisienne dans la consolidation du régime de Ben Ali, le RCD et son caractère politico-mafieux; le sombre parcours du dictateur déchu; les tenants et les aboutissants de la complicité de certains hommes politiques avec les deux clans Trabelsi et Ben Ali; la révolte du bassin minier en 2008 et le rôle de la justice et de la police dans la gestion de cette affaire… et j'en passe. Donc ce ne sont ici que des propositions présentées à titre d'exemples. Il y a dans l'esprit de chaque citoyen d'autres qui lui tiennent à cœur.
Il faut que les choses soient rectifiées. Il est urgent de faire parler les documents, de toucher à la réalité telle qu'elle a été vécue et d'aboutir finalement à la reconstitution la plus objective de l'histoire de la Tunisie. Désormais, les archives ne devront plus être considérées comme un coffre-fort. Il faut désacraliser les secrets qu'elles détiennent. Il incombe à nous tous, chacun de sa position sociale et professionnelle, chacun par sa compétence, par sa spécialité, de réaliser cette autre révolution : réinventer notre histoire. C'est le plus grand hommage que la Tunisie puisse rendre à ses fils qui se sont sacrifiés pour elle, tous ceux qui auraient aimé vivre dans la Tunisie de l'après-révolution.
Il faudrait, comme l'a fait Michelet pour l'histoire de France, que nous mettions en scène nos archives. Cela nécessite, bien entendu, une grande patience, des moyens et des méthodes que nos spécialistes n'ignorent pas. Pour cela, il faut briser les tabous et tout devient à la portée. Plus de barrière pour l'accès au dossier de la police politique, ni aux documents du PSD et du RCD, ni encore aux archives de la magistrature. C'est un travail qui nécessite la mobilisation de plusieurs spécialités et qui sera, par conséquent, assuré par une équipe collégiale pluridisciplinaire regroupant : administratifs, historiens, sociologues, juristes et tous les autres domaines dont les tâches interfèrent en vue de l'aboutissement à la vérité historique. Il est nécessaire également de mobiliser tous les moyens et d'ouvrir tous les espaces renfermant renseignements et documents afférents aux questions concernées, à savoir la Bibliothèque nationale, le Centre national des archives, l'Institut du mouvement national, les bibliothèques universitaires sans négliger la collecte des archives des particuliers et qui seraient susceptibles d'élucider des données à l'échelle régionale ou nationale.
Quant à l'histoire de la révolution du 14 janvier 2011, nous l'avons vécue en tant que témoins oculaires; seulement, il serait hâtif et imprudent d'élaborer des conclusions définitives. La réalité n'est pas encore révélée. Il faudra du recul nécessaire pour comprendre objectivement et sans parti pris ce qui s'est passé.
Nous sommes en train d'observer la partie émergée de l'iceberg. Il est encore trop tôt pour comprendre les origines, les causes profondes endogènes et exogènes qui sont réunies du 17 décembre 2010, ou plutôt bien avant, jusqu'au 14 janvier 2011 pour engendrer ce magnifique mouvement révolutionnaire de masse qui a fait tomber l'une des plus implacables dictatures du monde contemporain. L'histoire événementielle se consomme à l'état frais, mais le sens réel de son cours ne peut être élucidé qu'après coup.
A.B.A.
* (Professeur d'enseignement secondaire retraité)


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