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Quel partenariat public - privé ? (1ère partie)
Opinions - Pour une Tunisie prospère et solidaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 08 - 2011


Par Pr Mohamed Haddar *
Après avoir enregistré une croissance relativement élevée au taux annuel de 5% sur cinq décennies, notre économie connaît une situation difficile caractérisée par une baisse du niveau d'activité (- 3% au cours du premier semestre) ; une baisse du niveau de l'investissement ; un chômage préoccupant (700 mille chômeurs dont 220 mille diplômés) ; une hausse rapide des prix ; des régions déshéritées et surtout par une multiplication des sit-in et des revendications excessives, une perte de confiance et une nouvelle culture contraire à l'effort, au travail et au sacrifice.
L'urgence, à très court terme, est de faire redémarrer une machine économique en panne mais aussi de mettre en place un programme ambitieux qui assure au peuple tunisien de demain à la fois la prospérité et la solidarité, avec une redéfinition d'un véritable partenariat entre le secteur privé et le secteur public. La tâche incombe aussi bien au "gouvernement provisoire" qu'aux partis politiques et aux intellectuels du pays.
La relance de l'économie est une urgence
La situation économique est difficile. Les journées chômées, les entreprises sinistrées, l'arrêt de travail, la redistribution sans création de richesse… ont un coût élevé à payer par le peuple tunisien. Le pays doit reprendre rapidement le travail. Cela implique d'abord et avant tout la stabilité et la sécurité. Cela implique aussi des programmes clairs et opérationnels de relance. Certes, la tâche incombe au GP mais elle incombe aussi aux partis politiques qui seront appelés à gouverner le pays après la Constituante et à prendre des décisions économiques le premier jour qui suit la formation du gouvernement à venir.
Quelle était la réaction du GP ?
Le gouvernement soutient, à maintes occasions, que son objectif est de "créer un impact immédiat sans toutefois hypothéquer l'avenir". Cette position n'est pas défendable. Dans le domaine économique, un GP n'a pas de sens. L'expérience internationale indique que les gouvernements prennent des décisions économiques, même à la veille de leur départ. Tout gouvernement doit élaborer des programmes comme s'il allait durer. D'ailleurs, les dépenses d'assistance, y compris le projet Amel, décidées aujourd'hui par ce GP aggravent l'endettement public. Dans ce sens, elles seront payées par les générations futures. Pire, ces décisions contribuent à développer une culture d'assistance alors que la Tunisie actuelle a besoin de sacrifices et de multiplier les efforts pour créer plus de richesse et non la détruire. Procéder à une distribution de ressources au lieu de procurer des emplois, et prévoir des investissements afin d'augmenter la productivité du travail est un pur gaspillage. Plusieurs mesures décidées sont vaines, et pourraient même se révéler nocives.
Le Programme économique et social (PES) du gouvernement provisoire lancé le 1er avril 2011 reprend les schémas et discours classiques de ces dernières années. Travaillant dans l'urgence et avec une équipe de l'ancien régime, le gouvernement n'a même pas eu le temps de concevoir un programme cohérent avec une nouvelle réflexion qui sort du schéma et du discours classiques de ces dernières années. Les dix-sept mesures avancées, résumées en cinq priorités, constituent un catalogue de projets et de thérapies expérimentées en d'autres circonstances et qui n'ont pas donné les résultats escomptés. Il ne s'agit pas d'un programme mais plutôt d'un ensemble de "mesures" collectées et juxtaposées avec des schémas qui tendent à se reproduire et, pour cette raison, à s'éterniser.
Pour le « plan économique pour la Tunisie » proposé aux responsables du G8, en dehors des discours du ministre des Finances, nous avons très peu d'informations le concernant. Sur la base de ces informations, il apparaît que ce programme s'articule autour de la création d'une caisse des dépôts et des consignations et d'un fonds générationnel qui serviront à financer des projets d'infrastructures de base et des entreprises du secteur privé qui n'ont pas pu accéder aux sources traditionnelles de financement. Pour le ministre des Finances, le succès de ce programme est "tributaire de la mise en œuvre de réformes destinées à promouvoir le secteur bancaire, les ressources humaines et la micro-finance". Mais des voix s'élèvent déjà contre ce plan. A titre d'exemple, le lauréat du prix Nobel d'économie 2006, Edmund S. Phelps, critique ouvertement ce plan, dans un article paru dans Le Monde du 18 mai 2011.
Ainsi, les deux programmes n'ouvrent pas à la Tunisie de larges perspectives. On se sent dans la continuité avec les vieux réflexes incompatibles avec le nouveau mouvement de liberté. Il n'y a pas eu une vraie rupture. Il n'y pas de visibilité claire pour le futur des enfants de la Tunisie.
Les expériences de transition à l'Est ou dans d'autres pays nous ont appris que les prises de décisions dans les premiers temps des ruptures politiques sont décisives et marquent de leur empreinte les trajectoires historiques ultérieures des sociétés. L'importance des changements institutionnels sera décisive. Il est donc du devoir de nos responsables de prendre dès, aujourd'hui, les décisions pertinentes et structurelles qui engageront une transformation de la société tunisienne dans la bonne direction et de rompre avec les anciens modèles économiques et sociaux qui ont engendré le chômage, la pauvreté, la précarité, la marginalisation et l'exclusion. La révolution a créé une situation nouvelle qui exige de nouvelles réflexions pour y faire face.
Quelle est la réaction des partis politiques ?
Elle est soit absente soit démagogique. Aujourd'hui, deux partis seulement ont eu le mérite de diffuser leur programme économique. Si la position des partis pour gagner des voix et se positionner sur la scène politique est légitime, leur rôle est de fournir des réponses claires et précises à des questions que les Tunisiens se posent quotidiennement : quelle est leur vision de la société tunisienne de demain ? Que faire, dans le domaine économique face à la situation actuelle caractérisée fondamentalement par l'incertitude ? Comment relancer l'économie ? Comment créer davantage de richesses ? Comment les répartir de la meilleure manière possible ? Comment créer l'emploi pour des centaines de milliers de jeunes ? Comment développer les régions déshéritées ?.... C'est de la clarté des réponses à ces questions et des précisions pratiques et réalisables que la Tunisie nouvelle a besoin, non pas de vœux pieux.
La mise en place d'un nouveau modèle de développement est aussi urgente
Mon sentiment profond est que les difficultés actuelles nous offrent une opportunité unique pour reconstruire notre économie et notre pays. Pour cela, il nous faut une vision claire et ambitieuse du futur de la Tunisie qui dépasse largement les programmes de moyen terme d'un mandat électoral. Il s'agit de croire et d'agir pour que la Tunisie ait l'ambition de rejoindre le groupe des pays développés à l'échéance de 2040, projetant d'accroître substantiellement le revenu par habitant ; de maîtriser le chômage ; de réduire les inégalités, la pauvreté et la marginalisation, grâce à une croissance soutenue à forte valeur ajoutée, le doublement et la dynamisation de l'investissement privé national, l'attraction des capitaux étrangers et l'amélioration de la productivité. Le préalable est de rompre avec les anciens schémas de développement économique et social, qui ont engendré le chômage, la pauvreté, la marginalisation et l'exclusion. La révolution présente une nouvelle situation. Elle exige de nouvelles réflexions. Des responsables, façonnés et recrutés, pendant de longues années, pour concevoir des discours présidentiels et puis les traduire en programmes et plans de développement, ne peuvent pas continuer intellectuellement et moralement à concevoir des programmes économiques et sociaux pour la Tunisie de demain.
L'un des aspects les plus importants de cette vision tient à la redéfinition d'un partenariat public-privé pour que la Tunisie soit à la fois prospère et solidaire. L'expérience internationale indique que la Malaisie est passée, en vingt-cinq ans seulement, du stade d'un pays en développement à celui d'un pays développé en mettant en place une vision ambitieuse et une politique d'investissement adéquate. Cette expérience indique aussi que la réussite d'un nouveau modèle économique résulterait, principalement, du génie, du savoir-faire et de la réactivité de son capital humain et de ses investisseurs et du choix opportun de l'Etat quant à la réorganisation, la dissolution ou la création des structures et des institutions qui relèvent de sa tutelle.
Ce choix doit refléter un large consensus entre le GP, les partis politiques et les intellectuels pour qu'il soit respecté par les différents gouvernements successifs. Il est logique que les partis politiques aient des programmes divergents sur le court et le moyen terme mais la Tunisie appartient à nous tous avec nos différences. L'appartenance à la nation nous réunit pour concevoir la vision du futur de nos enfants sur le long terme. Cette vision doit être la référence pour tous les programmes à moyen terme des gouvernements à venir. Chacun s'engage à la respecter et la mettre en œuvre en se rapprochant le plus rapidement du but final. La réalisation de ce projet exige la clarté de la vision et la volonté politique pour le réaliser.
Quel partenariat public-privé ?
Pour que la Tunisie soit prospère, il faut créer le maximum de richesse possible. Sans cela, l'on assiste à un développement de la pauvreté, de la marginalisation et de l'exclusion ainsi qu'à une détérioration des services publics tels que la santé, l'éducation et les infrastructures de base. Mais aussi sans justice sociale qui réduit les inégalités et protège les pauvres et les défavorisés, la création de richesses n'est pas assurée.
Dans ce contexte, la redéfinition d'un partenariat public-privé est un facteur de réussite. La prospérité, la stabilité politique et la démocratie en Tunisie ne peuvent être assurées que si le pays crée environ 150 mille emplois par an au cours de la décennie à venir pour réduire le chômage et répondre aux besoins des demandes additionnelles, dont environ 80 mille emplois pour les diplômés et si le modèle économique est vu comme juste et profitant à tous.
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* (Président de l'Association
des économistes tunisiens)


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