Le chômage demeure élevé · En 2010, le nombre de chômeurs a atteint 205 millions. · Après avoir atteint 6,3 % en 2009, le taux de chômage mondial s'est établi à 6,2 % en 2010, soit un niveau encore très supérieur aux 5,6 % enregistrés en 2007. · On estime que le nombre de jeunes (de 15 à 24 ans) sans emploi a baissé de 79,6 millions en 2009 à 77,7 millions en 2010
L'Organisation Internationale du Travail vient de publier son rapport annuel sur les tendances mondiales de l'emploi. La principale conclusion de ce rapport est que le chômage demeure élevé et les impacts de la crise économique sont encore perceptibles à ce niveau. La tendance qui existe aujourd'hui en Tunisie, concorde avec une tendance mondiale, qui a un impact important sur le volet social.
27,6 millions de chômeurs en plus En 2010, le nombre de chômeurs a atteint 205 millions. S'il a peu varié par rapport à l'année précédente, ce chiffre représente 27,6 millions de chômeurs de plus qu'en 2007 et l'espoir est faible de le voir revenir prochainement aux niveaux d'avant la crise. Après avoir atteint 6,3 % en 2009, le taux de chômage mondial s'est établi à 6,2 % en 2010, soit un niveau encore très supérieur aux 5,6 % enregistrés en 2007. Le niveau élevé du chômage mondial contraste nettement avec la reprise constatée dans plusieurs indicateurs macroéconomiques clés, à savoir: le PIB mondial réel, la consommation privée, l'investissement fixe brut et le commerce mondial, qui s'étaient tous redressés en 2010, dépassant même leurs niveaux d'avant la crise. La reprise sur les marchés du travail s'est avérée inégale, la région des économies développées et de l'Union européenne enregistrant une hausse constante du nombre de sans-emploi, contrairement à la plupart des régions en développement où la situation du chômage s'améliore légèrement et régulièrement. Une reprise de la croissance qui ne s'est pas traduite par une reprise comparable de l'emploi Au niveau mondial, le ratio emploi-population, qui indique si la capacité d'un pays ou d'une région à générer de l'emploi est en baisse ou en hausse, a baissé de 61,7 % en 2007 à 61,2 en 2009 et, selon les estimations, à 61,1 % en 2010. De nombreuses économies ne génèrent tout simplement pas un nombre de possibilités d'emploi suffisant pour absorber l'augmentation de la population en âge de travailler. Dans 64 pays pour lesquels on dispose de données trimestrielles, le nombre de pays enregistrant une baisse de leur ratio emploi-population était encore, au deuxième trimestre 2010, le double de ceux enregistrant une hausse dudit ratio. À l'évidence, dans un grand nombre de pays, la reprise économique actuelle ne débouche pas encore sur un développement suffisant des possibilités d'emploi.
L'emploi industriel a été le plus durement frappé L'emploi mondial total dans l'industrie a légèrement baissé en 2009, ce qui est radicalement en contradiction avec le taux de croissance annuel historique de 3,4 % pendant la période allant de 2002 à 2007. L'emploi dans l'agriculture a augmenté en 2009, ce qui est également en contradiction avec les tendances antérieures.
Un nombre croissant de jeunes découragés On estime que le nombre de jeunes (de 15 à 24 ans) sans emploi a baissé de 79,6 millions en 2009 à 77,7 millions en 2010, soit un niveau encore nettement supérieur aux 73,5 millions enregistrés en 2007. Le taux de chômage mondial des jeunes est passé de 11,8 % en 2007 à 12,6 % en 2010, mais il enregistre toutefois une légère baisse par rapport aux 12,8 % en 2009. Toutefois, les taux de chômage sous-estiment l'importance des effets catastrophiques de la crise sur les jeunes, dont le taux d'activité s'est trouvé fortement affecté. Dans l'ensemble des 56 pays pour lesquels des données sont disponibles, on constate qu'il y a 1,7 million de jeunes en moins sur le marché du travail que ne le laissaient présager les tendances à long terme, ce qui traduit la forte hausse du découragement parmi les jeunes. Or, ces jeunes découragés ne sont pas comptés parmi les chômeurs car ils ne sont pas activement à la recherche d'un travail. Les tendances de la productivité du travail et des salaires réels font apparaître les pressions qui pèsent sur la qualité de l'emploi La productivité du travail a enregistré une croissance négative en 2009, avec une baisse de 1,4 % par rapport à une hausse de 3,3 % en 2007. En 2010, la hausse de la productivité mondiale est repartie à 3,1%. Le problème du retard de la reprise du marché du travail apparaît non seulement dans le décalage dans le temps entre la croissance de la production et de l'emploi et la réduction du chômage mais aussi, dans certains pays, dans le décalage entre la hausse de productivité et la reprise de la hausse des salaires réels. Ce phénomène peut menacer les futures perspectives de reprise, compte tenu des liens étroits existant entre l'emploi et la croissance des salaires réels d'une part, et la consommation d'autre part.
Stagnation de la réduction de l'emploi vulnérable et ralentissement de la réduction de la pauvreté au travail En se basant sur les données disponibles, on estime actuellement que 1,53 milliard de travailleurs se trouvaient en situation d'emploi vulnérable en 2009, ce qui correspond à un taux mondial d'emploi vulnérable de 50,1 %. La proportion d'emplois vulnérables est demeurée à peu près stable entre 2008 et 2009, après avoir enregistré une baisse moyenne constante et non négligeable au cours des années précédant la crise. Selon les estimations, l'extrême pauvreté au travail (1,25 dollar EU par jour) était en 2009 de 20,7 %, soit 1,6 point de pourcentage de plus que le taux initialement prévu en se basant sur la tendance observée avant la crise. Cela représente environ 40 millions de travailleurs supplémentaires vivant dans l'extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar EU par jour) en 2009, par rapport aux projections faites sur la base des tendances observées avant la crise. On estime par ailleurs à 39 % la part des travailleurs vivant avec leurs familles sous le seuil de pauvreté de 2 dollars EU par jour, soit 1,2 milliard de travailleurs sur l'ensemble du globe. En dépit des progrès réalisés par l'économie mondiale, les risques de détérioration de la situation en 2011 l'emportent Après un repli en 2009, l'économie mondiale a enregistré une croissance rapide de 4,8% en 2010. La reprise devrait normalement se poursuivre en 2011, mais à un rythme plus modéré (4,2 %). Toutefois, compte tenu de la fragilité du marché du travail dans de nombreux pays, des niveaux élevés de la dette publique et de la vulnérabilité persistante du secteur financier et des ménages privés, les risques de rechute l'emportent. Selon les prévisions macroéconomiques du moment, le taux de chômage mondial devrait être de 6,1 % en 2011, ce qui correspond à 203,3 millions de chômeurs de par le monde, soit une légère amélioration par rapport aux niveaux de 2010.
Evolution régionale de l'économie et du marché du travail 55% de la hausse totale du chômage mondial entre 2007 et 2010 sont survenus dans la région des économies développées et de l'Union européenne, alors que cette région ne compte que pour 15 % de la population active mondiale. Après un repli de 2,2 % en 2009, l'emploi a encore reculé de 0,9 % en 2010. L'industrie a ainsi perdu 9,5 millions d'emplois entre 2007 et 2009. Même si l'on prévoit une légère baisse du chômage en 2011, son niveau sera encore supérieur de plus de 50 % à ce qu'il était en 2007 (soit 15 millions de chômeurs de plus). L'augmentation rapide des emplois à temps partiel témoigne elle aussi de la poursuite de la détérioration du marché du travail. L'augmentation massive du chômage des jeunes qui s'est produite pendant la crise dans les économies développées et l'Union européenne s'est accompagnée d'une chute importante du taux d'activité des jeunes, faisant apparaître chez ces derniers un découragement largement répandu.
La situation en Afrique du Nord L'Afrique du Nord a été moins durement frappée que d'autres régions par la crise économique et financière, mais les difficultés rencontrées sur le marché du travail avant la crise ont persisté. Les femmes de la région sont confrontées à des taux de chômage beaucoup plus élevés que les hommes (15 % contre 7,8 %), ce qui est d'autant plus inquiétant que les taux d'activité féminins sont extrêmement bas. Autre élément très préoccupant: 23,6% des jeunes en âge d'être économiquement actifs étaient au chômage en 2010. La croissance de la productivité continue de stagner, ce qui laisse peu de chances de voir augmenter les rémunérations et les salaires ou se développer les systèmes de protection sociale. Dès lors, même si les perspectives économiques sont favorables pour la région, aucun des pays d'Afrique du Nord n'enregistrera probablement un taux de croissance suffisant pour lui permettre de réduire dans un avenir proche son déficit de travail décent.