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Un conseil de transition sous pression
Reportage : La situation en Libye
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 08 - 2011

De notre envoyé spécial à Tripoli Slaheddine GRICHI
Gueddafi a réussi l'exploit de se mettre (quasiment) tous les Libyens à dos. Et il a suffi que l'etincelle de l'insurrection parte de Benghazi pour que tout le pays s'embrase et que la majorité écrasante de la population se rallie au comité de résistance de Benghazi, devenu Conseil de transition. Aussi, se débarrasser du «colonel» s'est-il transformé en objectif commun, reléguant toutes les autres considérations au second plan. Ne dit-on pas que celui qui combat mon ennemi est mon ami? Ne l'a-t-on pas vérifié lors des deux guerres mondiales, par exemple, où les Etat-Unis d'Amérique se sont alliés à leurs pires ennemis, les Soviétiques, pour écraser une Allemagne trop «gourmande» et trop conquérante à leur goût? Mais une fois cette dernière à genoux, n'ont-ils pas commencé à se tirer sur les jambes, et même un peu plus haut, se livrant à une guerre pas si froide que cela, faisant trembler le monde plus d'une fois ?
Qui sont-ils et qu'attendent-ils ?
Pour la Libye qui est partiquement dans l'après-Gueddafi, de quoi et de qui sera fait l'avenir ? Le Conseil a, certes, gagné la bataille politique et diplomatique, mais il est loin, très loin, d'avoir gagné celle du terrain et du pouvoir d'y décider. Les Libyens et les «thouar», en particulier, sont encore trop occupés par la chasse à Gueddafi et à ses enfants, successeurs potentiels, pour penser au futur, à ce qu'il leur réserve et à ce qu'ils y exigent. En effet, salafistes (ils sont nombreux), progressistes, gauchistes (ou gauchisants), libéraux ou «âyacha» (sans casquette politique), sont aujourd'hui réunis autour d'une même cause, qu'ils soient obédients à la tribu ou à leurs propres principes et idéaux.
Hassan de Zenten qui pense qu'il est en train de mener une guerre sainte (tout en déclarant qu'il n'a aucun rapport avec Al Qaïda), n'y va pas par quatre chemins en parlant au nom de ses «frères» : «Nous nous sommes insurgés pour que la parole d'Allah soit la voie de la nouvelle Libye». Abderrazak de Tripoli rêve lui d'un pays où la démocratie, la justice et la répartition équitable des richesses entre régions et individus soient les règles immuables. Hamid, quant à lui, veut que la Libye devienne un pays moderne, qui ouvre ses vestiges et son patrimoine, formidables, aux visiteurs, qui exploite ses immenses plages vierges pour développer le tourisme afin de ne pas toujours compter sur le pétrole qui n'est pas éternel.
Ce sont là les avis de trois insurgés que nous avons sélectionnés, parce qu'ils résument les attentes de ces jeunes qui ont pris (et conquis) les armes, après Gueddafi. Comment concilier leurs avis et leur proposer un projet de société qui ne les pousse pas à se réinsurger et à reprendre les armes que plusieurs d'entre eux ne sont pas prêts à déposer, malgré les appels répétés dans ce sens? «Je ne remets pas ce qu'on m'a donné», «C'est ma seule assurance pour l'avenir», «Je veux que mes enfants sachent avec quoi j'ai chassé Gueddafi», autant de justifications et de prétextes pour garder des armes auxquelles ils commencent à s'habituer et qui leur donnent un sentiment d'invulnérabilité. Un casse-tête en vue pour le Conseil de transition qui doit jouer serré entre convictions religieuses, impératifs de l'appartenance à la tribu, nécessité de modernité et droit à la «contrepartie» ou au «butin de guerre» des combattants. La solution ne peut être que politique, ce qui suppose le passage aux urnes. Politique également, doit être le désengagement vis-à-vis de l'Otan.
Critiques et exigences
En effet, la multiplication des appels visant à convaincre la population des «bonnes intentions et de l'aide qu'apporte l'Otan» et de la nécessité de collaborer avec, semble avoir les effets contraires à ceux attendus. «Nous ne sommes pas sortis du joug de Gueddafi pour nous soumettre au diktat de l'Occident», «On veut nous voler notre pétrole», «Ce sont des mécréants suceurs de sang», tels sont, en majorité, les commentaires que nous avons recueillis. Plus encore, Salem, instituteur de son état, affirme que l'Otan agit comme un maître-chanteur : «On ne nous débloquera nos avoirs légitimes que lorsqu'on leur concédera les contrats les plus juteux. En tout cas, le Conseil de transition n'a aucun droit, ni aucune légitimité de le faire».
H.S, 30 ans, homme d'affaires et membre d'une association qui vient d'être créée, «l'Union des jeunes de la capitale», va plus loin en exigeant des changements radicaux au sein du comité de transition dont il reproche aux membres «d'être tous de l'Ouest, des «vieux» de plus de 60 ans et d'avoir plus ou moins collaboré avec Gueddafi».
De lourds nuages à l'horizon et une lourde tâche de changer, sans la brusquer, la culture même de l'obédience à la tribu et à la région (nous prions que les Cheikhs de Sabha et de Syrte concluent dans l'honneur un accord avec les «Hrouaiss et le Conseil de transition. Autrement, ce serait une plaie qui mettrait des décennies, sinon plus, à se cicatriser».
Il faut dans l'immédiat proposer un projet de société privilégiant la réconciliation, le rapprochement des points de vue ainsi qu'un vaste programme de réfection de l'infrastructure, de création d'emplois et de soutien social, car la pauvreté existe en Libye. Cela ne saurait être sans d'énormes moyens financiers et sans la garantie de la sécurité, ce qui suppose une reconstitution rapide de l'armée et des forces de l'ordre.


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