Le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi a organisé, hier, avec le concours des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du Développement régional, une rencontre sur la prospective et l'employabilité. Dans son allocution d'ouverture des assises de ce séminaire, M. Saïd Aidi, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, a insisté sur l'association des jeunes au dialogue sur la prospective, notamment les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. «Doivent être associés à ce dialogue aussi tous les acteurs, en l'occurrence les entreprises économiques, appelées à conforter les efforts de l'Etat en matière d'identification des demandes additionnelles d'emploi et d'intégration des chômeurs dont le nombre s'élève aujourd'hui à 700.000. Tous ces acteurs doivent s'unir pour trouver des solutions durables au niveau du secteur lui-même et des régions. Et c'est après la clôture du Mois de l'emploi que seront esquissées de nouvelles voies d'embauche et de formation des nouveaux postulants», précise M.Aidi. De son côté, M.Refaât Chaabouni, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a indiqué que la prospective est une méthode très importante parce qu'elle représente une aide à l'élaboration de la stratégie de promotion de l'employabilité. Elle anticipe sur les perspectives d'un secteur et nous permet d'agir et de ne pas être à la merci des évènements. «Il s'agit de voir les signaux faibles qui se sont amplifiés pour apporter les correctifs nécessaires, concevoir les scénarios adéquats. Cela nécessite une simple participation réfléchie basée sur des outils et des méthodes interpellés en termes de promotion de la formation, de l'innovation pédagogique, de développement de l'enseignement supérieur…, le tout en vue de relever le défi de l'emploi, de la recherche et des connaissances», ajoute le ministre. La rencontre sur la prospective et l'employabilité a proposé une approche triangulaire tout en mettant en exergue les complémentarités stratégiques pouvant en découler à travers la gestion des ressources humaines, l'employabilité et la démarche prospective. Au cours des travaux de cette rencontre, les professionnels ont mené un exercice de prospective stratégique sous forme d'atelier afin d'identifier les besoins de l'économie tunisienne en matière de recrutement des jeunes diplômés et de déterminer les facteurs de changements susceptibles de promouvoir l'employabilité. Dan son intervention, M.Riel Miller, prospectiviste, a dû préciser qu'après deux siècles de révolution industrielle douloureuse et imprévisible, l'image du travail comme source de richesse, de stabilité et de bonheur apparaît comme un modèle et l'employabilité comme un but universel. «Aujourd'hui, c'est cette approche qui domine et façonne notre image de l'avenir. Le Brésil, la Chine, l'Inde et une grande partie du monde en voie de développement tirent profit de l'expérience des pays industrialisés pour avancer plus vite‑: partout, pour produire le respect, l'autorité, les liens et bien sûr la richesse, on passe ainsi directement des systèmes économiques et sociaux agricoles à des systèmes industriels», souligne-t-il. Discipline intellectuelle, la prospective a vu le jour en réponse aux approches classiques qui sont disparates, introverties et parcellaires. «C'est un outil d'aide à la décision qui permet de penser autrement la complexité d'un système, de gérer les situations de crise, d'infléchir le cours des évènements vers le souhaitable et le réalisable et, par conséquent, de définir les orientations stratégiques», affirme M.Kais Hammami, prospectiviste dans son intervention intitulée «La mise en perspective de la prospective de l'employabilité». Le secteur de l'emploi en Tunisie comme partout dans le monde se trouve contraint d'évoluer dans un environnement complexe. Ainsi «pour assurer sa performance, les acteurs concernés devraient maîtriser tous les éléments de leur environnement. La libéralisation économique et financière d'une part, et les influences réglementaires, sociales, culturelles, politiques, religieuses et comportementales, d'autre part, obligent le décideur à revoir son mode de gestion et à l'adapter aux changements qui s'imposent à lui. Le futur est généralement synonyme d'incertitudes et d'aléas imprévisibles. A ce titre, les décideurs publics ont toujours cherché à se doter d'instruments leur permettant de maîtriser leur futur tout en mobilisant les différents acteurs autour d'un projet commun», ajoute M.Hammami. Le rôle de la prospective est donc l'anticipation des futurs possibles au service d'une action efficace et performante. Le passage à cette performance est conditionné par l'appropriation et l'implication des différents acteurs dans le processus décisionnel. C'est une réflexion sur l'avenir dont l'objectif est le présent. Les experts participants aux travaux de cette rencontre ont approfondi la réflexion sur la prospective stratégique afin d'identifier les potentialités et les facteurs de changement qui vont renforcer l'employabilité, en prenant en considération les spécificités de notre pays.