• Bien que les turbulences des marchés boursiers européens ne soient que conjoncturelles, et que certaines relèvent de spéculations non fondées, elles alimentent les craintes d'une longue récession économique. Les crises se répètent et ne se ressemblent pas. En effet, depuis l'avènement de la crise financière de 2008, les indicateurs de l'économie mondiale n'ont cessé de sombrer. A chaque fois, une nouvelle donne en provenance d'un nouveau coin du monde sème la tourmente. Et du coup, une rapide contagion se charge d'amplifier les répercussions sur la majorité des secteurs, dans les quatre coins du globe. Au bout de quelques heures, les marchés et les places boursières croulent au même rythme et les investisseurs, peu confiants et de plus en plus rétifs au risque, aggravent la tendance par le biais d'importants retraits quasi automatiques. Le phénomène s'est reproduit à maintes reprises, ces dernières années. De l'endettement galopant de la Grèce, à la rigidité de l'yuan, monnaie chinoise, en passant par le désastre nucléaire japonais et récemment le printemps arabe, les effets sur les principales Bourses du monde ont été toujours démesurés. Ni les plans d'austérité et de rigueur drastiques, ni ceux de relance ambitieux n'ont pu regagner la confiance des investisseurs et redresser par la suite les prévisions de l'économie mondiale, surtout celle des pays les plus avancés. D'ailleurs, bien que ces fluctuations ne soient que conjoncturelles, et que certaines relèvent des spéculations non fondées, elles alimentent les craintes d'une longue récession économique que certains jugent inévitable et dévastatrice. De nos jours, l'épicentre de la crise est le Vieux continent qui fut le modèle économique le plus avant-gardiste au monde, suite à l'adoption de la monnaie unique. Cependant, la crise des dettes souveraines, les dégradations continues des notifications des banques et des Etats et, dernièrement, la grave chute des principales Bourses européennes, ont dévoilé l'ampleur des défaillances structurelles et la fébrilité conjoncturelle de l'espace euro. En dépit des pertes colossales de capitalisation boursière, les avis divergent quant aux répercussions de la récente turbulence des marchés boursiers européens. Mais ils s'accordent que, désormais, l'incertitude est la seule constante du modèle économique. Selon les optimistes, les fluctuations boursières sont tributaires de la psychologie des investisseurs plutôt que d'une défaillance du rendement des systèmes productifs des entreprises. D'où, elles ne reflètent en rien la situation réelle des entreprises. Aussi, cette tendance baissière offre aux spéculateurs l'opportunité d'acheter des titres d'entreprises solides à des prix bon marché. Cette tendance acheteuse est de nature à contrer la chute et rééquilibrer le marché. D'où, ces turbulences seront sans effets à moyen et long terme. En revanche, d'autres, plus alarmistes, tirent la sonnette d'alarme. D'ailleurs, la dégradation de la valeur boursière place les titres de l'entreprise en dehors des portefeuilles des spéculateurs. De facto, il s'agit des difficultés à se ressourcer du marché boursier pour financer les projets programmés. A terme, la non-réalisation desdits projets, ou des premiers, est de nature à alimenter le scepticisme des investisseurs et risque d'entraîner les actions dans une spirale infernale. Pis encore, suite à la décote, les banquiers, pour leur part, seront plus réticents aux crédits. Donc, un handicap de plus à la réalisation des investissements prévus. Et un autre élément qui accélère la chute des titres, à terme. C'est à l'image de ces opérateurs que se dressent les fondamentaux macroéconomiques des pays. En effet, la santé économique réelle et boursière virtuelle des entreprises cotées, locomotive du tissu industriel et de service, fait la pluie et le beau temps des économies domestiques et d'ailleurs. Car ces entreprises créent des marchés à de multiples PME, génèrent d'importantes recettes en devises et pourvoient des emplois directs et indirects. Face à une telle situation préoccupante et la persistance de l'incertitude, le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a noté, lors d'une conférence de presse qu'" il n'est plus possible de naviguer à vue ".