Les interventions gouvernementales, que ce soit unilatérales ou multilatérales, se sont multipliés depuis Septembre 2008, pour essayer d'éteindre le feu. Au début, c'était désordonné, pour être ensuite mieux coordonné, que ce soit dans le cadre du G20 ou au sein des grands groupes économiques. Alors que nous apprêtons à fêter le deuxième « anniversaire de la crise », ou en est on ? Somme-nous encore en plein dedans, en train de sortir de la crise, ou sorti déjà ? Les différentes analyses et perspectives, ainsi que les différents indicateurs de l'économie mondiale ou certains pays développés ou en développement, prêtent parfois à confusion. En effet, des ondes de choc de la crise mondiale, se répètent de temps en temps, pour dissiper l'optimisme des conjoncturistes. Qu'en est il aussi de la Tunisie, qui s'est dotée d'un plan de relance important pour soutenir le tissu économique ? Sortie de récession et entame de la reprise : L'une des leçons de cette crise, est que les prévisions sont devenues très aléatoires, et parfois non valables. C'est l'incertitude et le flou total qui règnent. Chaque jour apporte son lot de surprises avec de nouveaux paramètres. L'économie mondiale est devenue très volatile au point de ne savoir à quelle hypothèse se fier. Même les grandes institutions dotées, des meilleurs conjoncturistes et les plus performants des modèles économiques, révisent constamment leurs prévisions. En témoigne, le récent rapport sur les perspectives économiques publié récemment par le FMI. En effet, d'Avril à Juin 2010, le FMI a relevé les perspectives de croissance de l'économie mondiale, d'un demi-point la faisant passer de 4% à 4,5%, tout en maintenant inchangé la croissance pour 2011 à 4,25%. L'une de principales affirmations est que les principales économies mondiales sont sorties de la récession. Ils enregistrent des signes positifs après avoir enregistré une croissance négative durant l'année écoulée. La récession était disproportionnée : -2.2% en France, -5% en Allemagne, -3.6% en Espagne. Elle était de -3.6% en 2009, pour les principaux pays avancés, et de -4.1% dans l'union européenne. La récession est donc laissée derrière. Pour 2010, le FMI prévoit une croissance pour les Etats Unis de 3.3% et de 1% pour la zone euro. Seule bémol, est que cette sortie de récession n'a pas été suivie par une reprise de l'emploi. En effet, le chômage bat son plein dans les principales économies, et surtout dans la zone OCDE. Selon le dernier rapport de l'OCDE sur l'emploi, publié le mois dernier, et au premier trimestre 2010, l'emploi avait reculé de 2.1 % en deux ans dans la zone de l'OCDE, et le taux de chômage avait augmenté d'un peu plus de 50 %, atteignant 8.7 %, ce qui correspond à un accroissement du nombre des chômeurs de 17 millions de personnes. Les dernières projections donnent à penser que le taux de chômage de la zone de l'OCDE pourrait encore dépasser les 8 % à la fin de 2011. Une donnée importante qui laisse penser que s'il y a reprise, elle s'est faite sans emploi. Ce qui entraîne une baisse considérable de la demande et de la consommation mondiale. L'autre affirmation est que les pays en développement, et spécialement les BRIC, n'ont pas été touchés pleinement par la crise, et entament déjà un cycle de croissance vigoureuse. En 2009, la Chine a enregistré une croissance positive de 9,1%, l'Inde une croissance de 5.7%, et le Brésil une baisse de seulement -0.2%. Les perspectives pour l'année en cours sont très positives : la Chine 10.5%, l'Inde 9,4% et le Brésil 7.1%. Ces pays semblent être les locomotives de la croissance mondiale, et laissent déjà la crise derrière eux. Quant au commerce mondial, et après avoir essuyé une baisse de 11.3% en 2009, il entame déjà sa reprise avec une croissance de plus de 25% au premier trimestre de 2010, et des perspectives dépassant les 10% pour toute l'année en cours. L'investissement dans le monde reprend peu à peu, surtout grâce aux mesures d'assouplissement des conditions de crédit, et la nécessité de renouveler le matériel pour certaines entreprises, qui ont arrêté leurs investissements durant la crise. Ceci va se traduire aussi par une reprise de la production industrielle qui a enregistré une hausse de 10% au cours du premier semestre de 2010. La crise récente de la zone euro est venue perturber le regain d'optimisme des premiers mois de 2010, pour semer encore le doute sur la viabilité et la solidité de la reprise. Après la grave crise de la Grèce, les problèmes financiers de l'Espagne, le Portugal, l'Italie, et l'Irlande, tous les pays de la zone euro font face actuellement à des niveaux de déficits publics importants. Sans exception, tous les pays de la zone euro ont pris des mesures d'austérité qui auront un impact important sur la consommation des ménages et de l'emploi. Ces mesures d'austérité sont associées au plan de garantie important développé entre la zone euro et le FMI, d'un montant de plus de 450 milliards d'euros. Au niveau financier, l'économie mondiale n'est pas encore sur les rails, et les marchés boursiers sont encore très fragiles. La reconversion totale est tributaire de l'application des nouvelles normes de régulation financière adoptées au sein du G20 ou la loi américaine sur la règlementation financière qui va être présenté dans quelques jours au sénat américain. Pour résumer, il faut affirmer que l'économie mondiale est sortie de la récession, et entame déjà la montée de la croissance. Mais cette croissance est très fragile et nécessite une grande prudence. Donc l'optimisme d'une sortie de crise ne doit être que mitigé.
Des signes positifs pour la Tunisie : Avec un optimisme modéré, on peut affirmer que les principaux indicateurs économiques de la Tunisie, confirment une reprise sûre et solide. La Tunisie a enregistré une croissance positive de 3.1% en 2009, après des projections de plus de 6%. Pour l'année en cours on projette de réaliser une croissance de 4.5%. Le plan de relance au profit des entreprises exportatrices, engagé depuis un an et demi, porte ses fruits. Après avoir enregistré une baisse de 17.6% des exportations en 2009, elles enregistrent une croissance de 19.1% au premier semestre de l'année, malgré un déficit commercial important de 4432MD. L'inflation est maîtrisée dans des proportions raisonnables de 4.8% au cours du premier semestre de l'année, ce qui permet de maintenir un niveau de pouvoir d'achat acceptable et soutient la compétitivité économique. Les IDE retrouvent des niveaux relativement important, en proportion à la crise, avec des investisseurs qui croient encore à la viabilité de la Tunisie en tant que site privilégié d'investissement. La hausse des IDE était de 6.2% au cours des 4 premiers de l'année totalisant 594MD. Quant aux investissements industriels déclarés ils essuient une baisse légère de 6% au cours des 4premiers mois de l'année. La saison touristique ne s'annonce pas catastrophique en pleine saison, malgré les craintes de la baisse du nombre des touristes européens. En effet, selon les derniers chiffres, les entrées des touristes non résidents en Tunisie au cours des cinq premiers mois de 2010 ont enregistré une légère baisse de 1,5% par rapport à la même période de l'année précédente pour s'établir à 2, 205 millions de visiteurs. A l'instar de l'analyse qui s'est faite à l'échelle de l'économie mondiale, la reprise entamée en Tunisie ne s'est pas faite avec l'emploi, qui reste l'une des priorités du gouvernement et du programme présidentiel. Ce chômage reste encore plus important au niveau des diplômés du supérieur. Les investissements annoncés par certains grands groupes chez nous, vont certainement contribuer à résorber la demande additionnelle d'emploi. Les mesures présidentielles pour l'emploi, dans le cadre du programme présidentiel aideront à réduire le niveau du chômage aux projections du 12ème plan de développement qui tablent sur 11.3%. La Tunisie continuera à profiter certainement de la reprise de la croissance annoncée à l'échelle mondiale, et surtout de l'assainissement annoncé des finances publiques de la zone euro, principal partenaire commercial. Les exportations, ainsi que la demande intérieure seront certainement les clés de la croissance en Tunisie, et aideront à consolider la reprise. Il faut rappeler que le secteur financier tunisien n'a pas ressenti les effets de la crise financière mondiale, et est à l'abri de tout choc externe à ce niveau. La Tunisie a montré au cours des périodes précédentes de grandes capacités d'adaptation aux bouleversements économiques. C'est dans ce cadre que les politiques macroéconomiques devront s'adapter aux évolutions d'un environnement international incertain pour accompagner au mieux une amélioration de la croissance tunisienne. Pour conclure, la Tunisie est en pleine reprise économique sûre, avec des perspectives très optimistes. Cependant les réformes économiques, surtout de l'environnement des affaires doivent continuer pour soutenir l'investissement. D'autres mesures sont aussi nécessaires au niveau de la diversification des marchés à l'exportation et de l'impulsion de la demande intérieure et de l'amélioration du pouvoir d'achat.