Quelles approches de communication devrait mettre n œuvre le ministère de l'Intérieur afin que la police soit réellement et effectivement au service de la démocratie ? Comment restaurer la confiance entre le citoyen et l'agent de sécurité ? Comment édifier une nouvelle culture où les forces de sécurité assurent le rôle de partenaire agissant dans la réussite de la transition démocratique ? La promotion d'une nouvelle image de la police de l'étape post-révolution peut-elle être considérée comme une responsabilité partagée entre l'ensemble des acteurs du paysage politique national? Le colloque organisé, hier, par le ministère de l'Intérieur sur le thème «Des approches de communication pour une police au service de la démocratie» a essayé de répondre à ces questions en invitant des spécialistes étrangers et des communicateurs tunisiens à un débat sur le bilan de communication préliminaire réalisé par le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des force armées (Dcaf)», sur «la transparence en tant qu'outil de regain de la confiance» et sur «le rôle des partis politiques et des associations dans l'approche de communication stratégique». Attentes et recommandations Le rapport préliminaire réalisé par le Dcaf et présenté par M. Arnold Luethold, directeur des opérations Afrique et Moyen-Orient au Centre, dégage une série de constatations de la société civile et des médias sur la méthode de communication utilisée par le ministère. Il fait des recommandations de nature à rectifier l'image des forces de sécurité intérieure et à faire en sorte qu'elle cadre avec les objectifs de la Révolution. En tête des constatations, l'on cite la persistance de l'opacité. «Les personnes consultées citent l'absence de communication sur les projets du ministère et ses stratégies et déplorent le manque de transparence sur son organisation. Ils constatent également un manque de confiance entre la population et les forces de sécurité. Du fait du manque de communication sur la mission de la police, le port des cagoules lors des manifestations ainsi que la dissolution de la police politique continuent à nourrir les inquiétudes des citoyens». Le rapport relève aussi que «les acteurs de la société civile estiment que le comportement des forces de sécurité intérieure ne correspond pas aux attentes des citoyens». Et comme le ministère ne communique pas sur les normes de conduite des agents de sécurité, «ils en déduisent qu'il exerce peu de supervision sur le comportement de ses agents». Comment le ministère doit-il communiquer, d'une manière crédible, son engagement en faveur des réformes et valoriser sa volonté ferme de pousser ses agents à assurer le respect des règles du droit et à changer de comportement ? Pour répondre à cette importante interrogation, les recommandations émises par le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées de Genève (Dcaf) insistent sur les conseils suivants : – Donner aux agents de l'ordre une face humaine et éviter qu'ils soient déshumanisés (par exemple par le port de cagoules). – Assurer le respect des droits de l'Homme par les membres des forces de sécurité – Instruire les membres des forces de sécurité intérieure sur le comportement à adopter vis-à-vis des représentants des médias et des ONG nationales et des organisations internationales. Transparence pour le regain de confiance M. Abdelkrim Hizaoui, directeur du Capjc et chercheur en communication, a profité de l'occasion pour annoncer que le centre est disposé à assurer des cycles de formation au profit des cadres sécuritaires chargés de communiquer avec les journalistes en vue de leur permettre de découvrir les techniques de l'information et de la communication en cette période de transition démocratique où l'information joue un rôle primordial. Quant à Sabah Mahmoudi, enseignante à l'Institut de presse et des sciences de l'information, elle appelle les partis politiques et les associations à adopter une nouvelle vision de l'agent de sécurité qui s'éloigne de la confrontation et la suspicion et milite pour la consécration d'une nouvelle culture selon laquelle les policiers sont à considérer comme des partenaires indispensables dans la réussite de la transition démocratique.