Les réactions aux derniers événements qui ont suivi la diffusion par la chaîne Nessma TV d'un film irano-français, Persépolis, se sont multipliées, émanant en particulier des partis politiques : ils condamnent tous des agissements qui relèvent de la violence, mais certains d'entre eux attirent aussi l'attention sur le fait que la diffusion d'un tel film, heurtant la croyance religieuse commune, relève de la provocation en ce contexte précis. Ces prises de position constituent des éléments intéressants qui permettent de se faire une idée plus précise de l'identité politique des formations en question. Aussi avons-nous tenu à en répercuter l'écho, dans la limite de l'espace qui nous est imparti dans cette page. On notera que certaines parties ont choisi, malgré le décalage de temps, de prendre position sur les événements survenus dans l'enceinte de la Faculté de Sousse, à l'exclusion de ceux, plus récents, liés à l'affaire Nessma : un choix qui, à sa façon, se prête à une interprétation... Enfin, il convient de relever qu'une procédure judiciaire est en train de prendre le relais des troubles, à l'initiative de certaines parties qui jugent que la diffusion par Nessma d'un tel film tombe sous le coup de l'atteinte aux croyances de nos concitoyens… A suivre ! Le Parti de l'indépendance : adhésion au droit de l'expression artistique Le Parti de l'indépendance dénonce tous les actes de violence survenus au sein de l'université de Sousse, et l'agression contre les locaux de Nessma TV, ainsi que les incitations à la violence et à la haine sur certaines pages de Facebook, et invite à la retenue, au respect de l'autre et à privilégier le dialogue pour solutionner toutes les divergences d'opinions. Le Parti de l'indépendance proclame son adhésion totale aux droits universels, notamment à la liberté d'expression et de l'expression artistique. Afek Tounès : appel à faire face aux agissements Les événements survenus ont suscité de la part du parti Afek Tounès un communiqué de presse dans lequel il appelle toutes les forces agissantes à assumer leurs responsabilités et à faire face à «ces agissements, de manière à assurer la poursuite de la marche vers la réalisation de la dignité… Afek Tounès rappelle, par ailleurs, sa conviction quant au droit à la différence et à la liberté d'expression, en tant que piliers importants de la démocratie. El Mejd : une provocation gratuite Pour le parti El Mejd, la chaîne de télévision Nessma est tombée dans la provocation gratuite et constitue une menace contre la paix civile et la transition démocratique. Le parti, qui réaffirme le principe de liberté d'expression en tant que revendication principale de la révolution, appelle tout le monde à faire preuve de raison et à faire prévaloir l'intérêt de la Tunisie sur les intérêts partisans. Le PRD appelle à défendre les bases de la cohabitation Le Parti réformiste destourien est également présent pour exprimer sa position. Il désapprouve toute forme de violence, quelles qu'en soient les motivations, dénonce toute forme d'extrémisme, met en garde contre la dangerosité des événements qui constituent une menace pour l'opération de transition démocratique. Il appelle enfin les différentes composantes de la société à se mobiliser contre de tels agissements qui ébranlent les bases de la cohabitation pacifique. L'Anpp réagit Suite aux incidents provoqués par la diffusion du film Persépolis par la chaîne Nessma TV, l'Alliance nationale pour la paix et la prospérité a publié un communiqué dans lequel elle exprime sa position en quatre points : 1- La diffusion d'un tel film dans ce contexte, deux semaines avant les élections, était inopportune et de nature à provoquer les courants religieux 2- La réponse, comme en toute affaire où la loi dit son mot, devait se placer sur le terrain judiciaire et les moyens de protestation pacifiques sont les seuls indiqués. L'attaque de la chaîne et de ses employés, enfin, est un acte qui s'expose aux dispositions de la loi 3- Il existe des scénarios visant à faire échouer les élections et certains d'entre eux évoquent la mise à l'écart d'une figure importante du paysage politique. Par conséquent, la vigilance s'impose à tous afin de préserver les noces démocratiques 4- Il incombe au ministère de l'Intérieur de prendre ses gardes afin de ne pas être soupçonné d'être complice de tels scénarios, et ce, en s'assurant que les personnes arrêtées ont réellement commis des actes de violence. Pour le MPT : des groupes qui cherchent à imposer leur loi Le Mouvement progressiste tunisien a exprimé dans un communiqué sa solidarité avec les parties prises pour cible lors des événements en question. Il dénonce le comportement agressif des groupes extrémistes qui s'abritent derrière l'argument de la religion et qui font de la violence le moyen de leur action en vue d'imposer leur loi sans égard ni pour les institutions ni pour les principes de liberté de croyance et du droit à la différence. Cnlt : un désordre injustifié Prenant position sur les événements qui se sont produits dans l'enceinte de la faculté des Lettres de Sousse, le Conseil national des libertés en Tunisie a exprimé sa réprobation sévère de ces agissements dangereux venant de groupes étrangers à la faculté. Il dénonce le viol de l'espace universitaire en tant que menace contre la sécurité des étudiants et des fonctionnaires. Enfin, il considère qu'il s'agit avec cet incident d'une initiative qui relève du désordre et qui n'est pas justifiée. Le Parti pour le progrès dénonce une menace contre l'avenir des libertés Le Parti pour le progrès a tenu à faire part de sa profonde inquiétude, voyant dans les derniers événements une menace dirigée contre l'espace universitaire et médiatique qui portent en eux des positions extrémistes, qui constituent des dangers contre l'avenir des libertés dans le pays et contre la transition démocratique dans son ensemble. Le Poct s'indigne Les membres de la liste de «l'Altternative révolutionnaire» relevant du Parti des ouvriers communiste tunisien (Poct) dénoncent fermement les actes de violence survenus à la faculté des Lettres de Sousse et expriment leur soutien aux cadres, aux enseignants, au personnel et aux étudiants de la faculté. Dans un communiqué publié hier, ils appellent les autorités régionales à assumer leurs responsabilités en matière de préservation de la sécurité des institutions universitaires et exhortent les composantes de la société civile et du paysage politique national à s'opposer vigoureusement à ces pratiques étrangères à nos mœurs. Le Mdre : non à la violence et à l'extrémisme Le parti du Mouvement démocratique pour la réforme et l'édification (Mdre) a publié une déclaration dans laquelle il «considère que ces actes constituent une violation grave de la liberté d'expression et de l'intégrité de l'université». Le Mouvement appelle les partis, les forces démocratiques et les composantes de la société à se mobiliser pour défendre la liberté d'expression et l'intégrité de l'institution universitaire contre «ces pratiques menaçant la démocratie et l'adhésion de la Tunisie à la dynamique internationale de modernité et de progrès».