Il n'y aura donc pas de saison blanche. Au bout d'une centaine de jours de trêve, la famille du football d'élite a convenu d'une reprise à partir de ce week-end C'est quasiment un nouveau championnat qui commence tout à l'heure. Les nombreux matches amicaux représentent un pis-aller auxquels avaient échappé d'une certaine façon les quatre représentants aux compétitions continentales qui eurent quatre rencontres officielles à se mettre sous la dent, ce qui leur procure un avantage non négligeable à l'heure de rechausser les crampons. Le contexte : sécurité et budgets, gros soucis Ce contexte est dicté par deux impératifs majeurs sur lesquels avaient insisté les présidents des clubs au cours des nombreuses réunions tenues avec les instances fédérales. - La sécurité dans les stades laquelle constitue une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des dirigeants des clubs. Ceux-ci ont unanimement rejeté la solution du recours à des stadiers pas encore préparés pour d'aussi lourdes charges dans un contexte instable. Finalement, le service d'ordre assurera l'épineux volet de la sécurité qui touchera — une première absolue dans l'histoire du foot national — uniquement le public local. En effet, interdiction a été faite aux supporters des clubs visiteurs d'accéder aux sept stades de la Ligue 1, ce qui ne manquera pas de susciter une certaine confusion dans l'indispensable tri des tifosi à l'entrée des stades. - Les équilibres financiers, fortement grevés par un trimestre de dépenses à fonds perdus sans aucune recette en contrepartie. Tous les clubs de Ligue 1 se trouvent, aujourd'hui, fortement surendettés. Depuis un mois, ils lancent de désespérants appels au secours pour renflouer les caisses et invitent ministère et fédération à intervenir pour débloquer les subsides vitaux des droits TV, de Promosport, des subventions assurées par les collectivités publiques locales… sans le sou, les responsables des clubs sont confrontés à des mouvements de grève et presque de fronde. Dernier acte de soulagement pour les caisses des clubs : un accord a pu être trouvé avec la télévision nationale qui a fait réviser les termes du contrat sur les droits TV dans le sens d'une ouverture sur Nessma TV à laquelle elle cède les droits d'une quinzaine de rencontres entre coupe et championnat. Les recettes générées par le nouvel accord sont de quatre millions de dinars (contre 5,2 au départ), Nessma TV devant débourser 400 mille dinars. Avec les recettes aux guichets, de l'argent frais va soulager les comptes des clubs. Ce qui n'empêche pas que face à une certaine démesure économique, il faut revenir à une forme d'austérité en revoyant, par exemple, les gros salaires des joueurs à la baisse et en enfinissant avec les fameuses folles primes royales. Compétition : le titre se joue à deux Le duel Espérance de Tunis (1ère, 32 points), Etoile du Sahel (2e 31 pts) va reprendre de plus belle. On ne devrait raisonnablement retrouver que l'un de ces deux clubs à la première place en fin de saison, le troisième au classement, le Club Sfaxien, pointant à neuf longueurs du leader. Nous étions restés sur une franche victoire (5-1) du dauphin étoilé qui le remet en selle. Il est pourtant clair que la centaine de jours d'arrêt risque d'occasionner certaines surprises. Tous les entraîneurs ont dû travailler pendant ce temps en «aveugles». Si l'on peut s'exprimer ainsi, n'ayant aucune date de reprise leur permettant de fixer, d'agencer et de rythmer leur préparation en fonction de cette date. Calendrier : des travaux herculéens C'est à un véritable marathon que seront conviés les forçats du ballon rond. Il n'y aura guère de répit, donc, puisqu'on doit boucler la saison d'ici la fin du mois de juin. Les échéances africaines, aussi bien des sélections nationales que des clubs, vont intérférer pour rendre le calendrier encore plus lourd et chargé. Sans parler de la coupe de Tunisie qui, fort heureusement, n'a pas été sacrifiée dans cette saison exceptionnelle. C'est ainsi que le comité d'urgence de la fédération tunisienne, réuni jeudi, a fixé les dates suivantes pour la suite de l'épreuve de la coupe : - Quarts de finale : 25 mai - Demi-finales : 3 juillet - Finale : 9 juillet Instances : un dérèglement inévitable Au-delà de la guerre des clans en son sein, l'exécutif fédéral paraît plus que jamais fragilisé par la démission du président de la FTF, M. Ali Hafsi Jeddi laquelle a été rejetée par ses pairs du bureau fédéral, comme l'avait souligné, il y a trois jours, le porte-parole, M. Hédi Fouchali. D'ailleurs, plusieurs fédéraux avaient annoncé qu'ils se retireraient au cas où leur patron s'en allait. Ce climat d'instabilité fait subir aux rouages fédérales un dérèglement inévitable, en attendant les ajustements indispensables qui pourraient prendre la forme d'une convocation d'une assemblée générale élective. Dans l'immédiat, le bureau actuel, qui n'a jamais eu pieds et poings liés, doit mener la suite de la saison à bon port. Fédération et Ligue nationale professionnelle mesurent parfaitement les lourdes implications de la gestion de compétitions en rupture avec les pratiques clientélistes d'antan tant une certaine éthique correspondant à la perception du public reste à sauver.