«Regardez, j'ai les cheveux blancs et je vote pour la première fois de ma vie, c'est une journée très particulière. C'est la démocratie en marche, c'est le peuple qui décide pour de bon quelle sera la couleur de l'Assemblée constituante». Ainsi parla un électeur d'un âge certain au micro d'El Watania 1. Les témoignages sur les élections de l'Assemblée constituante se suivent, les uns plus euphoriques que les autres : «C'est une journée très spéciale», lance une jeune fille BCBG devant le bureau de vote d'El Menzah 5. «Le vote est une première pour moi», surenchérit une vieille femme sagement debout dans la file d'attente consacrée uniquement aux femmes devant un des bureaux de vote de Médenine. Pareils témoignages reflétant l'importance historique de la journée du dimanche 23 octobre 2011 ont fleuri tout au long de la couverture non-stop de l'événement par les chaînes locales et même étrangères. D'ailleurs, France 24 a consacré un spécial à partir de 17h00, France 2, TF1, El Jazeera, BBC, El Arabia et tant d'autres. Il est vrai que la Tunisie vote pour la première fois de son histoire de manière libre, transparente et démocratique et que l'enjeu est de taille : l'élection d'une deuxième Constituante, plus d'un demi-siècle après celle de 1959. Mais focalisons-nous, d'abord, sur les chaînes publiques : pour fêter l'événement, El Watania 1 et 2 ont proposé un direct intitulé Journée électorale. Pour ce, trois super-plateaux ont été aménagés dans le studio Néjib-El Khattab : le plateau central au décor faste et deux autres annexes façon «fun», celui des blogueurs et celui consacré aux stars du monde artistique. Durant les trois tranches de quatre heures qui ont démarré dès 10 heures du matin et qui se sont poursuivies tard le soir, ont défilé sur le petit écran des personnalités de la société civile, des hommes politiques, le président de l'Isie Kamel Jendoubi, des journalistes dont l'excellentissime Abdelberi Atwan, le Palestinien, et autres experts pour commenter la genèse de la révolution et ses moments forts dont El Kasbah I et II, la démission du Premier ministre Mohamed Ghannouchi et l'avènement du gouvernement Béji Caïd Essebsi. Sans compter les bilans de la Haute instance et des Commissions nationales d'investigation sur les dépassements et les violations (Cnidv) et d'investigation sur les affaires de corruption et de malversations commentés par leurs présidents respectifs. L'ensemble des débats, entretiens, flash-back et rétrospectives sont entrecoupés de plages d'informations agrémentées de duplex dans les 27 circonscriptions du territoire avec des zooms sur l'organisation, les dépassements et autres anicroches dans certains bureaux de vote. Ces plages de direct ont été animées successivement par Zina Khemiri, Iheb Chaouch, Walid Abdallah et enfin Elyès Gharbi, un «pro» de retour à la maison-mère. Tous les genres y étaient dans ce long et intéressant direct : entretiens, débats, reportages, commentaires entre autres des chefs de partis et de listes indépendantes sur le taux sans précédent de participation à ces élections qui ont exprimé leur surprise et satisfaction de cette formidable affluence des électeurs. Cela dans l'attente de la conférence de presse du président de l'Isie (Instance supérieure indépendante pour les élections) sur les résultats des élections de l'Assemblée constituante certainement suivie des commentaires des candidats partisans et indépendants et autres spécialistes et experts. Même intérêt pour l'événement historique du côté des chaînes privées Hannibal TV et Nessma-TV qui y ont consacré, dès le matin, des plages entières entre couverture des élections, entretiens, reportages, bilans et débats sur des sujets et les problèmes de l'heure, justice, économie, etc. Le mot de la fin nous le piquons à notre collègue Moncef Ben Mrad qui, sur le plateau de Hannibal TV, a rappelé à tous que «nous devons ce grand jour électoral au sacrifice de 300 victimes et martyrs de la révolution qui ont donné leur vie afin que les Tunisiens puissent vivre ces élections libres qui augurent d'un grand pas vers la démocratie». Tout ça pour dire que les chaînes locales ont été, dans un élan euphorique, en communion avec le peuple, grâce à une couverture complète et vivante, à la hauteur de l'événement, si l'on excepte quelques bavures et graves erreurs d'appréciation telle celle commise par la journaliste d'El Watania qui a affirmé que «la date du 25 juillet 1957 était un coup d'état de Bourguiba contre le Bey» (sic) Etrange non ? Une mention spéciale, malgré tout, pour les chaînes publiques qui ont mobilisé de grands moyens techniques et humains et tout leur savoir-faire pour marquer et célébrer cette date historique du 23 octobre 2011.