• Cinquante observateurs francophones ont suivi de près le déroulement du scrutin de la Constituante. Ils avancent des recommandations pour garantir des élections irréprochables • Appel lancé aux politiciens pour qu'ils respectent la démocratie et l'Etat de droit auxquels aspirent les Tunisiens La Mission internationale de la Francophonie a déclaré, hier, lors d'un point de presse tenu à Tunis, son appréciation quant à l'organisation des premières élections transparentes et conformes au principe de la démocratie en Tunisie. M. Ahmedou Ould Abdallah, chef de la mission, a souligné, d'emblée, l'intérêt qu'accorde la Mission à la Tunisie en tant que pays francophone mais aussi en tant que pays en phase de transition démocratique et à un tournant décisif de son histoire. Chapeautant une cinquantaine de délégués francophones, issus de pays et de cultures diverses, M. Ould Abdallah a souligné l'importance de cette première expérience tunisienne; une expérience méritant intérêt, observation, appréciation et critique. Les observateurs francophones ont suivi de près le déroulement du scrutin relatif à l'Assemblée nationale constituante. Ils ont visité 366 bureaux de vote. Ils ont également observé 25 bureaux de vote lors de l'opération de vote et 25 autres, lors de l'action de dépouillement. «Nous avons même vérifié la qualité de l'encre électorale qui s'avère infaillible», souligne l'orateur. Il a également salué le peuple tunisien pour son sens de responsabilité patriotique et pour le civisme dont il a fait preuve lors du scrutin. La mission a remarqué, non sans satisfaction, l'affluence massive des Tunisiens pour participer à l'élections de l'Assemblée nationale constituante; une étape fondamentale dans la transition démocratique. Face au sens de responsabilité confirmé des Tunisiens, la mission met les politiciens face à leur devoir; celui de respecter les droits des citoyens et des femmes en particulier. Les politiciens sont appelés, également, à garantir le bon fonctionnement des institutions démocratiques et la primauté des droits dans un pays qui se veut désormais libre et démocratique. Intéressant engagement des jeunes M. Ould Abdallah a indiqué également que la mission félicite la Tunisie pour l'impressionnant engagement de la société civile dans l'organisation des élections de l'Assemblée nationale constituante et de la présence des jeunes qui se sont mobilisés pour assurer la mission d'observateurs nationaux. Le respect du principe de la parité entre les genres dans les listes candidates ainsi que la couverture équitable de la campagne électorale s'ajoutent aux notifications positives de cette première dans l'histoire de notre pays. «S'agissant de la mise en œuvre du processus de préparation et d'organisation de ces élections, la mission de la Francophonie félicite le travail réalisé par l'Instance supérieure indépendante pour les élections, dans des délais très contraints et un contexte souvent difficile, alors que la Tunisie n'a jamais connu d'élections libres et pluralistes», souligne le chef de la mission. Il a indiqué que le sens de la minutie et de la perfection sont à l'origine du retardement des résultats; l'Isie s'applique à des précautions considérables afin de garantir la transparence du scrutin. M. Ould Abdallah n'a pas manqué aussi de féliciter la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique pour la qualité du cadre juridique et politique et des conditions favorables mises à la disposition des différents acteurs pour la réussite du processus électoral. Les observateurs francophones ont noté, par ailleurs, que l'opération de vote a été réalisée dans un cadre matériel et moral favorables. La bonne organisation des élections se traduit, en effet, par une logistique et un matériel électoral satisfaisants, par la facilité de l'accès aux bureaux de vote, le respect de la loi réglementant le scrutin, mais aussi par le sérieux des membres des bureaux de vote ainsi que la lucidité des forces de sécurité. Cependant, et malgré l'appréciation du déroulement du premier scrutin démocratique en Tunisie, les observateurs francophones ont décelé certaines imperfections, des «dysfonctionnements mineurs» tels que l'encombrement des listes candidates qui a conféré à l'opération de vote – mais aussi à celle du dépouillement — une certaine difficulté. L'opération de vote n'était pas facile pour toutes les personnes; les personnes âgées, celles porteuses de handicap et celles analphabètes ont eu du mal à exercer leur droit de voter en toute aisance. Le chef de la mission de la Francophonie attire l'attention sur une autre imperfection, à savoir «l'adoption tardive de certaines dispositions, en particulier celles relatives aux modalités de vote des électeurs non inscrits par la mise en place de bureaux spéciaux dont le fonctionnement a pâti d'une insuffisance d'information en direction des électeurs concernés». Recommandations Partant de l'observation des élections de l'Assemblée nationale constituante, de cette première expérience de la Tunisie post-révolutionnaire en matière d'élections libres et transparentes, la mission de la Francophonie avance quatre recommandations à même d'aider la Tunisie à bien concevoir le cadre électoral. Ces recommandations appellent, en effet, à la généralisation de la liste électorale, dans le cadre, notamment d'un dispositif durable. Elles attirent l'attention sur l'indispensable perfectionnement de la formation des observateurs et sur la nécessité de mettre en place une instance indépendante permanente, chargée de l'organisation des scrutins. La mission souligne également l'importance du financement des partis politiques et des campagnes des candidats. Elle insiste sur la nécessité de respecter les droits et de veiller à la garantie des conditions d'enregistrement non discriminatoires. La mission de la Francophonie insiste également sur le respect de l'éthique électorale mais aussi le respect, par les partis, de la volonté du peuple qui proclame liberté et démocratie et qui aspire à un pays paisible et pluraliste.