Comme l'indique son appellation, l'orientation professionnelle est l'art de convaincre ou de dissuader, à plusieurs niveaux de communication, expliquant aux demandeurs de formation l'éventail des filières enseignées et les débouchés qui en découlent. Dans le cas d'espèce, le bénéficiaire n'est autre qu'un jeune postulant en quête d'une formation diplômante, ayant l'ambition d'avoir une place sur le marché du travail. Mais sa formation risque de n'aboutir à rien s'il n'est pas parti du bon pied. Compte tenu de son rôle capital qui n'est plus à démontrer, l'orientation professionnelle s'impose en tant que boussole de direction sur la voie de l'emploi. Aujourd'hui, responsables administratifs, acteurs économiques et directeurs des centres de formation relevant de l'Agence tunisienne de la formation professionnelle se penchent sur le devenir de la fonction orientation. Ce corps de métier vital, qui demeure, jusqu' à nos jours, sans âme, n'a jamais pris forme. Ainsi, les supposés «orientateurs» dans certains centres de formation ne sont guère confirmés dans leur poste. Ils ne font que rendre un simple service. Et, dans le meilleur des cas, répondre aux questions posées, sans y apporter de plus amples éclaircissements. Insuffisances signalées Autant de lacunes liées à des insuffisances tant au niveau du matériel (connexions internet, Ntic…) qu'à celui de la disponibilité des informations exhaustives et de la formation adéquate du personnel en charge de la fonction d'orientation. Mme Samira Hached, directrice de l'information et de la communication au sein de l'ATFP, n'a pas manqué de qualifier les essais et les tentatives de réforme sur ce plan d'«embryonnaires». Faute d'une stratégie claire, et partagée entre les différents intervenants concernés, la question de l'orientation demeure, de la sorte, le parent pauvre du dispositif de la formation. «Et la professionnalisation des ‘‘orientateurs'' reste à parfaire», fait-elle remarquer. Leur rôle s'est limité beaucoup plus à informer qu'à orienter. Les prestations actuelles n'ont pas de liens assez solides avec le marché du travail et l'évolution des services d'orientation ne s'inscrit pas dans une stratégie cohérente. D'autant plus que les efforts déployés au fil de ces dernières années ne sont pas bien coordonnés. D'où la nécessité, aujourd'hui, d'unifier les rangs en vue d'une nouvelle approche participative impliquant tous les partenaires actifs et agissants dans le processus de formation au niveau aussi bien national qu'international. L'appel est lancé, de prime abord, aux directeurs des centres, en étroite coopération avec l'ATFP qui veille, actuellement, à la mise en place de la fonction d'orientation professionnelle, aux perspectives de son développement et aux défis à relever pour la concrétiser. En prélude de cette nouvelle stratégie de communication, l'ATFP a commencé par défricher le terrain. Elle vient de créer tout récemment sa page facebook afin de mieux gérer les dialogues et les concertations avec ses partenaires. L'agencement et l'actualisation des informations liées au sujet de l'orientation font également l'objet d'échanges interactifs. De même, des sessions de formation seront-elles prévues au profit des conseillers d'orientation au sein des centres spécialisés, de manière à leur assurer l'encadrement professionnel requis, en mettant à leur disposition toute une base de données régulièrement mises à jour. Autrement dit, une mise à niveau intégrale des compétences des centres de formation. Une stratégie à long terme Comparés à leurs homologues britanniques, les spécialistes de l'orientation professionnelle en Tunisie sont encore loin du niveau cognitif espéré. Ils le sont encore moins sur le plan communicationnel pour stimuler davantage les demandeurs de formation. Idem pour les chefs d'entreprise. Ceux-ci n'arrivent pas à sortir de l'ornière du recrutement classique, au moment où leur apport dans l'identification des besoins économiques en main-d'œuvre qualifiée s'avère des plus déterminants. Pour toutes ces raisons, un nouveau partenariat tuniso-britannique se profile à l'horizon pour s'inspirer du modèle du Royaume-Uni en matière de conseils et d'orientation. La visite, au cours du mois de septembre dernier, de certains responsables britanniques au centre de formation et d'apprentissage d'El Omrane et à celui spécialisé en agroalimentaire de la Cité El Khadra, à Tunis, n'était pas due au hasard. Elle s'inscrit dans le cadre de l'échange d'idées sur la mise en place de la fonction d'orientation professionnelle dans le dispositif national de la formation. Elle entame de nouvelles techniques et approches à fournir aux jeunes pour une meilleure information et une orientation plus efficace, mieux adaptée au contexte actuel de l'emploi. A long terme, il sera procédé à l'élaboration d'une stratégie d'orientation visant, entre autres, à élargir l'accès à la formation et à renforcer les liens entre la formation et l'activité professionnelle, permettant, en consultation avec les partenaires concernés, de concevoir des politiques plurisectorielles cohérentes. Afin d'encourager ces jeunes postulants à s'inscrire dans les différents centres de formation, l'ATFP lancera, très bientôt, une vaste campagne de sensibilisation menée sur plusieurs fronts.