Au bout de longues années d'activités, son bilan enregistre, aujourd'hui, autant d'acquis que de gâchis. Une évaluation intervient à point nommé, au moment où ce dispositif mérite, en cette étape, un grand changement en mesure de lui injecter un nouveau sang. L'Atfp, premier acteur opérant sous la tutelle du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, a voulu prendre les choses en main, tout en faisant participer les différentes parties intervenantes sur la scène. Son directeur général, M. Brahim Toumi, "homme de la maison" récemment arrivé au poste, semble avoir les commandes pour mener le navire à bon port. Apporter des réformes appropriées, et surtout apporter des débouchés professionnels effectifs. Lors d'une réunion de concertation au siège de l'agence à Tunis, M. Toumi, entouré de ses conseillers, s'est attardé sur les moyens et les mécanismes susceptibles de rectifier le tir, mettant le cap sur la qualité au sens plus large du terme. Car, un secteur, qui accueille actuellement 110 mille stagiaires, répartis sur quelque 135 centres de formation opérant en collaboration avec un réseau d'entreprises aux besoins économiques multiples, est digne de se faire une peau neuve. Soit un repositionnement stratégique, mais aussi une décentralisation d'offres et de demandes, à même de garantir l'égalité des chances et la parité régionale. Loin des sentiers battus parcourus par un passé trompé de données falsifiées qui chantaient les louanges d'une gouvernance miraculeuse. Pas question, désormais, de regarder en arrière. Ainsi pense M. Toumi. A ses dires, l'Atfp devrait se pencher sur sa restructuration pour peaufiner l'image de son dispositif auprès des jeunes demandeurs. Faute de programmes pédagogiques réfléchis et constructifs, "la formation est devenue, hélas, trop scolarisée, ayant perdu sa vocation initiale, celle professionnalisante", juge l'un des conseillers présents. D'où, plaide-t-il, l'impératif de redresser le secteur en l'orientant vers le marché du travail. Fournir 37 mille postes de formation pour tous les niveaux Surtout après la révolution du 14 janvier, suite à la longue liste de revendications exprimées dans un marathon des sit-in et des pillages ayant frappé le secteur de plein fouet, causant des dégâts matériels considérables dans une vingtaine de centres, tels que ceux de Hammam-Lif, de Mellasine et le foyer de Borj Cédria, un mouvement dans le corps des directeurs des centres a eu lieu tout récemment. «Un deuxième plus significatif est attendu au cours des mois de juillet et d'août», lance M. Toumi. En fait, à partir de la prochaine rentrée, prévue en septembre 2011, Le secteur aura à fournir 37 mille postes de formation pour tous les niveaux dont la palme revient, comme le plus souvent, au certificat d'aptitude professionnelle (CAP), avec quelque 14.500 places, suivi par le brevet de technicien professionnel (BTP) limité, cette fois-ci, à dix mille inscrits. Le reste sera partagé par le BTS et les autres certificats de compétence (CC), de formation professionnelle (CFP), ainsi que celui de fin d'apprentissage (CFA). Aussi, cette répartition de places aurait-elle un impact sur l'éventail des filières présenté au menu. Evidemment. Les secteurs prioritaires y vont détenir la part du lion. Il s'agit de l'électro-électronique, mécanique générale, soudure et construction métallique, textile-habillement, artisanat, travaux publics, transport et maintenance des engins agricoles. Il sera, également, question de tourisme et hôtellerie, industries alimentaires, agriculture, cuir et chaussures, ainsi que des métiers tertiaires. Allons plus loin, «la nouvelle orientation vise à développer les compétences des plus démunis», projette-t-il. L'ultime objectif est d'améliorer l'employabilité des jeunes diplômés. Autrement dit, «la formation ne demeure jamais une voie de réussite, si elle n'aboutira pas au marché de l'emploi», a-t-il encore relevé. Or, cela ne saurait se réaliser sans prendre en considération les besoins de plus en plus pressants du marché en compétences professionnelles hautement qualifiées. Notons également qu'un nouveau guide de formation est disponible destiné aux nouveaux bacheliers, leur détaillant l'ensemble des spécialités enseignées et les perspectives professionnelles qui pourraient en découler. Un budget de 150 MD Cependant, la qualité se paie. Une formation de bonne facture exige nécessairement des investissements de taille. Raison pour laquelle, l'Agence tunisienne de formation professionnelle se dispose, cette année, d'un «gros» budget de 150 MD. Et le responsable de justifier cette enveloppe : «C'est pratiquement l'entreprise publique la plus importante au niveau aussi bien de la qualité de formation que du nombre du personnel, totalisant, ainsi, 5.400 agents, dont plus de 3.300 cadres formateurs à l'échelle nationale». Et d'ajouter, par ailleurs, qu'en 2012, ce montant va croître pour pouvoir supporter, un tant soit peu, les exigences de la réforme. L'initiative commence, en fait, par le recrutement, au titre de cette année, de 500 nouveaux formateurs, via des concours externes et d'autres par vacation, sans pour autant oublier de créer des postes d'emploi à l'intention des agents d'appui ( chauffeurs et autres). Conformément au récent décret-loi portant sur l'annulation de la soustraitance dans le secteur public, en accord avec l'Ugtt, l'Atfp veille à la régularisation de la situation. L'opération est en cours, touchant 1.156 agents travaillant en matière de gardiennage et de ménage. Ceux-ci seront ultérieurement intégrés dans ladite agence. Cette démarche de reconstruction va de pair avec un vaste chantier d'extension et de réalisation de certains centres de formation à vocations diverses. De la soudure et construction métallique à Médenine, à l'aéronautique à Mghira-Borj Cédria- Grombalia, sous forme d'un pôle de formation, passant par bâtiment et ses dérivés à Ibn Sina, bientôt opérationnel. A cela s'ajoutent, à l'en croire, 20 MD pour améliorer les espaces des zones défavorisées et équiper les centres sinistrés, suite aux actes de saccage et de vandalisme survenus lors de la révolution populaire. Afin de parer aux points névralgiques dont souffre le secteur, des rounds de négociations ont été orchestrés tout au long de ce mois à une large échelle regroupant la famille élargie de la formation. Ce débat sera couronné vers la mi-juillet prochain par un atelier national dont les recommandations auront pour point d'orgue la conception d'une carte claire sur le secteur d'ici la fin du mois prochain.