• Des sit-in de citoyens demandant du travail dans des entreprises à Gabès et à Gafsa entravent le trafic ferroviaire • A Gafsa, les manifestants ont occupé les bâtiments de la Sncft, ce qui n'a pas permis aux fonctionnaires d'accéder à leurs postes Le trafic ferroviaire des voyageurs entre Gabès et Sfax a connu hier matin un arrêt suite à un sit-in organisé par certains citoyens qui ont occupé les rails entre Gabès et Ghannouch au niveau de la zone dite Chatt Essalem. Ils voulaient ainsi manifester leur grogne et demander de l'emploi dans la zone industrielle de Gabès. Le train a été obligé de s'arrêter à la gare de Aouinet avant Gabès. La Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft) a été obligée d'affecter des bus pour transporter les voyageurs de Aouinet à Gabès. D'autre part, un autre sit-in a eu lieu pour la troisième journée consécutive sur la voie ferrée à Gafsa par d'autres citoyens qui demandent du travail dans les entreprises de la région dont la Compagnie de phosphate de Gafsa. Certains manifestants sont allés jusqu'à occuper les bureaux administratifs de la Sncft et la gare, empêchant les fonctionnaires d'effectuer leur travail. Durant trois jours, les agents n'ont pas pu accéder à leurs postes dans les guichets, les services techniques et administratifs. Ce sit-in a provoqué un arrêt total du trafic des voyageurs, du fret et du phosphate. Des pertes financières importantes sont ainsi supportées par la société suite à ces sit-in. Pressions sur les entreprises privées et publiques En fait, il s'agit là d'un nouveau mode de protestation inauguré après la révolution de la dignité du 14 janvier. Quelques groupes de citoyens dont les conditions sociales sont certes précaires occupent les rails sans considérer que, par ces actes, ils portent un coup dur à la vie quotidienne de leurs concitoyens qui se déplacent d'une zone à une autre pour travailler. Ils ne semblent pas donner, non plus, beaucoup d'importance à ces sommes faramineuses perdues par non seulement la Sncft mais par les autres entreprises des régions touchées. Certes, le droit de manifester est garanti à tout citoyen pour exprimer ses demandes, mais de là à perturber le trafic ferroviaire et à empêcher les gens à vaquer à leurs occupations, voilà qui n'est pas tolérable. C'est que ces sit-in sauvages ont un impact négatif sur toutes les activités socioéconomiques des régions concernées. L'emploi constitue dans plusieurs régions de l'intérieur du pays la préoccupation majeure des citoyens et cela se comprend. Mais ces derniers n'ont pas le droit d'empêcher les employés de la Sncft ou des autres entreprises d'accéder à leur travail ou de porter atteinte au matériel roulant mobilisé au service des citoyens. Les promesses faites par le gouvernement de transition au sujet de l'emploi ont certainement permis de répondre à des attentes mais une grande partie des chômeurs dans les régions n'a rien vu venir. Ils considèrent que le changement tant espéré tarde à venir et n'ont donc pas d'autres moyens pour faire pression sur les entreprises privées et publiques que de faire des sit-in sur les rails pour arrêter le trafic des trains. Peu importe si des quantités de phosphates ne sont pas acheminées vers le port pour être exportées et rapporter des devises à l'Etat, si des milliers de voyageurs dont des femmes et des enfants rentrent chez eux ou arrivent à leur lieu de travail en retard, l'essentiel est que ces manifestants trouvent de l'emploi et tout de suite dans les entreprises de la région. Pourtant, pour ce qui est des entreprises publiques et de la Fonction publique, les autorités ont donné des assurances sur le fait qu'ils allaient faire une rupture totale avec les usages du passé en organisant des concours en toute transparence et en tenant compte des compétences des candidats et de l'ancienneté de leurs diplômes, la priorité étant accordée à ceux qui ont passé le plus de temps au chômage. Plus de piston donc ni de favoritisme. Quant aux entreprises privées qui connaissent des pressions importantes compte tenu de la conjoncture économique, elles ne sont pas toutes en mesure de recruter de nouveaux travailleurs pour le moment. D'autres ont organisé des concours pour satisfaire leur demande en main-d'œuvre, mais cela n'a pas permis pour autant de résoudre ne serait-ce qu'une partie du problème du chômage au niveau régional. Pour faire face à ces sit-in anarchiques — qui ne relèvent pas des centrales syndicales ni d'aucune association — la sensibilisation demeure nécessaire en utilisant tous les moyens d'information y compris les chaînes de télévision publiques et privées. Il s'agit d'expliquer à ces manifestants les conséquences fâcheuses de leur mouvement qui se prolonge parfois plusieurs jours et perturbe les activités socioéconomiques. L'intervention pacifique des agents de sécurité demeure également prioritaire pour sécuriser la voie ferrée ainsi que les bâtiments administratifs et techniques de la Sncft et de toutes les entreprises régionales.