• Le local de l'ex-STD abritera 500 stands. Le coût du réaménagement s'élève à 2,2 millions de dinars. • Il est question de programmer des projets similaires au centre-ville de Tunis et à Sidi Hassine Sijoumi. L'aménagement d'un espace susceptible de regrouper un grand nombre de commerçants à la sauvette implantés depuis bien des années au centre-ville de Tunis constitue la solution à un problème qui dure et qui contrarie, à la fois, les responsables du commerce intérieur et ceux pour qui le marché parallèle est source de revenus. Ce compromis est l'aboutissement d'un dialogue franc et lucide entre le gouvernorat de Tunis et le syndicat des commerçants indépendants; un syndicat qui s'est formé spontanément, suite à la prolifération sans précédant des étals anarchiques qu'a connus le centre-ville après le 14 janvier. Aujourd'hui, 500 de ces commerçants attendent d'être regroupés dans un local réaménagé à cet effet et qui se situe au beau milieu du centre-ville de Tunis, à savoir le local de l'ancienne Société tunisienne de distribution ( STD). Ce choix, vivement contesté par les intellectuels, acquiert pour les commerçants et pour les parties concernées une importance majeure puisqu'il promet de satisfaire les requêtes des uns et résoudre, un tant soit peu, l'un des problèmes récalcitrants du paysage urbain du centre-ville. Au début, suite notamment à la proclamation de l'éradication des étals anarchiques, les négociations entre les commerçants indépendants et les parties concernées ont porté sur l'aspect sécuritaire. Puis, craignant l'éradication de leur gagne-pain, les commerçants à la sauvette se sont rendus au siège du gouvernorat afin de trouver une solution à cette situation menaçante. «Nous étions 500 commerçants en ce jour-là à demander l'intervention du gouverneur de Tunis pour une éventuelle solution. Nous n'avons eu qu'à attendre 48 heures pour que gouverneur nous propose déjà un local, à savoir l'ex-local du souk Moncef Bey. Nous avons dû décliner cette offre, car ce local est trop éloigné du centre-ville», explique M. Dhahbi Abdel Moemen, président du syndicat des commerçants indépendants. Le syndicat fraîchement créé a proposé le parking situé à la rue Mokhtar Attaya; un local qui avoisine quatre stations de métro et éviterait, ainsi, les frais de déplacement tant aux clients qu'aux commerçants. «Le gouverneur a accepté cette proposition. Toutefois, poursuit l'orateur, ce compromis a été vite rompu pour des raisons de sécurité. Nous avons, par la suite, suggéré un autre local, resté près de 20 ans fermé et qui constituait durant tout ce temps un endroit propice à la débauche: l'ancienne STD». La bâtisse appartenant au gouvernorat de Tunis depuis 1994, la faisabilité du projet s'avère ainsi possible. «C'est le gouvernorat de Tunis qui se charge du projet. Pour ce qui est de l'aménagement du local, il revient au ministère de l'Equipement», indique M. Monëm Bakhrouf, président de district au conseil régional. Les travaux ont été entamés en août. L'objectif étant de réaménager le local afin qu'il puisse contenir 150 stands. «L'étude du projet a permis, alors, de fixer un coût estimatif de seulement 250 mille dinars. Toutefois, cette première optique a été aussitôt modifiée puisque le nombre des places requises a largement augmenté: les commerçants réclament pas moins de 500 stands», précise M. Bakhrouf. Changement donc d'objectif et de dispositions. Toujours selon le président de district au conseil régional, l'expertise préliminaire a permis de cerner un coût estimatif de 2,2 millions de dinars; une somme octroyée par le ministère du Développement. «Nous nous penchons actuellement sur l'étude géotechnique du projet. Le réaménagement vise, outre le fait de retaper à neuf le local, la garantie tant pour les bénéficiaires que pour les éventuels visiteurs une sécurité infaillible. Actuellement, nous sommes en l'attente des résultats de l'appel d'offres», ajoute M. Bakhrouf. Besoin de décentraliser cette expérience Certes, ce projet représente une bouffée d'oxygène pour quelque 500 commerçants à la sauvette actifs au centre-ville de Tunis. Toutefois, le nombre de ces commerçants excède de loin les 500 personnes. «Nous avons proposé ce nombre parce qu'il compte ceux qui se sont mobilisés pour solliciter une solution auprès du gouverneur et qui ont cru à la faisabilité du projet», explique M. Abdel Moemen. Il est donc évident que le projet de la STD ne résoudra pas le problème du marché parallèle et ne rassurera pas un grand nombre de ces commerçants qui continueront, contraints par le besoin, de jouer avec les autorités au jeu du chat et de la souris. «Le vécu des marchands à la sauvette est pénible à mener: le commerçant ne peut être certain qu'il finira la journée et rentrera chez lui comme tout le monde. L'éventualité d'une arrestation le hante au quotl'indignation et de la maltraitance», fait remarquer M. Abdel Moemen, président du syndicat et ancien commerçant à la sauvette. Pour lui, l'Etat doit prendre une position claire quant au marché parallèle. Il doit choisir entre l'interdiction ferme de ce créneau pourtant important qui fait vivre tant de familles et la fermeture des frontières qui favorisent l'entrée de la marchandise parallèle ou encore de le réglementer comme il se doit. «Nous avons proposé en outre un projet similaire à celui de l'ex- STD dans la région de Sidi Hassine Sijoumi; une proposition en phase d'étude. Par ailleurs, l'idée de créer une unité de vente spécial commerçants indépendants à la rue Mokhtar Attaya n'est pas pour autant exclue», indique M. Abdel Moemen. Et d'ajouter que l'Etat est appelé à la décentralisation de cette optique dans toutes les régions sans exception; une solution qui résoudrait efficacement l'émigration de ces marchands vers la capitale.