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Entre Ibn Al Jazzar et le marquis de La Fayette
Sur les «i»
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 11 - 2011

Quel est le lien entre Ibn Al Jazzar, le célèbre médecin tunisien qui révolutionna, au Xe siècle, l'art médical, et le marquis de La Fayette, militaire français qui s'engagea pour la révolution américaine (1776) et joua un rôle important dans les révolutions françaises de 1789 et 1830.
Aucun, apparemment! Sauf peut-être leurs rapports respectifs avec une... «révolution», ou bien le fait que la rue Ibn Al Jazzar se situe dans le quartier encore appelé «La Fayette» à Tunis, où siège l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), fruit de la révolution tunisienne dont le processus a été déclenché le 14 janvier 2011.
C'est en tout cas ce que tenait à souligner l'Isie en rappelant son adresse après certains spots-annonces à la télé diffusés avant les élections du 23 octobre dernier pour insister qu'elle est joignable à son local sis à la rue Ibn Al Jazzar, La Fayette.
Mais notre propos dépasse ce détail d'adresses pour s'inscrire dans une perspective plus large et, partant, plus profonde d'identité nationale et de souveraineté culturelle. Car à la différence de Pasteur, Nicolle... nous n'avons aucun rapport ni de près ni de loin avec le sieur de La Fayette, en dehors du fait qu'il représentait, du point de vue de l'origine de l'appellation, la mainmise coloniale de son pays sur le nôtre.
C'est d'ailleurs la même indignation que pourrait susciter le fait de dire : avenue Jugurtha, Mutuelleville, avenue Taïeb-M'hiri, Le Belvédère (Qobbet Lahwa), rue Tahar-Haddad, Montfleury…
Des associations qui trahissent un laxisme flagrant en matière de tunisification des lieux, espaces et quartiers de Tunis dont le nombre ne se limite pas, hélas, à ceux déjà cités, mais qui augmente avec les Notre-Dame, Tunis-Hilton, Montplaisir, La Cagna, Bellevue, Dubosville.
Que dire alors de cette rue en sandwich entre l'avenue de Paris et la rue de Marseille qui porte encore le nom de… tenez-vous bien, «Cambon».
Le fameux Paul Cambon, résident général de France à Tunis (1882-1886), fervent artisan de la domination colonialiste à outrance qui transforma notre pays en un département français d'outre-mer à peine voilé.
Laxisme que nous avons déjà dénoncé sur ces mêmes colonnes (voir La Presse entre autres du 3 février 2008 - Crimes de «lèse-identité…») et où nous avions pris soin de préciser que cela n'avait aucun rapport avec un quelconque chauvinisme.
Bien au contraire, nous ne trouvons rien à dire par exemple pour «Place Pasteur», à la mémoire de l'illustre savant et en référence aussi à l'Institut qui porte son nom sur les lieux mêmes (le second au monde hors de la France, à voir le jour). Ni aussi pour l'avenue Louis-Braille, ancienne avenue Barthou, à la mémoire de celui qui inventa l'alphabet pour non-voyants. Encore rien du tout pour Charles-Nicolle (avenue et hôpital) qui, au-delà du fait que l'illustre médecin français affirmait sa vie durant être fier d'appartenir à notre pays et désirait y mourir et y être enterré (ce qui a été fait), avait gratifié notre pays d'un Prix Nobel de médecine (1928), grâce notamment à des pratiques sanitaires datant de 1879, soit deux ans avant l'occupation française. Il y a donc ici beaucoup à dire, mais tout en positif.
Mais le problème ne s'arrête pas à ce laxisme caractérisé, il s'étend à un autre plus inquiétant, relevant cette fois-ci d'un manque de conscience que certains pourraient lier à des rémanences de nostalgie.
Du genre St-Henri (Bouchoucha), Franceville (El Omrane), rue de l'Eglise pour rue Jemaâ-Zitouna, Porte de France pour Bab Bhar, etc.
Des jeunes d'Ezzahra, cadres et étudiants, nous ont gratifiés, quant à eux l'été 2010, d'une manifestation intitulée : «Jeux marins de Saint-Germain», du nom de cette coquette localité à l'époque coloniale.
Mais le chef-d'œuvre de ce manque de conscience à résonance nostalgique nous a été livré par notre chaîne nationale, l'autre jour, à la suite d'événements violents dont Menzel-Bourguiba était le théâtre. Ecoutons ce que disait le confrère auteur du reportage : «(…) Curieux! L'héritière de Ferryville ! Celle que l'on nommait ‘‘Le Petit Paris''. Les Français l'ont faite ainsi à l'image de leur architecture». Et en donnant la parole à l'un des habitants de la ville, le reporter a comme voulu appuyer ses dires puisque l'interviewé qui participait à une action de propreté et d'embellissement dit : «Son nom était Ferryville avant qu'elle soit appelée Menzel-Bourguiba… le Petit Paris. Et nous, nous sommes décidés à renouer avec sa mémoire (n'raj'oul ha'l aahd met e'aaha)». Quand on manque de repères…!
Dans le même registre, un magazine a publié lui aussi un reportage dans lequel l'auteur n'a pas cessé d'utiliser le nom originel de ladite ville avec des variantes pour décrire la violence qui y avait eu lieu.
Personne ni un peuple ne peuvent, il est vrai, renier une partie, même infime de leur mémoire, à condition, bien sûr, que cette partie ne gomme pas le tout. Car dans ce cas, cette personne et aussi le peuple risquent de ne plus se reconnaître.


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