La reprise économique ayant gagné en vigueur, les menaces pesant sur la stabilité financière mondiale se sont atténuées, mais les craintes que suscitent les risques souverains des pays avancés pourraient compromettre les progrès enregistrés sur le plan de la stabilité et prolonger le marasme du crédit. C'est ce qui ressort du rapport sur la stabilité financière dans le monde 2010 Selon ce dernier, si le secteur financier et les ménages ne parviennent pas à assainir davantage leurs bilans, toute dégradation de la viabilité de la dette publique pourrait s'étendre aux systèmes bancaires ou aux autres pays. Partant, des politiques doivent être engagées pour réduire les vulnérabilités souveraines, notamment en présentant des plans crédibles de rééquilibrage des finances publiques à moyen terme, veiller à ce que le processus d'inversion du levier financier en cours se poursuive sans heurts et mener résolument à terme le travail réglementaire afin de rendre le système financier mondial plus sûr, plus résistant et plus dynamique. Nouvelles vulnérabilités et dettes publiques Vu le redressement de la conjoncture économique mondiale, les risques pesant sur la stabilité financière se sont atténués. Cependant, la détérioration des soldes budgétaires et la rapide accumulation de la dette publique viennent modifier le profil des risques à l'échelle mondiale. Désormais, les vulnérabilités tiennent davantage aux préoccupations liées à la viabilité des finances des Etats. Dans certains cas, les doutes quant à leur solvabilité à plus long terme risquent de provoquer des tensions immédiates sur les marchés de financement car les investisseurs exigent des rendements plus élevés pour se couvrir face aux risques futurs. Ces tensions peuvent à leur tour aggraver les difficultés de financement à court terme des banques des pays avancés et nuire à la reprise du crédit privé. Le rapport en question analyse ces liens de causalité. La santé des systèmes bancaires s'est ainsi globalement améliorée, dans un contexte de reprise économique, de poursuite de l'inversion du levier financier et de normalisation des marchés. Par ailleurs et dans cette conjoncture, la reprise du crédit privé sera probablement timide vu la faiblesse de la demande et les contraintes qui agissent sur l'offre. Les ménages et les entreprises doivent se désendetter et assainir leurs comptes. La conjoncture actuelle appelle, par ailleurs, une vigilance rapprochée et une action rapide afin de ne pas mettre en danger la stabilité financière. Le rapport signale, dans ce cadre, qu'il existe des liens solides entre l'expansion des liquidités mondiales et les prix des actifs dans les pays récepteurs de liquidités. L'analyse montre que les flux de capitaux ont moins d'effets pervers si les taux de change sont flexibles et les sorties de capitaux libéralisées. Il importe par ailleurs que les autorités des pays concernés mobilisent un large éventail d'instruments, politiques macroéconomiques et réglementations prudentielles, face aux afflux de capitaux. Si ces initiatives se révèlent insuffisantes et que les flux de capitaux sont vraisemblablement de nature temporaire, les pays peuvent envisager de faire un usage judicieux des contrôles de capitaux. Réformes structurelles D'après le rapport, la gestion des risques souverains doit passer par la mise en œuvre de plans de rééquilibrage des finances publiques à moyen terme bénéficiant du soutien de l'opinion publique. C'est là la tâche la plus redoutable pour les gouvernements dans le court terme. Les plans de rééquilibrage doivent être transparents et des interventions doivent être prévues au cas où les finances publiques se dégraderaient plus que prévu. L'amélioration des dispositifs budgétaires et l'adoption de réformes structurelles propices à la croissance contribueront à faire comprendre à l'opinion publique que le processus d'assainissement financier est conforme à la croissance à long terme. À court terme, les systèmes bancaires d'un certain nombre de pays devront continuer à être examinés de près pour pouvoir rétablir une base solide d'établissements viables capables de réamorcer la pompe du crédit privé. Les pouvoirs publics devront notamment s'employer à définir la taille optimale d'un système financier solide et vital. À moyen terme, les réformes réglementaires devront avancer rapidement une fois qu'elles auront été correctement adaptées. Leur mise en œuvre devra par ailleurs tenir dûment compte de la conjoncture économique et financière. Il est d'ores et déjà manifeste que les réformes à engager pour asseoir la sécurité du système financier doivent passer par un renforcement quantitatif et qualitatif du capital et une amélioration de la gestion des liquidités et des volants de fonds propres. Par ailleurs, dans la mise en œuvre des réformes réglementaires destinées à maîtriser les risques systémiques, il faudra prendre soin de concilier la sécurité du système financier ainsi que sa capacité d'innovation et son efficience. En somme, la réforme de la réglementation financière reste un chantier ouvert, mais il faudra bientôt avancer, en tout cas sur les principaux volets. Selon le rapport, la «fenêtre d'opportunité» pour réagir aux établissements «trop importants pour sombrer» pourrait se refermer. L'occasion ne doit pas être manquée, d'autant que certains de ces établissements sont encore plus grands et plus dominants qu'avant la crise. Les pouvoirs publics doivent donc examiner de près ce qui confère à ces institutions une importance systémique et les moyens qui permettront de maîtriser les risques qu'elles présentent pour le système financier.