Parmi les nombreux militants tunisiens autodidactes, qui se sont formés sur le tas, il y a Hassan Marzouk, au parcours de vie riche en honneurs. Cet originaire de Gabès, né en 1930, n'a connu de l'école que l'enseignement coranique. Il est plus tard devenu journaliste, écrivain et chercheur, spécialisé dans l'histoire de sa ville natale et du Compagnon Abou Loubaba. Entre ces deux étapes, il a combattu dans sa jeunesse en Palestine et en Syrie, avant de revenir en Tunisie au début des années cinquante pour combattre la colonisation française. Cela lui a valu la prison en Tunisie et en Algérie avant d'être libéré suite aux négociations de l'autonomie intérieure et d'être l'un des piliers de la Garde nationale, en plus de son rôle important dans la bataille de Bizerte. Mais ce n'est pas tout, Hassan Marzouk retourne en prison, accusé de faire partie du groupe du complot de 1962 (tentative de renversement du régime de Bourguiba). Avec un tel parcours, Hassan Marzouk est témoin d'une série de bouleversements historiques qu'ont connus la Tunisie et le monde arabe. Il en a fait la source de ses écrits, dont De Gabès à Palestine, une série d'articles parus dans les journaux tunisiens, comme Assabah, Al Aamal et Al Akhbar. Passionné de peinture La présentation du livre, rédigée par le journaliste et écrivain Noureddine Bettaieb — à qui revient l'élaboration de cette œuvre — nous en apprend davantage sur la vie de Hassan Marzouk. Noureddine Bettaieb a d'ailleurs écrit, en 2009, Hassan Marzouk, secrets des guerres de Palestine et de Bizerte et du complot de 62. La lecture a permis à Marzouk de maîtriser l'écriture. Passionné de peinture, il a suivi des cours par correspondance avec des instituts de beaux-arts en France. Deux de ses tableaux occupent la deuxième et la troisième de couverture de De Gabès à Palestine, dont l'une réalisée en prison. L'écriture reste sa principale occupation actuelle. Il suffit de parcourir les pages de ce dernier livre et de lire ses articles pour découvrir un écrivain passionné pour les causes auxquelles il croit. Quand il parle de la bataille de Bizerte, il ne peut s'empêcher de charger ses mots d'émotions, parfois de rage. Que dire alors de la Palestine, qu'il glorifie dans de nombreux articles, virulents envers son occupante. Son style journalistique allie la précision à la narration. Il donne l'information ponctuelle, objet de son article tout en apportant des éclairages sur des périodes de l'histoire qu'il a vécues, et pas comme n'importe quel citoyen. On trouve par la suite une série de textes sur des sujets sociaux et culturels, dont la majeure partie est consacrée à Gabès, d'où l'appellation De Gabès à Palestine, deux endroits qu'il garde dans le cœur et honore sur le papier. Hassan Marzouk, c'est aussi malheureusement un oublié — par les autorités et même dans sa ville natale — à qui Noureddine Bettaied essaye de rendre hommage. Il veut également attirer l'attention sur l'importance de recueillir les témoignages de toute une génération de militants. Des témoins du meilleur et du pire.