Par Gérard ISTRIA* Après voir lu, dans La Presse du dimanche 1er janvier, votre étude sur la politique arabe de la France de 81 à 95, sous François Mitterrand, je me suis demandé pour quelle raison vous ne l'aviez pas intitulée «La politique anti-arabe de la France»! Votre analyse, involontairement ou délibérément erronée, ne repose que sur des affirmations péremptoires et des citations tronquées. Dès le début, vous citez un extrait du discours prononcé le 4 mars 1982 à Tel-Aviv, devant la Knesset, par François Mitterrand, mais vous vous gardez bien d'en mentionner la suite : «Pourquoi ai-je souhaité que les habitants arabes de Cisjordanie et de Gaza disposent d'une patrie ? Parce qu'on ne peut demander à quiconque de renoncer à son identité, ni répondre à sa place à la question posée. Il appartient aux Palestiniens, je le redis, de décider eux-mêmes de leur sort, à l'unique condition qu'ils inscrivent leur droit dans le respect du droit des autres (…) Le dialogue suppose que chaque partie puisse aller jusqu'au bout de son droit, ce qui, pour les Palestiniens, peut, le moment venu, signifier un Etat». Cette dernière phrase n'a pas du tout été appréciée par le Premier ministre Menahem Begin qui, dans sa réponse à François Mitterrand, a affirmé haut et fort «que le principal obstacle à l'unité de la France et d'Israël était le soutien de la France au principe d'un Etat palestinien». Je ne compte guère m'attarder sur les divagations d'un certains Vincent Nouzille, concernant l'attitude de François Mitterrand avant la première guerre du Golfe et durant la crise yougoslave. Je préfère me référer pour ces périodes aux analyses bien plus sérieuses, exposées par Hubert Védrine, dans son ouvrage Les mondes de Mitterrand, paru chez Fayard en septembre 96. Comme vous tenez à transformer en bourreau le premier président français à avoir aboli la peine de mort, malgré l'avis contraire d'une majorité de ses concitoyens, je veux simplement vous rappeler que lorsqu'il était ministre de la Justice du gouvernement Guy Mollet, ce dernier avait confié aux tribunaux militaires d'Algérie les pleins pouvoirs judiciaires et étaient donc les seuls habilités à décider des peines et des exécutions. Les autres ne donnaient qu'un simple avis. Je vais conclure en revenant sur le commentaire que vous avez fait, au début de votre exposé, à la suite de la citation de François Mitterrand, «rien d'étonnant à cela, sa femme Danielle étant juive». Est-ce pour donner plus de poids à votre analyse que vous avez ostensiblement utilisé cet argument fallacieux? Si tel est le cas, je laisserai François Mitterrand vous répondre : «Vous en êtes là ? C'est triste. Et pour votre personne. Et pour votre fonction». C'était à l'adresse de Jacques Chirac le 28 avril 88, lors du débat du second tour de l'élection présidentielle, qu'il avait remportée avec plus de 54% des voix.