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Le vrai-faux problème de la lecture
Le Tunisien et le livre
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 01 - 2012

On évoque très peu le secteur du livre dans le débat qui émousse, aujourd'hui, le pays. La raison paraît simple : le dernier souci des décideurs est d'ouvrir un livre!
Pourtant et, à bien voir les choses, l'enjeu n'est pas à négliger. En effet, le livre est un volet stratégique dans toute politique d'éducation et de culture. Il faut aborder ce problème au plus vite et lui donner la place qu'il requiert dans la politique de développement et d'enseignement. Mais comme il s'avère aussi qu'il a des aspects éminemment économiques, il n'est pas sans inutilité de reconnaître qu'il y a une « mafia » du livre. Des maisons d'édition ou des distributeurs qui ont pignon sur rue font la pluie et le beau temps dans le pays. Ils suivent beaucoup plus une politique du gain rapide et facile sans pour autant laisser de place au côté strictement culturel. Ils encouragent la publication de livres abordant des thèmes beaucoup plus sensationnels ou terre à terre que des sujets d'actualité ou d'avenir. Ils pratiquent, également, une politique de prix qui leur permet de gagner beaucoup plus d'argent sur le dos des auteurs. Ces derniers ont la portion congrue après maintes et maintes démarches administratives imposées par le circuit. Si tant est qu'ils aient gain de cause; car très souvent, ils sont arnaqués par des éditeurs, des distributeurs ou certains libraires qui pratiquent la vente en dépôt.
Le livre et les jeunes
Les pauvres auteurs (généralement de petits poètes ou des essayistes amateurs) déboursent facilement des sommes assez substantielles pour se faire éditer et voir leur livre dans les vitrines des libraires. L'écrasante majorité font ces prouesses à frais d'auteur sans avoir la moindre idée sur le parcours administratif ou financier (dépôt, tarifs, etc.). Tout baigne dans le flou artistique. Ce qui ouvre les portes grandes devant les profiteurs de tout acabit. Ce sont ces gens-là qui se dressent devant le développement du secteur du livre. D'où la nécessité de nettoyer ce milieu et de dresser une feuille de route claire dans le but de promouvoir une politique culturelle intégrale n'omettant aucun des aspects vitaux. Parmi lesquels, bien sûr, le livre. Sans ce dernier on ne peut nullement envisager une avancée réelle. La lecture a toujours été le moteur de la culture et, par conséquent, l'outil d'exploration et de mesure des connaissances au service de l'essor global. Cette lecture doit être à la portée de tous et, en particulier les jeunes.
C'est un des piliers de leur formation en vue de pouvoir appréhender les notions essentielles et s'adapter aux réalités. Nous disposons de statistiques très alarmistes qui font état de l'abandon total de la lecture chez les Tunisiens. Ces statistiques sont, à notre sens, manipulées. Il faut reconnaître, de toute évidence, un certain recul dans le contact avec le livre. Ce recul est compréhensible et normal. On a avancé plusieurs raisons pour en expliquer les plus vraies ou plus fausses. On a dit, par exemple, que le livre coûte cher. Qu'il n'y a pas de livres intéressants qui traitent des problèmes du lecteur, que les meilleurs livres sont interdits et donc vendus à prix d'or et sous cape...
Mais on a oublié que les jeunes lisent. Que ces objections ne les touchent pas parce que ce qu'ils lisent se confine à un domaine précis, celui des études. A tous les niveaux de l'enseignement (du primaire au supérieur), des centaines de titres figurent aux tops des meilleures lectures.
Dans le primaire, il n'y a pas un texte de lecture figurant au manuel qui ne soit suivi d'un complément de lecture dans un livre à acquérir en librairie. Certes, ces livres sont de très petits ouvrages qui ne coûtent que quelques centaines de millimes et qui ne sont pas très bien présentés. Or, il faut savoir que les ventes se font en... millions d'exemplaires (sachant que les élèves du primaire sont au nombre de deux millions). Autrement dit, il faudrait multiplier les titres achetés au cours de l'année par le nombre d'élèves. C'est ce qui équivaudrait à des gains très significatifs pour les imprimeurs et les éditeurs. Malheureusement, cet argent n'est pas valorisé dans des projets plus performants en vue d'améliorer la qualité, la présentation ou le secteur en question. Les bénéficiaires se contentent d'encaisser des millions sans penser à en réinvestir une partie dans l'industrie du livre.
Cela n'empêche pas les jeunes, actuellement, de lire pour les besoins des études ou pour faire des recherches ou réaliser des thèses et des mémoires. Par conséquent ils ne sont rebutés ni par les prix ni par l'inexistence de tel ou tel titre. Ils font tout le nécessaire pour avoir le document dont ils ont besoin quelles que soient les difficultés. Des librairies, d'ailleurs, se sont spécialisées dans l'importation de ces livres qui sont recommandés par des institutions de l'enseignement supérieur. Les prix sont très élevés et malgré tout les acheteurs sont nombreux et garantis. De là à dire que le livre n'est pas un luxe, il n'y a qu'un pas.
Cela est vrai pour la totalité du secteur. De plus la passion de la lecture ne s'est pas du tout émoussée chez la grande majorité des Tunisiens. On aurait, donc, tort de les traiter de fainéants qui se prélassent en faisant d'autres achats plus coûteux et inutiles et de négliger le livre.
La preuve par les chiffres
Toutes les données statistiques ont tendance à montrer que c'est le côté négatif qui est souligné. Le phénomène est présenté comme alarmant. On voudrait bien le croire. Mais derrière, il y a du positif. Même si le nombre de Tunisiens amoureux du livre n'est pas très important, il est significatif d'un état des choses qui est appelé à disparaître si les conditions sont réunies. Aujourd'hui il y a lieu d'espérer. Avec ce qui s'est passé à la fin de l'année 2010 et le début de 2011, on a assisté à une ruée sur les livres. Des titres qui étaient interdits auparavant ont droit de cité. Les stocks se sont vite épuisés et les libraires ont dû «faire le plein» de nouveau. Cela montre, si besoin est, que le Tunisien ne rechigne pas à lire dès lors qu'il se retrouve dans les écrits et les publications qui s'adressent à lui. D'un autre côté, l'engouement se manifeste à chaque fois qu'il y a une foire du livre. Le citoyen s'organise en conséquence en réservant un budget spécial à l'occasion de ces manifestations. Cela étant, il faut dire que les libraires et les diffuseurs ne font pas grand-chose pour promouvoir le livre. Ils se contentent du strict minimum. A l'exception de certaines librairies connues et qui se sont imposées, les autres continuent de se croiser les bras et d'imputer leur échec aux autres.
Les bibliothèques, pour leur part, sont quasiment ignorées par le large public. Des chiffres présentés par une enquête sur le Tunisien et le livre (année 2010) montrent que trois quarts des personnes sondées n'ont jamais mis les pieds dans une bibliothèque! Pourtant, plus de 43 % d'entre eux avouent l'utilité de la lecture. L'Etat a, bien sûr, son rôle dans cet état des choses. Mais il pourrait rétorquer qu'il n'a rien épargné pour rapprocher ces espaces des utilisateurs. En effet, il pourrait avancer le chiffre de près de 380 bibliothèques ouvertes devant le public. Sans parler des 30 autres bibliothèques ambulantes qui couvrent plus de 1.800 zones rurales.
La Bibliothèque nationale, par exemple, constitue une fierté avec son nouveau local sis à l'avenue du 9- Avril. Elle est relativement très bien fréquentée par les étudiants et les chercheurs (Tunisiens et étrangers). Elle dispose, en plus, d'une infrastructure moderne et dispose des outils modernes de consultation. Elle offre, aussi, un cadre de travail assez adéquat qui a besoin d'être constamment revalorisé.
La richesse en documents de cette institution en fait une référence incontournable. On peut trouver, justement, pas moins de 1 million de livres, 40.000 manuscrits et 16.000 collections et périodiques. Une enquête effectuée sur cette bibliothèque permet de voir que 12.000.000 de livres ont été consultés par 7 millions de visiteurs. Soit 1,18 livre par personne. Un exemple régional nous montre que la bibliothèque de Jendouba a reçu 60.000 visiteurs par an pour la consultation de 40 à 45.000 livres.
Le livre est-il en voie de disparition ? Certaines voix veulent le faire croire. Mais, à notre avis, il nous semble que ce meilleur ami de l'homme a la peau dure et qu'il vivra plus qu'on ne le croit. Une politique plus pertinente et plus ciblée lui permettrait de retrouver ses titres de noblesse.


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