Organisation : l'Afrique ne décolle pas encore en dépit des efforts et des promesses, l'organisation de la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations souffre de multiples carences. Le manque d'infrastructure semble être un sérieux handicap pour les pays organisateurs. La 28e édition coorganisée par le Gabon et la Guinée équatoriale ne fait pas exception. Malgré un accueil chaleureux et des procédures d'accréditation pratiquement sans problèmes, les délégations de journalistes ont été désagréablement surprises par le manque d'infrastructure hôtelière et chacun a dû se débrouiller pour trouver où se loger. Inconcevable pour ce genre de manifestation bisannuelle dont le but est précisément de contribuer au développement des infrastructures sportives et hôtelières. Le comité d'organisation n'a pas de réponses à ces questions et le village Cocan construit à l'occasion de cet événement ne satisfait pas aux conditions de travail minimales. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, plusieurs journalistes se sont installés dans des motels pas vraiment commodes à des prix exorbitants mais dotés néanmoins d'Internet. Le Gabon qui s'initie au développement économique peine encore à décoller. Avec un PIB de 15 dollars par habitant, cet Etat situé à l'ouest de l'Afrique équatoriale présente les carences résiduelles des pays africains, même s'il y a des signes manifestes de modernité. Pays peu peuplé, à faible densité démographique, sa population est concentrée dans la capitale, Libreville, avec tous les inconvénients sous-jacents dont des encombrements monstres au plan de la circulation. Pour une distance de huit kilomètres en zone urbaine, il faut compter plus d'une heure. La presse mobilisée, mais très critique: l'organisation de la CAN ne fait pas l'unanimité au Gabon, comme l'atteste un article de l'hebdomadaire Le Messager qui écrit que les autorités gabonaises ont, depuis longtemps, fait de l'organisation de cette manifestation continentale un challenge comme s'il s'agissait d'un projet de société. «Des tonnes d'énergie ont été déployées et des milliards ont été dépensés pour qu'elle ait lieu. C'est comme si la survie du régime en dépendait», souligne l'hebdomadaire dans sa dernière édition, qui se plaint que la capitale est actuellement un vaste chantier alors que la CAN a débuté samedi. Le Messager précise que le stade principal (omnisports) a été écarté de la compétition faute de finition des travaux et celui de l'Amitié, construit par des entreprises chinoises, fait l'objet de controverses et de polémiques. L'hebdomadaire ajoute que l'infrastructure hôtelière ne répond pas aux besoins d'une manifestation comme la CAN. Le bimensuel Misamu (ndlr: il y a peu de quotidiens au Gabon) n'est pas tendre non plus en critiquant le management sportif pratiqué au Gabon, affirmant : «Aujourd'hui, on est obligé de tout faire à la va-vite pour essayer de rattraper les fameux retards utiles». Le journal écrit également que les prix des billets sont très élevés et cite des témoignages selon lesquels les prix annoncés sont erronés. Il précise que le billet qui coûte 5.000 francs CFA (15 dinars tunisiens environ) ne permet que l'accès aux virages du stade alors que pour les gradins il faut débourser 13.000 francs CFA. «Si le Gabon venait à mal se comporter durant cette CAN, on ne sait pas où iraient se terrer les organisateurs...Inutile de faire passer Gernot Rohr (ndlr: entraîneur du Gabon), certes lui aussi comptable, comme seul bouc émissaire», ajoute le Misamu. Sur le plan purement sportif, la presse gabonaise est très réaliste et donne le Maroc et la Tunisie favoris pour les deux places qualificatives du groupe «C». Le journal Ezombolo explique en effet que «Tunisiens et Marocains affichent une ambition justifiée par la qualité de leurs effectifs» et ajoute plus loin que les «Panthères» (ndlr:surnom de l'équipe du Gabon) ont rarement affiché le visage serein d'une équipe dominatrice». Le quotidien L'Union n'est pas plus optimiste en titrant que le Maroc et la Tunisie sont en pole position dans le groupe «C». Mais les Africains ne vivent pas que de réalisme, l'espoir d'un exploit est permis pour l'équipe du Gabon et ses supporters qui n'hésitent pas à rappeler que les Panthères ont déjà tenu la dragée haute aux Tunisiens (0-0 en CAN 2010) et sont même parvenus à battre le Maroc (2/1 et 3/1 lors des éliminatoires de la CAN 2010). Perturbations : Les problèmes continuent de perturber le séjour de la délégation tunisienne aussi bien sur le plan sportif que médiatique. Ainsi sur le chemin retour de la sélection nationale après la séance d'entraînement de dimanche soir au stade de l'Amitié, le bus de l'équipe est tombé en panne et les joueurs ont dû s'engouffrer dans un minibus pour regagner l'hôtel. Quant au réseau Internet, après un bon début, il commence à battre de l'aile avec des coupures répétitives dans toute la capitale, handicapant ainsi fortement les représentants des médias dans l'accomplissement de leur mission. Les journalistes tunisiens ont d'ailleurs eu la désagréable surprise de constater une flambée de prix à l'occasion de cette CAN. A titre d'exemple, le tarif d'un billet d'avion pour Franceville (600 km de la capitale) qui était de 104 euros est passé à 249 euros. Deux membres du staff administratif tunisien se rendront mardi à Franceville, pour préparer le séjour de l'équipe nationale en prévision de son troisième et dernier match face au Gabon le 31 janvier courant à 20h00 (HT).