Lors de la rencontre annuelle des ambassadeurs des pays membres de la Banque africaine de développement ( BAD)et des représentants des institutions internationales accrédités en Tunisie, organisée hier à Tunis, M. Donald Kaberuka, président de la BAD, a exposé la situation économique dans les pays africains et les actions entreprises par la banque en vue de soutenir les pays affaiblis par la crise. Ont également participé à cette rencontre MM.Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, et Abdelhafidh Herguem, secrétaire d'Etat chargé des Affaires maghrébines, arabes et africaines. Il a, ainsi, exprimé dans une allocution donnée à cette occasion sa compassion pour le peuple haïtien et a noté que l'année 2009 a été une année pleine de défis notamment sur le continent africain. Le président de la BAD a articulé son exposé autour de trois axes essentiels, à savoir l'analyse de la situation économique de l'année écoulée, les perspectives pour l'année en cours et le rôle joué par la BAD pour soutenir les pays africains face à la crise. «Même si le système financier africain n'a pas été fortement touché par la crise, certaines incidences étaient inévitables notamment celles relatives au secteur du tourisme, au chômage et aux IDE». Le président de la BAD a, d'un autre côté, précisé que si certains pays africains ont réussi à mettre en place des programmes anticrise efficaces, d'autres, ayant des marges de manœuvre moins grandes, continuent à en subir les retombées autant sur le plan économique que social. D'après M.Kaberuka, la crise aurait surtout révélé la vulnérabilité de certains pays africains, vulnérabilité principalement liée à la dépendance au niveau des matières premières et à la faiblesse structurelle de leurs économies africaines. Il a, en outre, mis en exergue le rôle joué par la BAD aux côtés d'autres partenaires afin de soutenir ces pays fortement touchés par la crise économique mondiale. Dans sa démarche de soutien, la Banque a mis en avant trois de ses pouvoirs, à savoir son pouvoir de conviction auprès des décideurs, celui de faire entendre la voix de l'Afrique à l'échelle internationale et enfin en tant que pourvoyeur de fonds. Pour mieux alléger l'impact de la crise sur les économies de certains pays africains, les actions ont été véhiculées à travers l'appui budgétaire, la résolution des problèmes de liquidités et l'appui aux projets d'infrastructure. Sur le plan interne, la Banque a continué à renforcer ses capacités de gestion et sa gouvernance interne. Tous les guichets de la banque auraient, en effet, enregistré des recettes positives. La BAD continue, en outre, à proposer des prêts à des taux attrayants et compétitifs a encore ajouté M.Kaberuka, précisant que les prêts octroyés sont passés de 5 milliards de dollars en 2008 à 11 milliards de dollars en 2009. Augmentation qui se justifie par l'appui massif aux Etats fragiles et par certaines composantes tel le fléau de la famine. Pour ce qui est des perspectives de la période future, il a souligné que la BAD compte augmenter son capital et que la négociation avec les différents partenaires a déjà démarré. Le problème du changement climatique et la détérioration des ressources naturelles serait, selon le Président de la BAD, un autre défi majeur de la période future «d'autant plus que le continent africain sera fortement touché par ce problème, l'impact sera véhiculé à plusieurs niveaux notamment le changement du schéma agricole, l'émergence de maladies graves et la sécheresse». Pourtant l'Afrique n'est pas un acteur de cette dégénérescence naturelle. Pour faire face à ces problèmes, M.Kaberuka suggère la mise en place de moyens technologiques nouveaux et attire l'attention sur la nécessité de faire entendre davantage la voix de l'Afrique. Tout autant que sa précédente, l'année 2010 portera selon lui un ensemble de défis, «il s'agit pour nos pays de résoudre les questions d'intégration régionale et de l'indépendance au niveau de la matière première. Pour relever ces défis, nous allons continuer à renforcer nos capacités internes et nos missions sur le terrain». S'agissant toujours des perspectives pour l'année 2010, il a précisé que selon les dernières estimations de la Banque, une vingtaine de pays africains vont enregistrer des taux de croissance positifs de plus de 4% et environ une douzaine vont stagner avec des taux de croissance de l'ordre de 3%.