Le nombre de paraboles de différentes dimensions sur les toits des immeubles, dont plusieurs n'ont pas été badigeonnés depuis belle lurette, ne cesse de se multiplier. A l'instar de plusieurs cités urbaines du Grand-Tunis, celles de Mégrine et de Sidi Rezig à la banlieue sud de Tunis attirent particulièrement l'attention. Aujourd'hui, ce n'est pas de la fiction, dans une seule maison ou un seul appartement, on trouve deux à trois paraboles. Vu leur prix relativement abordable – une parabole avec tous ses accessoires peut coûter jusqu'à 250 dinars –, une seule famille ne trouve aucun inconvénient à dépenser un certain prix pour capter les différentes chaînes satellitaires. Chaque membre de la famille a, en effet, ses préférences et ses penchants : certains sont passionnés par le sport et surtout le football alors que d'autres préfèrent regarder les films et les séries télévisées. Quant aux tout petits, ils ne se lassent pas de regarder les chaînes destinées aux enfants qui programment des dessins animés et autres émissions enfantines. Une télécommande donc pour chaque membre de la famille et une parabole au toit. Vue générale de la cité Et personne ne semble se soucier outre-mesure de l'aspect esthétique extérieur de l'immeuble, surtout que certaines paraboles sont rongées par la rouille. Un représentant de syndic d'immeuble estime être désarmé face à cette situation qui porte atteinte, il est vrai, à la vue générale de la cité. «Chaque locataire ou copropriétaire est libre d'installer autant de paraboles qu'il le désire. On peut conseiller ces derniers sur la bonne tenue de l'immeuble, mais on n'est pas toujours écouté». Si certaines personnes installent leur parabole sur le toit, d'autres ne prennent pas cette peine dans la mesure où ils se contentent de visser leur support dans le balcon. La multiplication des paraboles dans les centres urbains traduit, en tout cas, la soif des Tunisiens pour les informations et les émissions de loisirs diffusées en continu sur les différentes chaînes de télévision durant toute la journée. Sans payer de cartes d'abonnement, ces férus du petit écran trouvent le moyen d'accéder à des chaînes payantes grâce au patch, service offert par certains revendeurs et réparateurs de paraboles à prix symbolique. Il est loin le temps où les pouvoirs publics surveillaient les paraboles installées dans les jardins ou sur les toits. Il était question surtout de vérifier que la redevance imposée par le ministère des Télécommunications – et publiée dans le journal officiel – était bien payée. Les services municipaux étaient aux aguets et menaçaient les récalcitrants de leur enlever les paraboles. De plus, le motif de cette redevance était la défiguration de l'aspect esthétique de la ville par la multiplication des paraboles. «En réalité, pense le représentant de notre syndic d'immeuble, l'Etat cherchait à faire de nouvelles recettes sur le compte des citoyens dont la majorité ne payait pas cette fameuse redevance faisant fi des menaces des autorités». L'autre motif non avoué consistait à décourager les familles à installer ces paraboles aux différentes marques et diamètres. Les ordinateurs vendus avec un abonnement Internet haut débit à prix relativement abordables – permettant d'accéder à plusieurs chaînes télévisées et de contacter en direct les amis – n'a pas eu un grand effet sur la vente des paraboles de l'avis même des revendeurs relevant du marché organisé ou du marché informel. En fait, le matériel est vendu dans les grandes surfaces, mais aussi par des petits revendeurs qui se trouvent dans les rues des Salines, de Moncef Bey, d'Athènes ou de Boumendil. Les prix différent selon la marque, mais avec 220 dinars seulement, le consommateur peut se procurer une bonne parabole avec son récepteur. L'installation se fait selon la demande des clients qui ont constaté l'évolution technologique de ces appareils de réception devenus plus compacts et plus perfectionnés dans la mesure où ils sont capables d'effectuer automatiquement le scannage des chaînes payantes et non payantes en quelques minutes. Selon un revendeur à la rue des Salines, «la vente des paraboles connaît une augmentation surtout lors de grands évènements sportifs ou politiques. Lors de la Coupe d'Afrique des Nations, nous avons vendu plusieurs récepteurs». La préservation du cadre esthétique n'exige certainement pas une loi, mais une entente entre les locataires et les copropriétaires d'un seul immeuble, ne serait-ce qu'au niveau des endroits d'installation des paraboles, qui font parfois l'objet, en l'absence d'un gardien, de plusieurs actes de sabotage ou de vol.