Par Hamma Hanachi Pas de jour sans morts, l'actualité n'apporte que de mauvaises nouvelles, suivre les infos devient un reflexe redoutable. La guerre au quotidien, la Syrie brûle, l'escalade meurtrière du régime augmente chaque jour; Jonhatan Littel, prix Goncourt 2006 (Les Bienveillantes), revient de Homs, il fournit des témoignages pathétiques sur la situation de la ville et décrit la visibilité du mal. L'horreur, un hôpital, un centre où les soldats du régime torturent les blessés venus pour se soigner, et ça donne des sueurs. Littel, reporter spécialiste de la douleur. Les révolutions manquent actuellement de boussole politique, on navigue à vue et le brouillard se densifie d'une semaine à l'autre. L'Egypte célèbre sa révolution sans chansons, sinon celles des pleurs et des revendications. Le printemps arabe se dirige-t-il vers l'automne ? Mardi, sur Radio classique, l'écrivain Tahar Ben Jelloun inverse l'image «Le printemps arabe passe par l'automne» et de citer la Tunisie qui, à ses yeux, «s'en sort le mieux». L'Europe s'escrime à panser ses blessures, la Grèce s'indigne contre les mesures d'austérité imposées par l'UE, des ministres démissionnent, la violence urbaine persiste, le Portugal lui emboîte le pas, les indignés se rebellent contre les plans dictés d'en haut. Désastre de l'économie de marché ? Les philosophes expliquent la marche du monde; à la radio, Alain Badiou, philosophe engagé, défenseur des opprimés et des étrangers, romancier, dramaturge (dernier ouvrage La République de Platon, éd Fayard, 2012) fidèle et dévoué à ses idées anticapitaliste, répond à Alain Finkielkraut, débatteur vedette et anticommuniste notoire. «La République a besoin de nouvelles idées d'émancipation et de se sortir de son destin, de ses idées de domination» et de réaffirmer «Mon idée je ne la rallierai pas à la philosophie qui soutient l'ordre dominant et établi». De plus en plus, le livre vaut par la façon dont il est présenté, Badiou, clair dans la démonstration, passe bien à l'oral. La Saint-Valentin n'est plus une fête réservée exclusivement au commerce des fleuristes et les roses rouges, le livre s'autorise une entrée. A l'occasion, Cérès Edition présente des ouvrages qui traitent du sujet sous le slogan Et si on parlait d'amour? On y rencontre en vrac Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulvelda, Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie, Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda , Et si c'était vrai de Marc Lévy, etc. La maison d'édition a oublié de mettre dans son rayon amour, l'incontournable Les souffrances du jeune Werther de Goethe. Désuet, trop triste, déprimant pour une fête ? Alors l'essai de Roland Barthes Fragments d'un discours amoureux. Tournée de promotion pour le ministre du Tourisme, rencontres avec des responsables français, au premier desquels Fréderic Mitterrand, ministre de la Culture, un ami des bons et des mauvais jours, un appui. Une soirée fastueuse à Lyon, des TO réunis autour d'un dîner affichent leur volonté d'encourager le secteur, les clients vont-ils suivre ? Au détour d'une émission sur le tourisme à France Info, lundi 13 «La lune aiguise des appétits financiers, une firme japonaise a pris option pour un restaurant» Une minute plus tôt on entend «Djerba la Douce sous ses cratères dans une ambiance de désolation». Constat amer, comment l'île, longtemps lestée d'une image attractive en est arrivée à ce point? Renverser la vapeur ? On prend le journaliste au mot. Comme les TO diversifient leur offre, le restau sur la lune en est un exemple, pourquoi ne pas appuyer sur l'originalité, programmer la découverte des supposés cratères de Djerba, l'ambiance de désolation. Des expéditions de volcanologues pour la découverte des cavités et des éductours pour les poètes inconsolés. Il est loin le temps où Flaubert décrivait l'île des lotophages «L'air est si doux qu'il empêche de mourir».