Par Mohamed SAADAOUI Le gouvernement légitime, issu des élections transparentes, libres et incorruptibles, nous a demandé le jour de son intronisation d'attendre six mois pour qu'il exécute ses promesses. C'est ce qu'a dit le président de la République M. Moncef Marzouki. Mais rien n'a changé jusqu'à présent. On recense les jours sans que nous ne recueillions aucun apport de la révolution. Ce gouvernement est malchanceux tant qu'il se trouve entre le marteau et l'enclume: d'une part, il doit avoir recours à des mesures d'urgence pour résoudre les problèmes essentiels tels que l'emploi, le développement dans les régions marginalisées, les procès des martyrs et des blessés…; d'autre part, il doit rétablir l'ordre menacé par l'infiltration fréquente des terroristes armés sur le territoire tunisien, comme il doit savoir bien gérer les inter-attractions, surtout entre salafistes et modernistes, sachant que, malgré leur rivalité, chacun de ces deux mouvements se développe contre la Troïka. Notre gouvernement endure un grand fardeau, c'est pourquoi ses réactions ne sont pas encore signalées. Outre cela, le retard gouvernemental est alimenté par les sit-in organisés un peu partout dans les établissements économiques. En effet, le marasme a submergé le pays. Le peuple souffre de la hausse des prix et le pouvoir d'achat est vigoureusement frappé. Certes, le taux de croissance économique s'accroît mais à un rythme insuffisant. Certainement, le staff du pouvoir mis en place s'avère non seulement inexpérimenté mais aussi débordé par les circonstances graves et souvent simultanées comme la calamité du nord-ouest causée par les chutes de neige, et les altercations provoquées et catalysées lors de la visite boiteuse du prédicateur Wadji Ghanim. C'est vrai que de telles conjonctures ne font pas partie de ses enjeux ni de ses défis, mais quoi qu'il en soit, le gouvernement doit endosser la résolution de tous les problèmes. Nous souhaitons que cette lenteur agaçante soit un choix bien étudié avec beaucoup de sagesse de la part des diplomates tunisiens pour que les tâches soient réalisées et accomplies sur des bases solides et bien ancrées. Nous souhaitons également qu'elle ne soit pas un signe de faiblesse parce qu'une grande masse de la population risque de perdre patience, notamment les chômeurs et les parents des victimes. Ainsi, le gouvernement doit accélérer ses interventions dans ces divers dossiers pour calmer la tension et réhabiliter la confiance avec le peuple.