• La Banque européenne d'investissement (BEI) et la Coopération au développement auprès du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg ont alloué, chacun, une somme de deux millions d'euros au profit des opérateurs de la microfinance • L'étude de faisabilité de la zone logistique de Jbel El Oust sera financée par un don de la BEI et clôturée en décembre 2012 • 100.000 entrepreneurs et étudiants tunisiens bénéficieront d'un programme de formation financé par la BEI Une enveloppe de l'ordre de 250 mille euros pour l'étude de faisabilité de la plateforme logistique de Jbel El Oust, des fonds de quelques millions d'euros pour les capital-risqueurs ainsi que pour les opérateurs de la microfinance, des programmes ambitieux : voilà ce qui a été annoncé à l'occasion de la dixième conférence de Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (Femip). L'objectif est de répondre au mieux aux besoins des PME en vue de créer un tissu d'entreprises compétitives et interconnectées dans un espace euroméditerranéen, relais de croissance pour toute PME. Prévue en mars 2011, reportée en raison des circonstances de la révolution, cette dixième conférence a été organisée hier, à Gammarth. Plusieurs experts et opérateurs privés ont partagé leurs expériences et leurs avis lors de cette manifestation organisée par le ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale (Mici), la Banque européenne d'investissement BEI et l'Agence de promotion en faveur des PME de la Chambre de commerce de Milan (Promos). Dans son allocution d'ouverture, M. Riadh Bettaïeb a rappelé que «la tenue, en l'espace de deux ans, d'une deuxième conférence régionale de la Femip, après celle qui a été dédiée à la recherche et l'innovation en 2010, témoigne de la confiance dont jouit la Tunisie, auprès des instances internationales et de la communauté des affaires». Dans ce passage délicat de transition démocratique et dans une conjoncture internationale difficile, les besoins et les attentes sociales sont de plus en plus pressantes. Seul un développement soutenu du tissu économique du pays peut apaiser ces tensions et répondre à ces demandes. Pour ce faire, il convient d'identifier tous les moteurs de croissance des PME et les booster. Concrètement, la PME a besoin, dit-il, en premier lieu, de consolider sa structure financière. Deuxièmement, il est crucial de s'assurer du concours des actionnaires actifs qui apportent, en plus du financement, un savoir-faire et un réseau relationnel national et international. Troisièmement, l'entreprise cherche à bénéficier d'une assistance auprès de conseillers et d'experts spécialisés en matière d'organisation et d'ingénierie financière, de choix technologique et de stratégie commerciale. Quatrièmement, elle est appelée à s'adapter et à gagner en compétitivité dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Et dans ce cadre, «la BEI a un rôle important à assumer dans la concrétisation d'un partenariat qui se veut différencié et renforcé», ajoute le ministre. A l'image des besoins des entreprises, la conférence a été axée sur trois thèmes clefs, à savoir un, l'amélioration et la diversification nécessaires des services financiers destinés aux PME et aux microentreprises, deux, la culture d'entrepreneuriat et la formation managériale et technique des entrepreneurs, y compris des institutions financières locales et, trois, le renforcement de la compétitivité internationale des entreprises. Pour le financement, l'accès limité des entreprises aux crédits bancaires et aux produits financiers classiques pose la problématique de la recherche des modes de financement alternatif. Le vice-président de la BEI, M. Philipe de Fontaine Vive, note que «le soutien financier de l'Europe portera, entre autres, sur la relance du capital risque et le développement du microcrédit». Pour la microfinance, la BEI et la coopération au développement auprès du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg ont accordé, chacun, une somme de deux millions d'euros. Parallèlement, la BEI a fait le choix de moderniser ses lignes de crédit pour dynamiser les ressources disponibles à destination des PME tunisiennes. D'autres mesures concrètes sont actuellement à l'étude au sein de la banque, comme celle de la mise en place d'une facilité de garantie afin d'encourager les banques locales à financer les PME méditerranéennes. Ces outils sont de nature à développer les PME qui assurent «plus de 80% des emplois», estime M. De Fontaine Vive. Par ailleurs, la BEI consolidera ses apports à la Tunisie, la nouvelle. Tous les moyens seront déployées pour soutenir un processus de transition «aussi rapide, aussi efficace et aussi démocrate», ainsi qu'il l'a qualifiée. S'agissant de l'entrepreneuriat et de la formation, le vice-président de la BEI a annoncé un vaste projet de formation : «100.000 jeunes seront formés». C'est un domaine où la banque est active à travers ses opérations d'assistance technique, d'accompagnement et d'expertise financière. Sur un autre plan, pour renforcer leur compétitivité internationale, les entreprises sont invitées à innover et à améliorer leurs stratégies veille commerciale et technologique. Pour sa part, M. Alaya Bettaïeb, secrétaire d'Etat chargé de la Coopération internationale, a précisé : «On peut ne pas s'accorder sur la définition d'une PME, mais nul ne doute que ces petites structures contribuent largement à la croissance économique et à la création d'emplois». En fait, selon M. De Fontaine Vive «la compétitivité des grands projets qui font la une des médias est tributaire du réseau des entreprises qui les entourent». Mieux encore, le nombre et le taux de PME dans un tissu économique est révélateur du niveau de réactivité, de flexibilité et de technicité. Répondant à une question relative à l'harmonisation des réglementations en matière d'accès des marchandises au marché européen, il a répondu : «L'harmonisation est un bel objectif, mais aussi un chantier complexe». Une plateforme logistique aux standards internationaux L'étude de faisabilité de la plateforme de Jbel El Oust date de 2010, mais elle n'est pas encore réalisée. «Il faut agir rapidement pour rattraper le retard», a indiqué M. Abdelkarim Harouni, ministre du Transport. Il estime que la signature de la convention pour un don de 250.000 dinars marque le début pour une étude de faisabilité de la zone de 168 ha qui sera clôturée à la fin de cette année. Selon M. De Fontaine Vive, c'est un projet symbolique de la nouvelle Tunisie. Dans le cadre du programme «Logismed», la banque a mis à la disposition des pays méditerranéens son expertise en matière portuaire afin d'ériger des structures facilitant les échanges dans l'espace Euromed. La zone sera desservie à la fois par les voies routière, ferroviaire, maritime et aérienne. Ambitieux, le ministre annonce que «neuf zones logistiques sont projetées». Par ailleurs, un mémorandum d'entente a été signé par Promos et des partenaires tunisiens, notamment la Fipa, le Cepex, la Bfpme et l'Api. «L'objectif est de promouvoir le partenariat public-privé», a précisé M. Bruno Ermolli, président de Promos. Plus généralement, dans le cadre d'un Centre euro-méditerranéen de développement des micro, petites et moyennes entreprises, il s'agit de créer des entités dynamiques, compétitives et interconnectées. Pour ce faire, le centre s'engage à structurer un marché de projets transnationaux au profit des entreprises de la région. En plus, le centre agira auprès des banques pour faciliter le financement des PME. Et enfin, des dispositifs de formation seront mis en place pour assurer le développement des compétences et, de facto, la compétitivité des entreprises.