La course à la fusion et à l'unifications entre les partis politiques se poursuit de plus belle. Aussi, après la création, dimanche dernier, du Front populaire 14-Janvier regroupant cinq partis de mouvance de gauche, hier, Fethi Laâyouni, président du parti Al Amana, Skander Rekik, président de l'Alliance nationale pour la paix et la prospérité, et Lazhar Baly, président du parti Tounès Al Karama, ont signé un protocole de fusion entre ces trois partis donnant nassance à un nouveau parti qui s'appellera «parti El Amen». Le nouveau parti aura pour président Lazhar Bali, Skander Rekik assurera les fonctions de président du bureau politique, alors que Mohamed Naamour a été désigné au poste de secrétaire général. Le parti El Amen, qui vient constituer la cinquième alliance partisane à s'imposer sur la scène politique nationale après les élections du 23 octobre 2011, dispose d'un bureau politique de 32 membres dont quatre femmes (voir encadré comportant la composition du bureau politique). Partenaires dans l'œuvre d'édification Pour Me Fethi Laayouni, ex-président du parti Al-Amana et qui ne figure pas dans le bureau politique du parti «El Amen», la fusion des trois partis, en cette journée de célébration de la fête de l'Indépendance, a une signification particulière. «Nous avons voulu célébrer l'indépendance à notre manière en concrétisant ce rêve d'unification, en vue d'édifier l'avenir du pays, loin des dissensions et des conflits. Notre fusion n'obéit pas à des considérations d'ordre tactique ou conjoncturel. Ce qui nous réunit, ce sont bien des sentiments de lutte partagée et des rapports humains forts traduisant notre conviction que l'intérêt supérieur de la Tunisie commande l'unification de nos trois partis en vue de préserver les acquis du pays et de jouer notre rôle de partenaires actifs dans l'œuvre d'édification de la Tunisie nouvelle. Notre rêve est grand et nous sommes convaincus que la fusion est la voie et le mécanisme propres à nous permettre de voir nos rêves concrétisés». Quant à Skander Rekik, ex-présient de l'Anpp et nouveau président du bureau politique du parti «El Amen», il a précisé que la décision de fusionner les trois partis pour donner naissance au parti «El Amen» est intervenue à la suite de réunions-marathons de débat et de réflexion en vue de créer «un parti de juste milieu avec des normes tunisiennes». «Nous avons choisi le juste milieu en tant que méthodologie de travail parce que nous sommes persuadés qu'il constitue la solution la plus indiquée pour la résolution des problèmes de la Tunisie. Nous sommes également d'avis que seul le dialogue est en mesure d'apporter les solutions idoines aux conflits, alors que la polarisation idéologique et la violence ne peuvent aboutir qu'à l'instabilité et à la discorde». Skander Rekik n'y va pas par quatre chemins pour faire valoir la vocation du parti El Amen qui sera un parti de centre militant pour un développement économique fondé essentiellement sur l'autonomie des régions qui «doivent bénéficier de l'indépendance financière et administrative et de la liberté de la décision de choisir les programmes de développement qui s'adaptent le mieux à leurs besoins réels et à leurs spécificités. Aujourd'hui, il n'est plus question que la capitale décide à la place des régions et leur impose sa vision». Un parti tunisien à 100% De son côté, Lazhar Baly, nouveau président du parti «El Amen», souligne : ««Notre parti est un parti à 100% tunisien, tant à l'échelle de son identité arabo-islamique qu'à celle de ses objectifs et de ses orientations. Notre formation représente une passerelle de communication et d'échanges entre toutes les sensibilités présentes sur la scène politique nationale ou militant au sein du tissu associatif national. Le Parti El Amen regorge de compétences, d'hommes d'affaires et de militants ayant l'expérience du terrain et qui savent que nos problèmes ne sont ni idéologiques ni identitaires, mais plutôt des problèmes de développement. Nous sommes appelés à apporter les réponses qu'il faut aux problèmes du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion et de la marginalisation. Nous tendons la main à ceux qui partagent les valeurs fondant notre action et nous estimons que le juste milieu (ou centrisme) est avant tout une pratique sociétale. Notre parti appelle le gouvernement à faire face aux extrémistes quelles que soient leur appartenance et couleur politique». Le Parti «El Amen» est-il disposé à nouer des alliances avec d'autres partis qui ont déjà annoncé leur entrée dans certains regroupements? Quelle place auront les jeunes au sein du nouveau parti ? Mohamed Naâmour, secrétaire général du Parti, précise: «Au sein d'El Amen, nous sommes déterminés à éduquer les générations montantes sur les valeurs du juste milieu et sur l'acceptation du droit à la différence. Les jeunes doivent apprendre à prendre position et à respecter les institutions». Ali Ellafi, membre du bureau politique du nouveau parti, pense, quant à lui, que «plusieurs partis politiques ne sont pas encore sortis de la mentalité du leadership. Pour nous, il ne s'agit pas de s'aligner derrière des slogans creux ou des banderoles politiques. Cependant, nous restons ouverts au dialogue avec ceux qui partagent notre vision des intérêts supérieurs du pays».