Les méthodes pédagogiques appliquées depuis plusieurs années ont montré (du moins pour certaines) leurs limites. Preuves à l'appui, les enseignants tentent de revenir à d'anciennes « recettes ». Ils sont encouragés, en cela, par des pays plus évolués dans le système d'enseignement. Dans les écoles primaires, par exemple, des matières comme la récitation, l'écriture et la dictée figurent en bonne place dans les programmes. Dans les collèges, elles deviennent plus ou moins facultatives et sont tributaires du dynamisme de l'enseignant et de sa volonté à s'investir ou non dans cette voie. Les collégiens ne se sentent plus en âge de passer au tableau et de réciter un poème. C'est pour les petits. Les lycéens, quant à eux, c'est encore plus grave. Leur parler de dictée ou de récitation, c'est, tout simplement, les offenser ! Les faits montrent, en tout cas, que de telles disciplines ont un apport indéniable dans la formation des générations d'apprenants. La dictée et la récitation donnent une force de mémorisation essentielle à l'élève puisqu'elles lui permettent de retenir des signes graphiques et d'intérioriser des réflexes linguistiques fondamentaux. C'est ce que les pédagogues appellent la mnémotechnique qui facilite les associations mentales. Elle doit être introduite à un très jeune âge et aussi poursuivie plus loin encore. Dans le primaire, cette méthode n'est pas rejetée par les élèves. La déclamation d'un poème exigée par les instituteurs ajoute un peu plus d'efforts de théâtralisation et d'apprentissage de la maîtrise de soi et de l'autocontrôle. La récitation devient, ainsi, un exercice de mémorisation pure mais aussi une recherche de la maîtrise du signe et du geste. Elle développe, également, la confiance en soi dans la mesure où l'élève fait face à un groupe et essaye de l'intéresser par un travail inventif et créatif. Quant à l'écriture, elle constitue pour les enseignants le talon d'Achille. Leur constat est sans appel : nos enfants ne savent pas écrire ! Les notes obtenues dans cette discipline sont tellement basses qu'elles influent sur les très bonnes moyennes qu'ils devraient obtenir. L'explication résiderait dans certaines pratiques utilisées dès le préscolaire et la première année primaire. L'insistance sur l'écoute et l'observation des sons sans leur retranscription en serait, peut être, une cause. Un travail de diagnostic pourrait bien aider à expliquer le phénomène. Les stylos à bille y sont aussi pour quelque chose. Il y a, aussi, la saisie de cet outil par l'élève qui entre en jeu. Et, ici, l'enseignant ne peut rien faire car dans beaucoup de cas, il est mis devant le fait accompli. La fameuse dictée Parler de dictée devant des lycéens suscite l'hilarité générale. Ces ados croient que ce genre d'exercice n'est plus approprié et que leur niveau ne leur permet pas de se prêter à ce «jeu». Pourtant nous savons que la télévision, en France, a fait de cette épreuve un spectacle où des participants de tous les niveaux se sont affrontés. Des concours nationaux et internationaux de dictée avec des récompenses substantielles sont organisés un peu partout dans le monde. Ces manifestations ont montré la richesse des langues et dévoilé leurs mécanismes aux concurrents. L'école est toujours capable d'assurer son rôle dans la préservation de la langue et dans sa vulgarisation grâce à cette discipline. On peut toujours encourager les efforts qui visent à restaurer ces activités et à redonner toutes leurs chances à nos élèves. Pourquoi ne pas poursuivre cet apprentissage jusque dans les collèges (du moins la dictée et la récitation)? Les quinquas ou les quadras et même ceux qui sont un peu moins jeunes se rappellent, sûrement, ce rituel qui entourait la dictée. Tout d'abord l'instituteur présentait un texte écrit sur le tableau et demandait aux élèves de l'observer. Après, il tirait un rideau qui masquait ce texte. En troisième lieu, il commençait à dicter. Le moment de la correction constituait un moment d'attente et de découverte relativement passionnant. Ce sont ces atmosphères et ces ambiances qu'il faudrait restaurer.