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Un rêve partagé
«Hippocampe, Art et Citoyenneté»—Ouvertures poétiques à Tozeur
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 03 - 2012

«Routes du sel, Routes des esclaves, Routes de l'or, Routes défaites par le vent, Routes des oiseaux du désert Sur le sable planant, Les ailes déployées, Ouvertes vers l'élan». C'est ainsi que Hager Hila (Routes) a choisi de parler de l'infinie route qui nous mène à l'autre, si étrange et si intime à la fois. La nôtre fut celle qui nous mena à Tozeur, à ses «Ouvertures poétiques», en tant que conviés de Nadia et Amara Ghrab, Françoise Tabbane et Hichem Ben Ammar, membres fondateurs de l'association «Hippocampe, Art et Citoyenneté».
Près de 450 kilomètres nous séparant de la ville qui a vu naître notre poète national Aboul Kacem Chebbi. Le temps de s'ouvrir au voisin de route, de s'ouvrir à la vue grandissante, de cueillir des yeux les bribes des villes parcourues... Assez de temps pour savoir que l'ouverture est un mot-clé chez les fondateurs de cette association, née après le 14 janvier 2011. A l'image de l'animal marin dont elle a emprunté le nom, elle se veut a-frontières, fière de ses origines, de nos origines, de notre patrimoine culturel. Et c'est à travers la poésie, cette fois, que l'association a choisi de véhiculer tout cela, en nous invitant, les 17 et 18 mars, à ses «Ouvertures poétiques à Tozeur».
Tozeur, ville de la Pharaonne Taousert (la puissante en égyptien antique), dernière représentante de la XIXe dynastie. Tozeur, une ville dont le nom est, également, une forme féminine berbère de l'adjectif «fort», Taouser, et qui signifierait, encore la force, nous accueille en déployant ses constructions de «gueleb» (briques en terre séchée au soleil puis cuites) qui imposent respect et admiration, ses diverses forêts de palmiers (ghieb) disséminées, ici et là, et dont seuls les habitants de la région connaissent le secret, sa vieille Médina, fief de toutes les rencontres fortuites, faite de petits commerces, de petits musées, mais aussi d'imposantes portes en bois de palmiers qui ouvrent sur de somptueuses demeures... Mais Tozeur n'est pas que cela, Tozeur est celle de «Am Ali», ce vieux révolté, qui a fait les deux Kasbah, ainsi que, peu de temps après, le premier sit-in du Bardo. «Am Ali» qui a baptisé la petite rue de son quartier (de l'aéroport), rue du 14-Janvier 2011. Tozeur est, également, la ville de Mabrouk Hadyouch et Othman Bayoudh qui ont entamé, depuis plus d'une semaine, une grève de la faim, pour cause de précarité et de chômage... Celle de Mohamed Hassen Zouzi Chebbi, ce poète (Requiem pour oasis défunte), écrivain, docteur en philosophie (La Philosophie du poète - L'exemple d'un poète tunisien de langue arabe - Abul Qacem Chebbi (1909-1934)) qui a traduit et publié de nombreux textes de poètes arabes contemporains (Fadwa Tuqan, Sayyed Darwich...) et que nous avons eu l'occasion de croiser lors de ces rencontres poétiques.
Du vivre ensemble
Hébergée par L'Oasis Eden Palm, cette rencontre autour de la poésie a joui d'un cadre enchanteur, celui d'une magnifique clairière aménagée à l'occasion: sol parsemé de poufs et de tapis. Une ambiance, pour le moins, propice au rêve, à l'écoute et à la dégustation des mots servis par les différents poètes participants.
Le rêve suggéré par cette rencontre est comme «...L'incertaine trajectoire de ton orbital vagabondage, te traîne et t'entraîne, t'enracine et t'enlace, Le long des signes intempestifs de la vive rage, dans la course des dunes au vent du nord à la rumeur indécise, d'une foule vagabonde de flâneurs, clochards, fêtards...», nous déclame Zouzi Chebbi dans son «Rêve en boucle» . Ce rêve est également, celui de la présidente de l'association, Nadia Ghrab et de ses compagnons, qui a finalement pris forme et l'allure de ces «Ouvertures poétiques».
Un rêve partagé et entamé, poétiquement, lors de la première soirée, par des personnes de tous bords, de différentes générations, à l'instar de Mouldi Rhili (Tozeur) qui a ouvert la joute avec son poème en langue arabe «Je la vois, presque» (Akadou araha). La place est ensuite cédée à Hager Hila qui nous a lu sa «Symphonie» (en français): «Tu es le pianiste et je suis la sonate du désert, Tu es saxophoniste et je suis ta nouba», reprise ensuite en arabe par Fadhila Chebbi, dans une traduction de Mohamed Bouhouch.
Une nuit bien fraîche, contrastant avec la chaleur de la journée, qui a vu défiler les différents poètes, leurs mots, tissés à l'occasion, et avec eux les deux jeunes musiciens de Tozeur, Slim Labboussi (flûte) et Haïthem Hlali (violon), accompagnés, pour quelques morceaux, par le violon de Souha Bakhta et qui nous ont proposés, entre chaque poème, et outre leurs propres compositions, des morceaux du patrimoine tunisien.
Il y a eu ainsi, pour réchauffer les cœurs, des mots en arabe proposés par Lamine Chérif, Sana El Heni, Abderrazek Chida, Zakia Ettanbari, Abdelhamad Haddan, Sondes Baccar, Basma Bouabidi, Mohamed Bouhouch, Adel Bouaga, Abou Maali Hadfi, Latifa Chebbi et la jeune étudiante en médecine dentaire et violoniste Souha Bakhta qui, avant ce rendez-vous, avait du mal à présenter sa poésie. Des proses en français (traduits en arabe) étaient également au rendez-vous, celles de Nicole Coppey qui est venue spécialement de Suisse et qui dit avoir besoin de dessiner ses mots en proposant pour accompagner son texte «Je partirai» un dessin, à la vision, ô combien orientaliste... fait d'écriture donnant forme à un dromadaire. Le Franco-Libanais Michel Cassir a donné la réplique, dans son poème «Princesse noire» à son épouse Claudia Christiansen qui lui a répondu par une sorte d'invocation vocale qu'elle a exécutée au coin du feu, fait à l'occasion, avant que Nanouchka de Creisker nous déclame «Ne pas écrire».
Le dernier jour de cette fête poétique a vu la participation, entre autres, de la poétesse native de Tozeur, Fadhila Chebbi, du Sicilien Biagio Guerrera qui nous a chanté sa poésie, de Anne-Marie El Khatib, de Moncef Ghachem, de la Basque (Espagne) Amaia Lasa et des Tozeurois, Ahmed Moubarki qui nous a proposé une sorte de diatribe poétique et humoristique sur les infortunes du maître d'école, et Abou Maali Al Hadfi. Laura Casielles et Carmen Camacho sont venues d'Espagne nous offrir, en duo et en solo, des poèmes sur les thèmes de la patrie, des frontières et d'autres thèmes universels. Ces deux jeunes poétesses et journalistes font partie de «La Palabra Itinerante» (la parole itinérante), un collectif d'agitation et d'expressions artistiques composé d'écrivains et d'artistes qui ambitionnent, à travers leurs œuvres, de participer à la construction et à la transformation sociale.
Le grand poète égyptien Sayed Hijab était également de la partie et nous a offert, en arabe parlé, son poème «L'heure est venue» (Ana'l awan) sur et autour de la révolution égyptienne, un thème suggéré par l'association. Son ami, le poète tunisien Sghaïer Ouled Ahmed, qui devait l'accompagner, lors de ces deux journées, a brillé par son absence. Dommage. Soigneusement rimés, les vers de Sayed Hijab, «au rythme haché, au souffle haletant», comme les a décrits Zouzi Chebbi, qu'il chante par moments, appellent, dans ce même contexte tuniso-égyptien, à la tolérance, à l'acceptation de nos différences, au vivre ensemble.
On ne peut conclure en parlant de ces «Ouvertures poétiques», qui ont réanimé bien des cœurs, qui ont permis de nouer des liens, de faire des rencontres fortuites, de s'ouvrir à l'autre et de voir en lui dans sa particularité une part de soi, sans évoquer l'œuvre et le combat, ô combien honorables, de l'éthno-musicologue d'origine argentine, Claudia Christiansen, qui a enrichi cette rencontre par son intervention musicale et vocale. Ecolo et humaniste, cette musicienne de mère mexicaine, perpétue à sa manière la mémoire ancestrale des Indiens du Mexique et se réapproprie leurs instruments et leurs rythmes dans une sorte de rites musicaux.
Une édition à relancer
Les soirées de ce petit festival étaient bien remplies, un peu trop même, ce qui n'a pas facilité la juste appréciation des poèmes et de leurs traductions. Ne dit-on pas que traduire c'est un peu trahir. Ainsi, nous avons eu, en quelque sorte, droit à des poèmes originaux, parce que devenus autres, de par les sens et les sonorités apportés par leurs traducteurs. Nous avons aussi déploré la quasi-absence des gens de la ville, car l'événement se veut une occasion de rencontre ouverte à tous... Une absence qui fait écho à celle des affiches publicitaires de l'événement qui ont, elles aussi, manqué à l'appel à cause d'un malentendu, pour ne pas dire négligence, de la part de certains responsables de la région qui étaient censés s'occuper de l'affichage. Les plus avertis de Tozeur étaient, quant à eux, de la partie et ont pu rêver avec les «artisans» des mots.
«Quelque chose qui dépasse le relationnel s'est passée entre les gens qui, même ne comprenant pas les textes en langues étrangères, arrivaient à vibrer avec leurs sonorités. Au final, le plaisir fut partagé malgré les petites imperfections, car en plus avec la présence de 32 poètes, nous ne pouvions hélas, consacrer, à chacun, assez de temps. J'espère que d'autres sessions le permettront et l'idéal serait qu'à Tozeur, les gens finissent par prendre le relais et par s'approprier l'événement». C'est avec ces mots que Nadia Ghrab a conclu ce rendez-vous.
Une belle expérience qui gagnerait à être inscrite dans le temps, peut-être à travers un recueil anthologique dont la matière est quasi prête et qui attend d'être publié. Un ultime rêve de l'association...
Bonne route.


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