L'on ne sait pas si c'est en réaction immédiate au meeting de Monastir, ou c'est juste une simple coïncidence. La Troïka a, organisé, hier matin, à la grande salle de la municipalité de Ben Arous, un meeting sous le signe du consensus et de l'engagement commun pour réaliser les objectifs de la révolution. Rendez-vous qui n'a pas manqué de drainer un grand nombre d'adhérents et de sympathisants des trois partis politiques représentés au sein du gouvernement Jebali, en présence d'un certain nombre de responsables administratifs et politiques locaux et régionaux. En fait, les discours de MM. Mohamed Abbou, Noureddine Bhiri et Khalil Zaouia, respectivement ministres de la Réforme administrative, de la Justice et des Affaires sociales, convergent vers le même but : rassurer et renouer avec la confiance des citoyens en l'action gouvernementale, tout en renouvelant l'engagement pris pour mener le pays à bon port. Ainsi, leur message, qui fait semblant d'une campagne électorale prématurée, se veut plutôt rassembleur que porteur de nouvelles promesses. Mais les points évoqués au cours de la rencontre sont aussi communs. Les trois ministres intervenants ont été, en fait, unanimes à déclarer qu'il n'est plus permis de céder sur les valeurs de la dignité, de la liberté et des droits de l'Homme, étant donné qu'elles constituent les constantes de la démocratie et les objectifs de la révolution. Lors de son allocution, M. Mohamed Abbou a indiqué que cette étape transitoire devrait relever autant de défis majeurs. Au cours de cette année, l'accent sera mis en priorité sur la création des postes d'emploi, l'investissement et l'amélioration des conditions de vie dans les régions défavorisées. «Pas moins de 25.000 demandeurs d'emploi seront recrutés dans la fonction publique, au titre de 2012», a annoncé le ministre, soulignant que les concours d'intégration dans l'administration doivent répondre, désormais, à des critères de compétence, loin de toute forme d'appartenance partisane, de favoritisme ou d'intervention abusive. Dans ce contexte, le projet de loi relatif au recrutement sera bientôt soumis à la Constituante. Le ministre a insisté sur l'impératif de rompre avec les anciennes traditions administratives et de se débarrasser des symboles de la corruption. «On n'est pas là pour gérer seulement les affaires de l'Etat, mais notre mission est aussi de procéder à des réformes dans la limite du possible», lance-t-il, faisant preuve de disposition à tenir promesses. En conclusion, M. Abbou a relevé que la Troïka fonctionne dans une dynamique gouvernementale cohérente, sans aucune idéologie partisane, quelle qu'elle soit. C'est ce qu'a également affirmé M. Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, lors de son intervention. Le gouvernement de tout le peuple Le gouvernement de la Troïka est celui de tout le peuple. Son objectif, à ses dires, est de répondre aux attentes légitimes d'une population qui était victime des apôtres du despotisme et de la tyrannie du régime déchu. L'emploi, le développement et l'équité sont évidemment placés en tête des priorités. Et pour rassurer, M. Bhiri a reconnu qu'il y a un sentiment d'incertitude mêlé d'une peur justifiée, compte tenu de la nature de l'étape que traverse le pays, mais, a-t-il ajouté, il faut qu'il y ait quand même confiance en soi et en ce gouvernement. «Ce doute ne fait que nous pousser encore plus loin pour atteindre les objectifs de la révolution...», révéle-t-il avec fermeté et détermination. Et d'enchaîner, «c'est vrai que l'on s'attend à beaucoup de difficultés, mais cela ne nous donne que plus de vigueur et de volonté irréversible à arriver À bon port, parce que pour nous l'échec ne serait jamais permis». Car, explique-t-il, le gouvernement se trouve, ainsi, face à sa responsabilité de gagner les enjeux futurs. «Notre devoir est de baliser la voie à la démocratie et à une justice indépendante, sans retour aux manifestations de l'injustice et de l'oppression», affirme-t-il. Et d'ajouter que «nul ne sera au-dessus de la loi...». Abordant le vécu actuel, le ministre a révélé que l'on a enregistré, à partir de janvier écoulé, des indices d'amélioration sociale et économique. «Aujourd'hui, on avance à pas sûrs...», conclut-il. Un nouveau programme d'aides sociales Prenant la parole, M. Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociale (Ettakattol), a qualifié l'action gouvernementale d'aventure et de mission difficiles. Après trois mois d'exercice, ce gouvernement de coalition est appelé à tracer ses orientations générales et à mettre en place son programme d'avenir. Côté social, la lutte contre la pauvreté, consiste à octroyer des aides sociales au profit des familles nécessiteuses. Il a été décidé, dans ce sens, de majorer de 50 dinars les allocations familiales, accompagnées de cartes de soins gratuits. Cette décision entrera, bientôt, en vigueur. Alors que l'éradication de la pauvreté, insiste-t-il, ne signifie nullement l'encrage de la mentalité d'assisté. Mais plutôt l'encouragement et l'appui à la création des sources de revenus, ce qui pourrait se réaliser de façon progressive. Il a annoncé qu'un nouveau programme d'aide sociale sera mis en place au profit des plus démunis dans les dix gouvernorats de l'intérieur les plus pauvres. Il a relevé également que 26.000 personnes bénéficieront durant deux ans de postes d'emploi à caractère agricole, et suivront des sessions de formation jusqu'à leur intégration dans un programme spécifique. Le dossier de la sous-traitance dans le secteur public prendra fin bientôt. Et de prévoir que les négociations sociales entre le chef du gouvernement et le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) démarreront la semaine prochaine. Il a affirmé que les relations gouvernement-Ugtt sont bonnes. Il a fait remarquer que le nombre des grèves va en décroissant. Leur fréquence diminue de façon remarquable, ce qui explique, selon lui, que les tensions sociales s'apaisent de plus en plus. Pour les ouvriers des chantiers, 15.000 employés seront déclarés auprès des caisses sociales.