• 2, 5 milliards de dinars pour stimuler l'investissement dans les régions intérieures et l'emploi, appuyer l'effort de subvention, les actions en faveur des familles nécessiteuses et promouvoir les logements sociaux • Développement régional, emploi et pouvoir d'achat : dossiers prioritaires de l'année 2012 • Subvention et préservation du pouvoir d'achat: une enveloppe de 3.208 MD, représentant 4,6% du PIB et 12, 6% des dépenses budgétaires totales • Malgré l'aggravation de sa dette publique (45.9% du PIB), la Tunisie continuera à payer sa dette extérieure à temps en 2012 • Déficit budgétaire : risque de surchauffe avec un seuil de 6.6% Adopté samedi dernier en Conseil des ministres, le budget complémentaire pour l'année en cours soulève de nombreuses interrogations, dans la mesure où il est censé apporter des réponses à des attentes légitimes et pressantes en termes de développement des régions intérieures, d'emploi des jeunes, de qualité et d'efficacité des programmes qui seront mis en œuvre, de moyens à mobiliser, d'équilibres globaux à préserver et de risques à éviter au niveau de l'endettement extérieur. Avec une économie presque à plat, sous l'effet combiné d'une contestation sociale qui n'a cessé d'enfler partout depuis plus d'un an, de secteurs productifs durement éprouvés et de l'inquiétude qui continue à sévir, le budget de l'Etat 2012, revu et corrigé, peut-il changer la donne de fond en comble rapidement ? Au regard d'une conjoncture nationale et internationale poussive et incertaine, il est difficile d'avancer des jugements hâtifs. Réaliser une croissance du PIB de 3,5% en 2012 peut être considéré comme une gageure, au regard de la complexité des défis que devrait affronter le pays, de la rareté des ressources à mobiliser et de l'ampleur des réformes à introduire. A cet effet, le budget complémentaire 2012 a été présenté comme un projet qui cadre bien avec les attentes des Tunisiens en cette période cruciale de l'histoire du pays. A défaut de solutions radicales, il avance des pistes pour stimuler le développement des régions intérieures, répondre quelque peu à une demande d'emploi toujours pressante, apporter un soutien aux catégories qui en ont le plus besoin et proposer des solutions au pouvoir d'achat des Tunisiens. Tout en restant fidèle à l'orientation cherchant à réaliser un meilleur arbitrage entre les dimensions économique et sociale du développement, le gouvernement a fixé une balise et couru un risque lors de la définition des contours de ce budget. D'abord, le souci de préserver les équilibres globaux de l'économie en évitant d'aggraver l'endettement extérieur du pays, ensuite l'acceptation d'un glissement du déficit budgétaire à l'effet de donner un coup d'accélérateur à l'investissement dans les régions. Un baril de pétrole à 110 dollars Partant, le budget de l'Etat complémentaire et la loi de finances 2012 ont été élaborés en tenant compte de certains scénarios et en procédant à la révision de certains indicateurs contenus dans le budget de l'Etat initial. Le nouveau budget, qui s'élève à 25.401 MD, soit plus de 2.466 MD par rapport au budget initial et en augmentation de 21,8% par rapport à celui de 2011, prévoit d'abord la réalisation d'un taux de croissance de 3,5% du PIB, contre -1,8% en 2011. Il a été élaboré également sur la base d'un prix du baril de pétrole à 110 dollars. Or, jusqu'au 22 mars dernier, le coût moyen du baril s'établissait à 119 dollars. Il a été de 111 dollars pour toute l'année 2011. Il prévoit en outre la mobilisation de ressources additionnelles de 2,5 milliards de dinars à l'effet de stimuler l'investissement dans les régions intérieures et l'emploi, d'appuyer l'effort de subvention des produits de base, les interventions en faveur des familles nécessiteuses et l'engagement d'un programme de promotion de logements sociaux. Le volet subvention et préservation du pouvoir d'achat du citoyen nécessitera la mobilisation d'une enveloppe de 3.208 MD, représentant 4,6% du PIB et 12, 6% des dépenses budgétaires totales. Nonobstant ce niveau élevé, la révision du prix de certains produits, dont notamment les carburants, est considérée comme incontournable. Une attention particulière sera, néanmoins, observée pour préserver le pouvoir d'achat du citoyen et la compétitivité des entreprises. Mis à rude épreuve, l'Etat honorera ses engagements en veillant à payer sa dette extérieure dans les délais et à limiter le recours aux sources extérieures de financement. La dette publique du pays devrait se situer aux alentours de 45.9% du PIB contre respectivement 44.5% en 2011 et 40.5% en 2010. Le pays remboursera, dans le courant de cette année, une enveloppe de l'ordre de 4.089 MD sous forme de service de la dette. Pour parvenir à l'équilibre budgétaire souhaité, l'Etat recourra à des ressources exceptionnelles, évaluées à 3072 MD, provenant respectivement des recettes de la privatisation partielle de Tunisie Télécom (900 MD), aujourd'hui disponibles à la Banque centrale de Tunisie, des revenus de la confiscation, qui atteindraient 1.200 MD, contre 400 MD prévus, des participations volontaires des Tunisiens (450 MD) et des dons extérieurs (600 MD). 6.400 MD pour le développement Les précautions qui ont été prises pour assurer l'équilibre du budget complémentaire se vérifient à travers l'importance (77%) des ressources propres de l'Etat qui avoisinent les 19.144 MD, dont 74% proviennent des recettes fiscales. Une bonne partie de ces ressources seront utilisées pour financer des mesures économiques et sociales arrêtées au cours des consultations régionales organisées par le ministère du Développement régional et de la Planification en début d'année. Les 1.330 MD mobilisés à cet effet seront orientés essentiellement vers le Fonds national de l'emploi, qui disposera d'une enveloppe totale de 520 MD (contre 420 MD dans le projet initial), l'engagement d'un programme de logements sociaux (100 MD), le recrutement de 4.000 agents supplémentaires (en plus des 21.000 programmés) et l'octroi à 50.000 familles nécessiteuses d'une pension (soit un total de 235.000 familles) mensuelle revalorisée à 100 dinars (contre 70 dinars auparavant). En même temps, les dépenses de développement ont été portées à 6.400 MD contre 5.200 MD dans le budget initial. Cette enveloppe budgétaire servira à engager des programmes spécifiques dans les différents secteurs (agriculture et pêche, équipement, transport, développement régional, tourisme...) au profit de toutes les régions du pays. Si le schéma de développement élaboré a misé sur l'investissement pour booster un peu l'activité économique et desserrer, ne serait-ce que partiellement, la pression exercée sur le marché de l'emploi, il n'en reste pas moins vrai qu'il laisse courir un risque. Celui de l'aggravation du déficit budgétaire, qui devrait atteindre le seuil élevé de 6.6% (3.7% en 2011). Un niveau dont on espère que les incertitudes de la conjoncture prévalant à l'intérieur et à l'extérieur ne viendront pas encore réduire davantage.