Par Hédi BEN MAIZ* Du temps du fuyard, ils étaient à l'ombre, ou sous forte surveillance les obligeant à raser les murs ou à s'exiler et vivre dans des conditions confortables. La révolution de la liberté, de la dignité et du travail menée par la jeunesse tunisienne et à laquelle ils n'ont nullement participé leur a permis de refaire surface. Maintenant, ces islamistes, surtout les salafistes, se comportent avec une ingratitude inqualifiable vis-à-vis de la Révolution et de la Tunisie ; un Hadith ne dit-il pas «Prémunis-toi de la méchanceté de celui à qui tu as rendu service» (Ittaki charra man ahsanta ileyhi). Ces salafistes veulent, avec semble-t-il la bénédiction de nos gouvernants, nous faire revivre le temps des ténèbres et imposer au peuple tunisien un mode de vie et de pensée qui va à l'encontre des principes fondamentaux de l'Islam, dont la tolérance. Ils n'ont du véritable Islam ni la connaissance théorique ni les attitudes sociales. Ils donnent de l'Islam un bien vilain tableau. Les agressions perpétrées contre celles et ceux qui ne partagent pas leur point de vue, en particulier les universitaires, les intellectuels, les journalistes, les artistes, les juristes, etc. sont intolérables. Leur mépris de la femme, en la considérant comme femme objet au service de l'homme est une hérésie. Ces intégristes salafistes, incultes, occultent une réalité inscrite dans la nuit des temps, le fait que la femme soit le socle de la famille et de la société et qu'elle doit être respectée et considérée. Celui qui ne respecte pas la femme ne peut prétendre à être un vrai musulman. La dernière parole de notre vénéré Prophète Mohamed fut : «Je vous recommande de prendre soin des femmes», ce qu'il a répété trois fois «Oussikoum binnissa khayra». Sans la femme, il ne peut y avoir de démocratie. L'ennemi principal des islamistes salafistes est l'éducation, car celle-ci est le moteur principal de la tolérance et du développement. L'Université, dernier refuge de la rationalité et de la modernité constitue une de leurs cibles. Ces barbus estampillés ont dépassé la ligne rouge en s'attaquant à l'emblème du pays, son drapeau. Quel crime !, décrié par toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens sincères aimant viscéralement leur pays. La réprobation des dirigeants d'Ennahdha n'a été faite que du bout des lèvres. Les instructions pour arrêter le coupable doivent émaner de qui et d'où ? La sanction prévue par la loi sera-t-elle appliquée ? Ces salafistes, avec leur drapeau noir, leurs barbes noires, leurs niqabs noirs, peuvent-ils avoir le cœur «blanc» et la pensée saine? J'en doute fort ! Seraient-ils des corbeaux de malheur ? Cela me rappelle un vers appris au Collège Sadiki : «Idha kana el ghourabou dalila kaoumin,yamourrou bihim ala jiyafi el kilabi» que je traduirais ainsi «Si le corbeau est le guide d'un peuple, il le fera passer là où se trouvent les cadavres de chiens». Ils sèment la haine et la discorde (Fitna) et veulent mener le pays à la ruine. Ces islamistes salafistes qui veulent nous amener au chaos, doivent être arrêtés dans leur funeste élan. Si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, et rien n'indique, hélas qu'il les prennent, le peuple tunisien saura se substituer et dire halte à la gabegie et l'arrêter. Certaines composantes d'Ennahdha veulent faire main basse sur la Révolution, au nom d'un Islam d'importation. Nos gouvernants doivent saisir que le peuple tunisien a besoin de postes d'emploi et de labeur, et non de tribuns et de prédicateurs et qu'ils doivent arrêter leurs diversions et leurs ballons d'essai. Veulent-ils cacher leur incompétence en agissant de la sorte ? Faut-il croire que le seul but des dirigeants d'Ennahdha est le monopole du pouvoir et le verrouillage de toute la société, mais encore doivent-ils réaliser que le peuple tunisien n'est pas dupe et qu'il saura prendre en main son destin, qu'il n'acceptera pas de perdre son identité, sa tunisianité, «L'identité d'un jeune Tunisien n'est pas de ressembler à tous les jeunes Arabes, ni à tous les jeunes musulmans, c'est d'être Tunisien» (Habib Bourguiba). Tunisiennes, Tunisiens, unissons-nous pour sauver les objectifs de la Révolution et notre pays d'un obscurantisme rampant, propulsé par les pétrodollars. Certains pays, jaloux de notre développement socioculturel, ne veulent pas, et ce, en dépit des apparences et de leurs déclarations, voir notre Révolution réussir. Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien était uni. Aujourd'hui, tout est fait pour le diviser. Tunisiennes, Tunisiens, la Tunisie est en danger ! Unissons-nous tant qu'il en est encore temps, l'endurance est nécessaire, voire le sacrifice. En Tunisie, où d'illustres femmes et hommes ont marqué l'Histoire, tels que Alyssa, El Khahina, Aziza Othmana, Jugurtha, Hannibal, Kheireddine Bacha, Ibn Khaldoun, Salem Bouhajeb, Abou El Kacem Echebbi, Tahar Haddad, Tahar et Fadhel Ben Achour, Farhat Hached, Habib Bourguiba et tant d'autres....L'obscurantisme ne passera pas. Vive la Tunisie libre, démocratique, tolérante et moderniste. *(Faculté de Médecine de Tunis)