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Les arguments des uns, les explications des autres
Concilier le droit de manifester et l'obligation de respecter la loi
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 04 - 2012

Les interventions musclées des forces de l'ordre contre les manifestants qui voulaient défiler, hier, à l'avenue Habib- Bourguiba, à Tunis, en dépit de la décision du ministère de l'Intérieur d'y interdire toute marche étaient-elles inévitables ?
Dans quelle mesure peut-on concilier le droit de manifestation et l'obligation de respecter la loi, surtout dans un contexte d'état d'urgence ?
La Presse a posé ces deux questions à certains membres des partis politique (Ennahdha et le CPR appartenant à la Troïka au pouvoir) et autres militants de la société civile.
«Tout en faisant respecter la loi, les forces de l'ordre n'avaient pas à recourir à la force comme elles l'on fait, hier, ce qui est contradictoire avec les objectifs de la révolution et ce qui ne fait pas renforcer la position du gouvernement qui n'avait pas à prendre la décision d'interdire les manifestations sur l'avenue Bourguiba, le chef-lieu de la résistance à l'oppression et à la dictature du régime déchu», estiment-ils.
Le gouvernement n'en sort pas très renforcé
Naceur Brahmi, membre de la direction du Congrès pour la République (CPR) (l'une des composantes de la Troïka) et membre de l'Assemblée nationale constituante, souligne: «D'abord, je peux dire qu'il est de la responsabilité du gouvernement de maintenir la sécurité du pays, condition impérative pour le rétablissement de l'autorité de l'Etat, elle-même nécessaire pour remettre le pays sur les rails du développement et réaliser les objectifs du développement. Toutefois, l'interdiction de manifester sur l'avenue Habib-Bourguiba me paraît déplacée parce que cette artère est devenue le chef-lieu de la résistance à l'oppression et à la dictature. Toute autorité ou gouvernement disposant de la légitimité populaire doit prendre en compte cette symbolique et il n'était pas nécessaire de prendre cette décision. Devant la Constituante, le ministre de l'Intérieur a été interpellé en vue d'annuler cette mesure ou au moins de ne pas la mettre en exécution. J'appartiens au CPR qui fait partie du gouvernement. Je le soutiens mais je ne suis pas obligé de garder le silence d'autant plus que je représente, d'abord, le peuple.
L'intervention musclée de la police va dans le sens contraire des aspirations du peuple et porte atteinte aux principes de la révolution. Donc, je la condamne fermement».
Quant à concilier le droit de manifester et l'obligation de respecter la loi, il relève sa conviction qu'on «peut concilier les impératifs sécuritaires et les droits fondamentaux de l'Homme dont celui de manifester quand bien même dans un contexte d'état d'urgence. Mais cette conciliation suppose un sens aigu de responsabilité de la part du gouvernement et un sens aigu de civisme de la part des manifestants pour que la manifestation autorisée ne déborde pas et ne se transforme pas en désordre et en casse. Pour moi, il était possible de concilier ces deux données. Je fais assumer la responsabilité de cette intervention brutale au gouvernement et j'estime qu'il n'en sort pas renforcé».
Une décision sans fondement
De son côté, Rachida Neïfar, universitaire et juriste, considère qu'il «faut revenir à la décision d'interdiction de toute manifestation ou marche à l'avenue Habib-Bourguiba, décision prise à la suite des événements du dimanche 25 mars 2011. Déjà, cette décision n'a pas de fondement solide.
Le droit de manifester est un acquis indéniable et il n'appartient pas au pouvoir politique quel qu'il soit de revenir sur un tel acquis. Surtout que cette interdiction est une interdiction générale. Et l'on peut affirmer que c'est un recours à un pouvoir discrétionnaire qui n'a aucune justification.
Interdire les manifestations de manière continue à l'avenue Bourguiba, ça revient à interdire l'usage de la voie publique à tout un chacun. Il est inadmissible d'interdire, dans l'absolu, le droit de manifester. On ne peut que condamner l'intervention musclée des agents de l'ordre, surtout qu'il s'agit d'une manifestation en l'honneur des martyrs du 9 avril 1938.
Si la raison de cette violence est l'existence du ministère de l'Intérieur sur l'avenue Bourguiba, l'artère principale de la ville, on peut changer l'emplacement de ce ministère mais on ne peut pas effacer la mémoire de tout un peuple».
Pour ce qui est de la conciliation entre le droit de manifester et celui de respecter la décision du ministère de l'Intérieur, en cette période d'état d'urgence, Rachida Neïfar est persuadée que «la rupture avec l'ancien régime impose de revoir les lois qui empêchaient l'exercice des libertés publiques dont en premier lieu la loi n°4 de 1969 relative aux manifestations et aux marches. Le ministère de l'Intérieur aurait pu veiller au bon déroulement de la manifestation en mettant en place un bon service d'ordre, un comportement qui aurait été à la hauteur de la mémoire des martyrs et à l'honneur d'une Tunise libre et démocratique».
Respecter la loi, un comportement démocratique
Ahmed Mechergui, l'un des jeunes constituants élus d'Ennahdha, connu pour son franc-parler et pour ses positions qui ne cadrent pas automatiquement avec celles du mouvement nahdhaoui, précise: «Tant qu'il y a une décision qui a été prise pour interdire aux manifestants de défiler sur l'avenue Bourguiba, tout le monde est tenu d'obtempérer et respecter la loi constitue, à mon avis, l'une des caractéristiques de la société démocratique.
J'ai passé quelques années en France et je sais qu'il y a des endroits où il est autorisé de manifester alors que d'autres ne sont pas ouverts aux manifestants qui respectaient les lois. Je pense qu'on peut choisir d'autres artères ou places (Mohamed-V par exemple) pour faire entendre sa voix. Mais tenir, coûte que coûte, à défiler sur l'avenue Bourguiba me semble s'inscrire dans ce j'appelle ‘‘le chaos créatif'', une théorie chère à certains et qui n' a pas à être pratiquée dans notre pays».
Et Mechergui de poursuivre : «Tout en exprimant mon respect pour les manifestants et pour leur attachement à l'avenue Bourguiba en tant que fief de la révolution, je ne pense pas que la symbolique de l'avenue Bourguiba soit supérieure à celle de la place Mohamed-Ali».
Volet respect de la loi et exercice du droit de manifester, il est persuadé que «la protection des marches et des manifestations relève de la responsabilité des forces de l'ordre et il est dans nos cordes d'offrir au monde une autre image où les manifestants respectent la loi et les policiers font de même à l'égard des manifestants. Toutefois, il ne faut pas oublier que nous vivons une étape transitoire qui a ses propres règles et ses méthodes de gestion qui diffèrent nécessairement de celles des périodes à venir.
Je pense que nous avons besoin que chaque partie saisisse les défis inhérents à l'étape actuelle et à la nécessité de les relever, avec le minimum de dégâts».


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