Grâce présidentielle, Gabès, Chokri Belaïd...Les 5 infos de la journée    Grêle et pluies attendues : les agriculteurs appelés à redoubler de prudence    Examens nationaux : voici le calendrier de l'année scolaire 2025-2026    Amen Bank et la BERD propulsent le financement durable en Tunisie    Gouvernement Lecornu 2 : instabilité et tensions à l'Assemblée nationale    Titre    Tunisie : Grâce présidentielle à l'occasion du 62e anniversaire de la Fête de l'Evacuation    Le ministère de l'Education consacre 400 millions de dinars à la réhabilitation des infrastructures scolaires    Développement durable : ONU-Habitat, FTED et BTE unissent leurs forces pour l'avenir de Kerkennah    Gabès - Nouveaux cas d'asphyxie à Chatt Essalem    Gabès : 150 ans pour réparer les dégâts environnementaux, alerte l'expert Houcine Rhili    Mohamed Ali Nafti conduit la délégation tunisienne au sommet du Mouvement des Non-Alignés    Madagascar : 22 morts et plus de 100 blessés depuis le début des protestations    Bizerte accueille le premier trail de Tunisie : Une aventure sportive unique au cœur d'un cadre naturel exceptionnel    Eliminatoires Mondial 2026 – Groupe H – Dernière journée – Tunisie-Namibie (3-0) : Une belle apothéose !    Le jeune Tunisien Mohamed Aziz El Haj Abdallah sacré champion de kick-boxing au Qatar    Assassinat de Chokri Belaïd : la Cour d'appel de Tunis prononce des condamnations lourdes    Chasse interdite le 15 octobre à l'Ariana et à Bizerte    Ooredoo Padel Cup Samsung 2025 : Une deuxième édition couronnée de succès pour le plus grand événement de padel en Tunisie    La professeure tunisienne Habiba Ezzahi Ben Romdhane parmi les 2 % des chercheurs les plus influents au monde    Santé : l'obésité un danger pour la santé    Deux ans de prison, trois dinars par jour : le prix de l'innocence de Riadh Mouakher    Kaïs Saïed a-t-il mis le budget de la présidence à la disposition des étudiants ingénieurs et de la recherche scientifique ?    Tunisie : deuxième producteur mondial d'huile d'olive cette saison !    À Tunis, la 5e édition du Forum des présidents des universités arabes et turques met le dialogue académique à l'honneur    Demain : la chasse terrestre est interdite à Ariana et Bizerte    Ciao ! Claudia    Etudiants tunisiens : ne restez pas seuls face au stress, contactez le numéro vert    Sousse : la salle olympique fermée pour vérifications techniques    Gabès, Ahmed Souab, Riadh Mouakher… Les 5 infos de la journée    Les forces de l'occupation ont annoncé la libération de 1966 prisonniers palestiniens    Nouveau système en Europe : votre façon de voyager va changer    Vers l'adoption de la langue des signes dans tous les secteurs clés du pays    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    Testour se prépare pour la 9e édition du Festival de la Grenade !    Festival International du Film du Caire: sept films tunisiens en compétition    MENA Rock Festival 2025 : Tunis fait vibrer le monde au rythme du rock et du métal (line up)    Le festival Vues sur les Arts revient pour une 6ème édition à l'Agora La Marsa et l'Agora Djerba    La France a un nouveau gouvernement    Cinquante milliards de dollars, c'est ce que coûtera la reconstruction de Gaza    Document – La conférence de l'Ambassadeur Ahmed Ounaïes sur « L'ordre régional et international de notre temps »    Douze sculpteurs en exposition collective : Mémoire de la main (Album photos)    Sidi Bou Saïd parmi les 10 plus beaux villages blancs du monde !    Tunisie : Le film "Le Pont" de Walid Mattar primé au Festival du Film Arabe de Fameck    Hend Chaouch : 30 ans de passion et d'audace au cœur du désert tunisien    Jamila Boulakbeche explose les records tunisien et arabe à Martigues    Tunisie vs São Tomé-et-Principe : guide complet pour regarder la rencontre    Cette image de Ronaldo avec un keffieh et le drapeau palestinien est générée par IA    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le retour de Camus
Vendanges
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 04 - 2012


Par Hamma HANACHI
En dépit des tourments politiques, le printemps est propice pour la culture, nombreuses expos et débats, au point que l'on ne sait plus où donner de la tête. L'avenue Habib-Bourguiba, l'artère de toutes les convoitises, récemment interdite aux manifestants, même aux pacifiques d'entre eux, a pris des couleurs luisantes, les ficus, les lampadaires ont été emballés de fils aux tons vifs, jaune, orangé, mauve. L'œuvre est de Yarn Bombing Guerrilla Crochet, un collectif d'art contemporain en street art ou art urbain. Est-ce un tricotage de couverture en prévision des mauvais jours, l'œuvre entretient le mystère ? Une sorte d'emballage inspiré d'une démarche de Christo, célèbre emballeur d'histoire et de géographie, des colonnes de Buren ? Est-ce une réaction à l'interdit qui laisse s'exprimer l'écorce et la sève des arbres centenaires ?Viendront les étourneaux, qui ont une parole libre dans le ciel de l'emblématique avenue. L'une des vertus de la révolution est qu'elle favorise la naissance des expressions nouvelles et modernes. Al Kalimat, Lectures à voix haute est un autre événement majeur et qui convoque les faiseurs de mots à interroger la réalité. Organisé par le marathon des mots de Toulouse et Ness El Fen à Tunis, la course lente des mots est partie du Théâtre municipal à Ennejma Ezzahra pour revenir au point de départ en passant par l'Acropolium. Vendredi, un hommage à Hédi Guella, chanteur engagé, récemment disparu, l'acteur Fethi Haddaoui lit Mahmoud Darwich, Nizar Kabbani, Hatem Karoui présente un slam, (genre d'intervention littéraire pour populariser la poésie), l'actrice Fanny Ardant, marraine de cette première édition, déclame Louis Aragon, Albert Camus et Aboul Kacem Chebbi. L'Acropolium, enrichi par une exposition du peintre Hamadi Ben Saâd, abrite une conversation sympathique entre gens de lettres et de verbe, Olivier Poivre D'Arvor, écrivain, directeur de France Culture et président du marathon des mots de Toulouse, pose la question : Avez-vous le sentiment que les mots ont servi à quelque chose ? Jamel Guitani, écrivain et journaliste égyptien, décrit une situation économique désastreuse, grâce aux pétrodollars saoudiens. Les Frères musulmans aidés par les salafistes sont majoritaires et gagnent encore du terrain, aujourd'hui. Ghitany craint un exil massif de ses compatriotes coptes. Et les nouvelles d'Algérie ? Bouallem Sansal, écrivain, adulé en France répond : «La météo est bonne, mon pays est riche, il a les moyens d'acheter la paix sociale». Colette Fellous, franco-tunisienne, une vingtaine d'ouvrages, productrice d'une émission littéraire à France Culture, respire l'enthousiasme et l'espoir : «Je ne peux pas concevoir mon pays d'enfance autrement que multiculturel, il est trop beau et on veut l'étouffer». Héla Béji, écrivaine et militante dans le champ politique, estime qu'il y a déclin de l'humanisme, que le verbe religieux revient avec force et ceux qui le manient ont acquis l'autorité politique par l'éloquence. Son conseil : «Aux intellectuels et à l'élite de persuader la plèbe et les tenants du discours religieux sans user de la force». Ce qui appelle l'interrogation : comment persuader des fanatiques qui usent de la force pour étouffer les idées de l'autre, qui combattent avec l'arme du dogme ? Lotfi Achour, artiste, réagit, il recommande de «produire une analyse, ou à défaut, créer des fragments de projets».
Devoir de fraternité
La jeune Anissa Daoud, actrice Hobb story, activiste, va dans le même sens «au mot engagé, je préfère engageant. La révolution a créé des liens (Internet, la rue, les réseaux sociaux...)...même si les cyberdissidents manquent d'espace, leur identité est en train de s'inventer». C'est aussi beau qu'un discours antique.
Jean-Noël Pancrazi, écrivain et critique littéraire au journal Le Monde, lucide et rêveur en même temps, remarque que «le désenchantement est voulu par le système », partout, les pouvoirs poussent les artistes à abandonner leurs théâtres, leurs ateliers, leurs cinémas... «Mais nous avons un devoir de beauté, c'est notre manière de résister».Un écrivain, note-t-il, n'est pas forcément engagé, mais «il a un devoir de fraternité». Il cite Camus : «Créer, c'est aussi donner une forme à son destin.». Place aux poètes. Les mots de Hyam Yared, romancière et poète, vont comme un couteau dans la chair, corps disloqués, entrailles, morceaux de chair, éructations, vomissements, yeux crevés...une poésie crue, sans gras ni effets de manches, écrite au scalpel. Tahar Bekri, poète, essayiste, évoque la Palestine, crie contre l'oppression, chante le destin des peuples et la mémoire des poètes. Sghaïer Oulad Ahmed, poète engagé, tire à boulets de canon sur les potentats, énumère leurs travers, et appelle à un monde nouveau. Applaudissements !
Dimanche, retour au théâtre. Débat entre Gilles Kepel, islamologue, spécialiste du monde arabe, et Ghazi Gheraïri, spécialiste en droit public et en sciences politiques. Historique des révolutions, analyse des mots d'ordre phares scandés à Tunis et au Caire, des opinions sur les pays en post-révolution : crainte sérieuse pour l'Egypte, probable somalisation de la Libye, problèmes insoluble au Yémen, Ennahda qui devrait mettre en place un système démocratique, ... Débat captivant.
En tête à tête avec J.N.Pancrazi. Vous citez Camus, Fanny Ardant le lit, Michel Onfray écrit : «L'ordre libertaire. La vie philosophique d'Albert Camus», on dirait que l'auteur de La Peste revient sur le devant de la scène.
«Je suis né en Algérie, Camus m'accompagne tout au long de ma vie, dans la philosophie, il a introduit une morale que j'adopte, où on nous propose des images fausses, la présence de Camus s'impose d'elle-même, les gens ont besoin de repères, besoin d'une morale pour savoir où on est par rapport à la marche de la vie. Les gens sont perdus, un écrivain s'il peut être un repère, ça serait bien, Camus répond à toutes ces questions, il replace l'homme dans l'univers, loin des religions et des illusions.»


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.