La poésie prend de la hauteur et s'invite dans une manifestation qui lui est complètement dédiée «Al Kalimat» ou « Le marathon des mots». Vendredi dernier, le théâtre municipal de Tunis a accueilli la première de cette manifestation qui se tient sur trois jours et qui est organisée par Ness El Fen à son actif déjà Doc à Tunis er le Printemps de la danse. Le public curieux est venu spécialement découvrir sur scène Fanny Ardant, l'actrice fétiche de François Truffaut. Le marathon des mots est « Une belle aventure » affirme Olivier Poivre d'Arvor, président de la manifestation qu'il organise chaque année à Toulouse ajoutant qu'il est fier d'organiser ce marathon en Tunisie, qui a été la vedette du monde entier du Printemps arabe ». Une fois le programme annoncé, l'acteur Fathi Heddaoui prend le micro pour une lecture du très beau poème « Ya Tounes El Khadhra » que l'auteur syrien Nizar Kabani avait présenté pour la première fois en Tunisie en 1980. Le public écoute religieusement ce texte. Place est faite ensuite à une jeune chanteuse qui interprète a capella une chanson « Khabini Andek Ya Loulou » d'Oumaima El Khalil. Et voici de nouveau sur scène Fathi Heddaoui lisant un texte « Ounchoudat El Matar » (Le chant de la pluie) de Badr Chaker Essayeb. Il est relayé par une autre chanteuse qui chante toujours a capella le texte d'Abou Kacem Chebbi « Idha Chaabou Yamouman » (Un jour, si le peuple veut). Et l'acteur Fathi Heddaoui de remonter sur scène pour lire les paroles de la chanson de Hédi Guella « Babour Zamar » écrite par Mouldi Zalila. Fanny Ardant est encore attendue. Elle est en retard. C'est Olivier Poivre d'Arvor qui fait patienter le public par quelques plaisanteries et comme l'attente se fait longue, il invite le grand écrivain égyptien Gamal Et Ghitani à le rejoindre sur scène pour dire un mot au public « Je suis envahi par un sentiment de fierté. Nous autres égyptiens, nous avons tiré leçon de la Tunisie d'où est partie la première étincelle de la révolution. Je trouve que maintenant, la distance du Caire à Tunis est beaucoup moins longue. A chaque fois que je viens en Tunisie, je tiens à passer par Tozeur pour me recueillir sur la tombe de Chebbi », déclare-t-il. Et voici le moment tant attendu Fanny Ardant apparait sur scène aux cotés de Fathi Heddaoui. Le duo enchaine les textes. Lui en arabe, elle en français Abou Kacem Chebbi « Idha Chaabou Yaouman ». Ensuite, un poème « éclat de vérité » qu'elle dédie au peuple syrien. Puis, « L'exil d'Hélène » d'Albert Camus. Retour à Chebbi avec « Ila Toughat El Alam » (Aux tyrans du monde) écrit en 1934 et enfin Aragon, un texte dont elle a arraché la page d'un livre. Ce n'est pas la première fois que l'actrice foule le sol tunisien. Elle est venue il ya quelques années présenter une pièce de théâtre « Le maitre de Santiago ». La soirée se termine par un slam de Hatem Karoui « Slam Alikom » accompagné à la guitare par Sabri Mosbah. Malgré le léger retard enregistré, le public ravi est resté un peu sur sa faim.Dimanche, la clôture, au Théâtre municipal avec un pique-nique littéraire avec des lectures de textes pour jeunes et dans l'après-midi Gamal Ghitany lira des extraits de « Muses et Egéries », tandis que Gilles Kepel dialoguera avec Ghazi Gherairi autour de la question « Où sont les révolutions arabes ? » et pour terminer le comédien Hichem Rostom proposera un slam. Inès Ben Youssef