Par Jawhar CHATTY Une fertile et positive initiative, enfin ! Elle émane de l'Union générale des étudiants tunisiens qui appelle à un sit in symbolique devant l'Assemblée nationale constitutive. Positive et fertile initiative, dans la mesure où, si indépendamment de toute couleur et récupération politiques, elle entend porter la voix de tous ceux qui veulent défendre les couleurs de la recherche scientifique tunisienne. Quoi de plus normal en effet pour la communauté estudiantine que de vouloir voir le gouvernement accorder un peu plus d'importance à ce volet en y affectant, dans le budget de l'Etat et dans son programme d'action pour l'exercice 2012, des ressources financières à la hauteur de ses ambitions ? La démarche est peut-être critiquable, mais la requête est tout à l'honneur de ses auteurs. Si l'école est le lieu où une société transmet ses valeurs, l'université se doit d'être le lieu où, sur la base de ces mêmes valeurs, se façonne l'avenir de la société et des générations futures. Seule, à cet égard, la recherche scientifique, véritable vecteur d'innovation et d'expression créatrice pour les jeunes compétences tunisiennes, est garante de la pérennité de ces mêmes valeurs. Il s'agit, en l'occurrence, pour la sphère de la transmission de la haute connaissance, de soutenir ces valeurs en faisant en sorte que le savoir acquis génère une plus-value économique, qu'il se traduise par une avancée technologique et que les fruits de cette entreprise rayonnent en termes de développement et de progrès social. L'ancien régime avait vu juste en misant sur le développement de l'économie du savoir. 1.25 % du PIB était budgétairement alloué au secteur de la recherche scientifique. Seulement, il en a tout au plus fait un vecteur de propagande à l'échelle nationale et internationale. Il s'interdisait de voir que seuls des esprits libres peuvent être innovants et donner de l'aile à ce genre d'économie. Aujourd'hui, il n'y a, en principe, plus d'entraves théoriques ou idéologiques à l'innovation et à l'épanouissement des talents créatifs.... Les seules entraves sont d'ordre financier. Le gouvernement, et c'est tout à son mérite, consacre tout un long chapitre de son programme d'action pour l'exercice 2012 à la recherche scientifique. Seulement, la part du budget allouée à la recherche scientifique demeure bien en déça de ses ambitions et des attentes. Il y avait là pourtant un sérieux motif de signifier qu'il inscrit son action sur le long terme, nonobstant toutes les contraintes budgétaires. La révolution a libéré les esprits à telle enseigne qu'il y a aujourd'hui non seulement une explosion des initiatives mais aussi un grand cafouillage à ce niveau. Seules resteront bien sûr, et avec le temps, les plus sérieuses, celles-là mêmes qui seront porteuses de croissance et de progrès social. Celles qui, foncièrement, tourneront définitivement la page d'un système d'enseignement et de recherche scientifique qui ne fait pas confiance, qui ne met pas en confiance, qui ne pousse pas à comprendre que chacun a intérêt au succès des autres, qui méprise tout ce qui n'est pas le travail intellectuel, qui ne valorise pas la créativité, l'imagination, l'erreur, la prise de risques.