• Le cercle vertueux : adapter les avantages pour encourager l'emploi des diplômés, ce qui est de nature à attirer les activités à forte valeur ajoutée qui offriront de nouveaux emplois aux diplômés. Un déséquilibre régional criant et des filières industrielles peu développées, constituées, principalement, des entreprises de travail à façon, à faible valeur ajoutée, qui cherchent une main-d'œuvre peu qualifiée, à un salaire compétitif. Certes, les stratégies, les mécanismes et les dispositifs mis en place en matière d'encouragement des investisseurs, notamment le Code d'incitations aux investissements, ont misé sur d'autres résultats, mais le fait est là. A cet effet, pourrait-on dire que ce code n'a pas réussi à atteindre ses objectifs? Ou encore, n'est-il pas trop demandé à ce code, à lui seul, de réaliser tous ces objectifs? Pour répondre à ces questions on s'est entretenu avec M. Noureddine Zekri, directeur général de la Fipa, qui est bien placé, de par ses fonctions, pour évaluer les besoins et les attentes des investisseurs étrangers. «Le code n'est pas le seul mobile pour un investisseur étranger», relève le DG. Avec un marché limité et dépourvu de ressources naturelles, la Tunisie ne peut miser que sur le troisième mobile, celui de la compétitivité. D'ailleurs, dans leur choix de site d'implantation, les investisseurs, rationnels, cherchent à renforcer la compétitivité de leurs entreprises. Ils privilégient donc la qualité et la disponibilité des ressources humaines, la qualité de l'infrastructure qui leur permet de produire et d'exporter dans les meilleures conditions. Ainsi, les entreprises seront attirées par «une réglementation fluide et simple qui permet à l'entreprise d'accomplir les procédures de manière rapide». Et d'ajouter: «Le code vient agrémenter tous ces facteurs et donner une bouffée d'oxygène aux entreprises par le biais des primes et avantages». «Il faut doter les régions de véritables facteurs d'attraction» Les incitations fiscales, explique le DG, sont accordées pour compenser les insuffisances en infrastructures et en ressources humaines dans les régions qui peuvent générer un manque de compétitivité par rapport aux entreprises sur les côtes. Dans cette logique, le sous-développement relatif des régions intérieures démontre que les incitations données n'étaient pas en mesure de compenser ces insuffisances. Ainsi, «le code n'est pas le seul moteur de développement régional», note-t-il. Et de renchérir : « Ce n'est pas, uniquement, une nouvelle réglementation qui va réussir à développer les régions». Il est à rappeler que le programme d'investissements dans les infrastructures n'a pas couvert toutes les régions. D'où un déficit flagrant en matière d'aménagement de zones industrielles, de connexions routières, sans parler de la qualité des télécommunications qui laisse à désirer. Pis, les structures de formation et de recherche sont concentrées sur les zones côtières, à proximité des ports. Donc, pour pallier ce déséquilibre régional, c'est tout un modèle de développement qu'il faut instaurer. «Déjà, le programme du gouvernement annonce que 80% des investisements en infrastructure seront dans les régions intérieures», rappelle le DG. Outre les routes et les zones industrielles, ces dépenses sont de nature à renforcer le tissu des structures de formation des centres de recherches et des technopôles. «Il faut doter les régions de véritables facteurs d'attraction», résume M. Zekri. Et par la suite, le code pourrait fonctionner efficacement. Cibler les multinationales «On n'avait pas assez d'arguments pour attirer les multinationales qui ne cherchent pas seulement les avantages fiscaux, mais plutôt une base pour produire et commercialiser sur un large marché», rappelle le DG. Ces opérateurs ont des besoins et des exigences spécifiques. D'une part, c'est une autre échelle de production et d'exportation qui nécessite une forte logistique routière et portuaire. D'autre part, ces opérateurs portent une attention particulière sur la transparence des marchés, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme. «On était les premiers au niveau de la compétitivité dans les classements et les rapports mondiaux mais aussi les derniers de la classe en matière de transparence des marchés, de bonne gouvernance et de droits de l'homme», note-t-il. Après la révolution, ajoute le DG, plusieurs multinationales de taille ont manifesté leurs intérêts pour la Tunisie. Donc, avec l'instauration progressive des principes de la bonne gouvernance et de l'Etat de droit, la Tunisie pourrait se tailler une place de choix dans l'échiquier des sites convoités par les multinationales. «C'est pas le code qui n'a pas réussi à attirer les activités à haute valeur ajoutée», conclut-il. Au contraire, dans certains secteurs, le tissu national a réalisé des progrès et a réalisé un pas dans la gamme. «Pour le textile, on a commencé à être compétitif sur des petites activités de base de travail à façon, puis on a constaté plus d'intégration dans des activités qui nécessitent des compétences», illustre-t-il. En effet, les avantages accordés et les avantages comparatifs de la Tunisie ont évolué au rythme des avancées dans les secteurs. «Cela explique que le site tunisien est devenu un site de choix pour l'industrie aéronautique, l'industrie plastique technique, la mécatronique...», mentionne-t-il. Ces réalisations ont été motivées par la qualité des compétences tunisiennes «dont on doit savoir offrir ce qui est disponible, et pour les autres, il faut préconiser des mécanismes pour les adapter aux besoins des entreprises». L'objectif est donc de se positionner sur le cercle vertueux : adapter les avantages pour encourager l'emploi des diplômés, ce qui est de nature à attirer les activités à forte valeur ajoutée qui offriront de nouveaux emplois aux diplômés. De même, il est crucial de concevoir «des avantages à la formation professionnelle pour pallier l'écart entre les études et les besoins des entreprises», ajoute le DG.