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Un geste révélateur... une symbolique évidente Le Palais de Carthage accueille la cérémonie officielle d'attribution du prix Guillermo Cano par l'Unesco
C'est hier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse que l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a décerné son prix « Guillermo Cano » au journaliste Eynulla Fatullayev, d'Azerbaïdjan, pour son excellent travail d'investigation mené auprès d'institutions fermées aux journalistes. Présidée par le Dr Mohamed Moncef Marzouki, président de la République provisoire, et rehaussée par la présence de plusieurs personnalités politiques et médiatiques tunisiennes et étrangères, cette cérémonie animée par la chorale «Les enfants d'Ezzahra» et l'artiste irakien Nassir Chemma s'étant déroulée sous nos cieux s'est révélée chargée de significations. C'est ce qu'a confirmé le Dr Marzouki lors de son allocution, en soulignant le pas de géant qu'a accompli la Tunisie sur la voie de la démocratie. «Contre vents et marées, la Tunisie de l'après-révolution a choisi de lutter pour la liberté d'expression. D'ailleurs, le choix par l'Unesco de la Tunisie pour abriter la cérémonie officielle d'attribution du prix Guillermo Cano est un témoignage vivant que nous sommes sur la bonne voie. Nous savons bien que le choix est difficile. Toutefois, nous n'y renoncerons jamais partant de notre ferme conviction que la bonne gouvernance en est profondément tributaire», explique-t-il. Sur la même lancée, Mme Esther Brimmer, secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée des organisations internationales, a observé que le climat de paix sociale et de liberté qui prévaut aujourd'hui en Tunisie est le fruit de longues années de militantisme contre la dictature et le fanatisme. Elle pense également que le rôle des médias est déterminant dans la consolidation d'une démocratie qui s'installe à condition d'éviter toute sorte de pression à l'encontre des journalistes. Une attitude partagée par Mme Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, qui a procédé au début de son allocution à la présentation du prix Guillermo Cano, rappelant que ce dernier est un journaliste colombien assassiné en 1986 par des trafiquants de cocaïne alors qu'il menait une campagne pour dénoncer l'infiltration de la mafia de la drogue dans la vie politique colombienne. Le choix du nom de ce journaliste pour intituler ce prix prestigieux est une sorte d'hommage à un homme qui a longtemps milité pour dévoiler la vérité. Une option de principe qui régit l'exercice et les activités de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, a-t-elle indiqué. «Si l'Unesco a choisi d'organiser la cérémonie officielle d'attribution de ce prix journalistique sur le sol tunisien, c'est que le pays d'où s'est déclenchée la première flamme révolutionnaire pour se propager dans le monde entier et engendrer le réveil arabe sert aujourd'hui comme référence en matière de volonté, de patience, de militantisme et d'aspiration pour le meilleur. La démocratie, aussi jeune soit-elle, que connaît la Tunisie est l'aboutissement logique de la résistance de bon nombre de Tunisiens dont des journalistes et des activistes des droits de l'homme. Et il ne faut pas perdre de vue le rôle de ces catégories dans la reconstruction du pays conformément aux règles de la bienséance. L'Unesco a choisi d'accompagner la Tunisie dans son processus de démocratisation et continuera de soutenir tous les journalistes tunisiens qui œuvrent pour dire la vérité en toute objectivité», a-t-elle ajouté. Dans la même optique, M. Pierre Combernous, ambassadeur suisse en Tunisie, s'est félicité du nouveau paysage médiatique tunisien marqué par la pluralité et la diversité. «Je pense que ce qui est déjà fait en Tunisie dans le secteur médiatique est à forte raison rassurant et suscite le soutien. C'est justement à ce titre que la Suisse s'est engagée à assister la Tunisie dans son processus de transition démocratique. Tout comme le pouvoir politique, le secteur médiatique est en totale recomposition. Et cela nécessité du temps et une certaine collaboration de la part des pays expérimentés et des organisation concernées. De notre côté, on s'est engagé à mettre notre expertise au service de la radio régionale de Gafsa pour l'aider à démarrer sur de bonnes bases et l'on continuera à soutenir la Tunisie dans divers domaines», assure l'ambassadeur. Force est de constater, au demeurant, que l'ambiance qui a régné, hier, au Palais de Carthage a fait vibrer chez certains présents venus de l'Egypte, de Syrie et de Bahreïn le désir de voir un jour les palais de leurs pays abriter des cérémonies comme celle qui s'est déroulée au Palais de Carthage. «A quand ce jour où notre Palais abritera une cérémonie pareille? C'est mon souhait suprême et mon dernier désir», s'exclame une journaliste de Bahreïn. ANC : Pour une réforme favorisant la liberté, le professionnalisme et l'objectivité L'Assemblée nationale constituante met en évidence le rôle des médias dans l'instauration d'un dialogue sérieux à même de permettre de tracer les contours d'une information libre. Dans une déclaration rendue publique hier à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Constituante appelle les journalistes à assurer «la réforme du secteur conformément aux standards internationaux qui favorisent la liberté, le professionnalisme et l'objectivité». «La création d'une Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) vient donner le ton au processus de réforme du secteur de l'information», ajoute-t-elle. L'Assemblée réaffirme, également, l'attachement au droit du citoyen à une information publique qui rompe avec les directives et les instructions, une information qui soit une véritable locomotive du secteur.