ATHENES (Reuters) — Le gouvernement grec a défendu hier devant le parlement son plan d'austérité, seule bouée de sauvetage possible, à ses yeux, pour les finances publiques malgré les critiques de l'opposition et les violentes manifestations de mercredi. S'adressant aux députés au lendemain d'un houleux rassemblement de 50.000 personnes dans le centre d'Athènes et l'incendie criminel d'une agence bancaire qui a fait trois morts, le Premier ministre, George Papandréou, a mis en garde contre la tentation de la violence, qui ne ferait qu'aggraver la crise que traverse le pays. Il s'est engagé à intensifier les poursuites contre la corruption, «comme l'exige la population» qui estime être la seule à payer les pots cassés après des années d'incurie, de scandales et de mauvaise gestion. «Nous devons mettre fin à des décennies d'erreurs, aux crimes et aux pillages de ces dernières années», a lancé le chef du gouvernement socialiste, revenu au pouvoir en octobre dernier. «Ni les pierres, ni la violence ne nous feront échapper au contrôle (de l'Union européenne). Au lieu de cela, la violence nous plongera encore plus dans la crise et le discrédit.» Le prix à payer Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, avait auparavant redit la volonté inébranlable du gouvernement de mettre sur les rails son plan d'austérité de trois ans afin de sauver le pays de la faillite. Ce plan d'austérité, qui prévoit des économies budgétaires de 30 milliards d'euros, est la contrepartie d'une aide internationale de 110 milliards d'euros sous l'égide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). «Nous irons de l'avant, même si nous devons aller seuls, sans le soutien des autres partis», a souligné le ministre des Finances. «Nous savons que le prix politique à payer est très élevé, mais nous ne doutons pas de la voie à suivre, nous l'acceptons en pleine conscience. La solution pour l'économie grecque se trouve dans ce programme, dans ces réformes et dans la réduction de notre dette publique.» Le parlement doit voter jeudi soir sur ce programme d'austérité, qui prévoit notamment des réductions draconiennes des primes dans la fonction publique. Le parti conservateur d'opposition et des formations de gauche ont décidé de voter contre le texte. Cela ne devrait pas empêcher son adoption mais gêne le gouvernement qui souhaitait un large consensus sur ce plan d'urgence afin de rassurer les marchés et ses partenaires européens. hier matin, au lendemain des violents affrontements entre anarchistes et policiers dans le centre de la capitale, de nombreux Athéniens se sont rendus devant l'agence de la banque Marfin sur l'avenue Stadiou, où trois employés sont morts asphyxiés dans l'incendie de leur immeuble après des jets de cocktails Molotov. Ils ont déposé des fleurs à l'entrée du bâtiment noirci par les flammes. Les heurts de mercredi ont également fait une cinquantaine de blessés et 25 manifestants ont été arrêtés pour avoir attaqué les forces de l'ordre et endommagé des magasins. La tragédie de la banque Marfin, si elle est unanimement condamnée, n'a pas fait taire la colère de la population contre les projets du gouvernement. «Il y a eu beaucoup de monde dans les rues hier mais il devrait y en avoir encore plus. Tout le monde doit se mobiliser pour empêcher l'adoption des nouvelles mesures», assène Avgoustinos Tertopoulos, un coursier de 58 ans. «La mort de trois jeunes personnes, dont une femme enceinte, est une tragédie. Mais ça n'a rien à voir avec les manifestations.» Thanassis Nazaris, un commerçant, pense que l'automne prochain sera chaud, lorsque les gens rentreront de vacances et s'apercevront qu'ils ne peuvent plus joindre les deux bouts. «Les gens vont s'entredévorer » «Les choses vont empirer. Attendez l'automne, les gens vont s'entredévorer», dit-il. Pour le quotidien de centre droit Kathimerini, le pays connaît sa période la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. «Que nous nous autodétruisions, que nous faisions faillite, cela dépend de nos dirigeants mais aussi de nous tous», écrit-il. Parmi les mesures du plan d'austérité figurent une hausse de la TVA, qui passera de 21 à 23%, une augmentation de 10% des taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac, et un gel des salaires et retraites du secteur public.