Le complexe culturel Assad Ibn El Fourat de Kairouan a présenté, le 12 mai, une pièce de théâtre Les chaises d'après Eugene Ionesco, avec une adaptation du poète Mohamed Ghozzi. Quant au texte et à la mise en scène, ils sont de Hamadi Louheïbi, et la production a été confiée à Fadhila Ben Hammouda. Ainsi, pendant plus d'une heure, les deux comédiens Naïma et Manoubi (Dalila Meftahi et Hamadi Louheïbi) ont séduit le public grâce à leur force de jeu et d'interprétation, leur enthousiasme et leur condition physique. Complètement habités par leurs personnages, ces deux comédiens ont présenté une pluralité d'idées d'un vieux couple proche du réel et du vécu tunisien, surtout après la révolution du 14 janvier. Pour ce qui est des événements de cette pièce dont le texte oscille entre prose et littérature, ils mettent en relief un mari et une femme qui ont la nostalgie de l'enfance, avec un sentiment d'horreur vis-à-vis de la vieillesse et de la mort. Un jour, ils font semblant d'inviter virtuellement des gens importants à l'occasion de la candidature de l'époux aux prochaines élections. Très vite, tout s'accélère : les discours, les mouvements, l'humour, les commentaires lors de l'arrivée des invités, les gestes. Soudain, comme pris dans cette foule d'arrivistes, le vieux couple paraît de plus en plus transparent, irréel, comme s'il ne pouvait plus rien faire d'autre que répéter en écho leurs propres mots. En fait, les deux personnages sont des prototypes de notre vécu post-révolution dominé par les opportunistes et les extrémistes de tous bords. Grâce à des jeux de mots, à des sous-entendus, à de faux-semblants ironiques et à des flash-back, ces deux comédiens nous ont fait entrer dans l'univers fanstasmagorique d'un vieux couple qui crée, à partir du réel, un monde virtuel, rendant ainsi l'invisible, visible.