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Griller une cigarette et... sa santé avec
Aujourd'hui, Journée mondiale sans tabac
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 05 - 2012

• Près de 7.000 Tunisiens meurent chaque année à cause du tabac, soit une vingtaine par jour
• Un entretien avec le Pr Hichem Aouina, chef du service de pneumologie à l'hôpital Charles-Nicolle
Un criminel se balade librement parmi nous. Ses victimes sont de l'ordre de 7.000 chaque année, soit une vingtaine par jour et elles sont de plus en plus jeunes. Malgré les efforts pour neutraliser ce tueur en série, il continue de sévir. Son identité est pourtant connue, le tabac, ses méthodes nuisibles aussi, plusieurs affections et maladies graves. Hélas, bon nombre continuent de l'ignorer, de les minimiser. A l'occasion de la Journée mondiale sans tabac célébrée le 31 mai de chaque année, la lutte continue. Elle; devrait cependant devenir plus efficace et plus ciblée. Car au delà de certains aspects liés au problème, qui semblent parfois anodins, se cachent des réalités inquiétantes.
Fumer veut dire consommer un produit courant qui se vend en toute liberté comme le pain ou le lait. Le tabac ne suscite ainsi aucune méfiance alors qu'il est capable de tuer la moitié de nos concitoyens. C'est cette image-là qui doit être mise en exergue, nous dit d'emblée le Pr Hichem Aouina, chef du service de pneumologie à l'hôpital Charles Nicolle, lors d'un long entretien qu'il vient de nous accorder.
«Il faut tirer cette sonnette d'alarme et répéter qu'il existe un produit commercialisé librement, contenant plus de 4.000 substances toxiques dont des substances radioactives consommé d'une façon courante et à la portée même des enfants» insiste le spécialiste. Un produit qui semble inoffensif mais qui cause directement ou indirectement une bonne vingtaine de maladies graves. Tels que le cancer, l'infarctus du myocarde, les bronchites chroniques, les insuffisances respiratoires...Et à des âges de plus en plus précoces, les jeunes de 30 à 35 ans sont aujourd'hui vulnérables au cancer, fait remarquer le praticien. Et de préciser que les jeunes de 11 et de 12 ans, commencent déjà à fumer. Entre 13 et 18 ans, ils s'adonnent à une forme de tabagisme présentée dans la société comme étant une attitude positive.
«Plus de 5 millions meurent chaque année dans le monde à cause du tabac. Nous sommes donc en face du deuxième serial killer . Chez nous, plus de 7.000 Tunisiens en meurent tous les ans dont plus d'un millier sont des femmes, selon les chiffres annoncés par le ministère de la Santé. Fumer c'est subir une mort lente même si l'effet n'est pas ressenti dans l'immédiat», rappelle le responsable. Et là, parler de la santé, c'est aussi évoquer la mort, car en Tunisie, chaque famille au moins a perdu un proche à cause du tabagisme.
«Nous devons prendre conscience aussi que le tabagisme chez les jeunes entre 12 et 20 ans, tourne autour de 20%». Ce sont là des chiffres globaux, fait remarquer le médecin. Ils font déjà peur. Que dire alors «si on se concentre sur le nombre de garçons fumeurs, le taux grimpera alors à plus de 40%, sachant que la prévalence chez les filles est en train d'augmenter». Même chose pour la prévalence globale de Tunisiens fumeurs qui se situe à 34% environ, insiste notre interlocuteur. Nous allons la voir grimper chez les hommes adultes pour atteindre les 50% : soit un sur deux est fumeur. Chez la femme, le taux est par contre plus bas. Si les chiffres officiels parlent d'une prévalence de 10% environ pour cette dernière, il faut savoir, fait remarquer le Pr Aouina, que le chiffre global est largement dépassé dans certaines communautés et régions. On fume beaucoup dans les zones urbaines, dans la capitale, dans les grandes villes... Ce chiffre est alarmant car il est en hausse. Les deux principaux critères de ce qui va arriver dans un proche avenir sont le tabagisme des jeunes et le tabagisme de la femme, la future mère qui va influencer ses enfants.
Chicha, ce «sympathique» poison
La plupart des Tunisiens savent que le tabagisme nuit à la santé mais quand il s'agit de Chicha, c'est autre chose, poursuit le spécialiste. La Chicha est en effet présentée comme un mode de tabagisme non nuisible. Bien au contraire! Même les gens qui pensent un jour arrêter de fumer projettent souvent switcher par la Chicha, car l'on fume la Chicha plutôt dans des endroits agréables et dans une situation très conviviale. «Devant ses arômes variés et sa douceur se cache un vrai tueur», souligne le praticien, avant d' ajouter que fumer une Chicha c'est consommer deux paquets de cigarettes.
« Scandaleux!» commente le spécialiste, inquiet de voir ce fléau se propager dans toute la Tunisie et essentiellement chez les jeunes et chez les femmes. «Avant l'âge de 18 ans, plus de 13% ont déjà goûté la Chicha» indique-t-il en précisant que le CO (monoxyde de carbone ou zanzana) est un gaz à large propagation qui peut intoxiquer plusieurs personnes à la fois «Pire, cela aide à la propagation des maladies infectieuses comme la tuberculose qui se transmet par voie aérienne» met en garde le médecin. Et d'ajouter que les consommateurs de Chicha sont dans une fausse assurance quand ils utilisent l'embout jetable en plastique. Ils vont inhaler l'air qui va barboter dans le récipient contenant la bactérie de la tuberculose qui existe toujours en Tunisie. «La Chicha pourrait constituer dans un avenir très proche un vrai problème».
Un choix réversible
«Fumer par choix, c'est finir par être dépendant puis fumer par besoin», insiste le Pr Aouina, en s'attaquant au volet comportements. Même si, au départ, on fume par choix ou par désir, on devient de plus en plus accro car le tabac est une drogue dure. La nicotine qui existe dans le tabac va atteindre en quelques secondes le cerveau et il n'y a aucune autre drogue qui pourrait atteindre cet organe vital dans des délais aussi courts.
«Le fumeur se retrouve soumis à une sensation de manque appelée syndrome de manque qui se traduit par des maux de tête terribles et une irritabilité inexpliquée. Cela s'accompagne d'une déconcentration monstre ainsi que des troubles de sommeil... Et les sujets qui sont fort dépendants continuent de fumer pour éviter ces désagréments», souligne notre interlocuteur en précisant que plus on commence à fumer tôt plus le syndrome de manque est plus important.
Le tabac semble réconforter le fumeur face au désespoir, à la dépression, à l'anxiété et à l'angoisse, fait encore noter le spécialiste. Mais, en même temps, le tabac n'est pas la solution pour s'en sortir. Bien au contraire, il enfonce la personne encore plus dans ces troubles psychologiques. N'oublions pas que les dépenses en tabac sont toujours prioritaires pour un fumeur. Plusieurs enquêtes ont révélé que le Tunisien a plus tendance à fumer que de dépenser de l'argent pour sa culture, ses loisirs...
Pour conclure, le professeur Aouina rappelle que la Tunisie est l'un des premiers pays au monde à avoir aboli l'esclavage. Or il se trouve que le tabac est aujourd'hui une nouvelle forme d'esclavage. Ce serait bien dommage que le Tunisien tombe dans un esclavage dramatique qui va atteindre son capital le plus précieux, sa santé. Alors quelle est la chose la plus importante que l'on attendrait d'une révolution sinon se libérer ... et de toute forme d'asservissement.


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